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17.05.2017

50% d'admis à l'agrégation de science politique issus de Sciences Po

Concours très sélectif organisé tous les deux ans, l’agrégation de science politique permet d’accéder directement au titre de Professeur des universités. L’édition 2017 constitue un cru exceptionnel pour l’École doctorale de Sciences Po : ses jeunes docteurs représentent en effet 50% des admis, soit deux sur quatre. Entretien avec Carole Bachelot et Simon Persico, reçus respectivement premier et troisième, qui reviennent sur leur préparation et leur parcours scientifique.

Que représente pour vous l'agrégation de science politique ? Quel est votre parcours ?

Carole Bachelot : J’ai été formée à l’université (maîtrise d’histoire) puis à Sciences Po, où j’ai rejoint le second cycle et où j’ai soutenu une thèse en sociologie politique en 2008, sous la direction de Marc Lazar, portant sur les dirigeants du parti socialiste français*. Après 5 ans de vacations et d’expériences post-doctorales, j’ai obtenu un poste de maître de conférences à la faculté de droit de l’Université de Lorraine à Nancy. Ce concours national me permet d’accéder au rang de Professeur des universités. L’agrégation est un accélérateur de carrière. C’est aussi une manière d’échapper à la pénurie générale de postes qui reflète un état préoccupant de la discipline, encore souvent considérée comme une discipline d’appoint dans de nombreuses universités et facultés de droit. Ce qui est paradoxal alors qu’elle attire de plus en plus d’étudiants.

Réussir l’agrégation de science politique rend nos conditions matérielles plus faciles, nous permet d’accéder à des instances de décision tout en nous assurant une plus grande indépendance pour faire vivre la discipline. Je ne peux qu’encourager les doctorantes et les jeunes docteures (avec ou sans poste de titulaire !) à la passer : le corps professoral est toujours trop masculin.

Simon Persico : Pour ma part, j’ai été formé à l’IEP de Grenoble puis j’ai rejoint Sciences Po pour faire un master recherche, car j’étais très intéressé par les méthodes quantitatives et les travaux en sociologie politique de Nonna Mayer, Vincent Tiberj et Florence Haegel, qui fut ma directrice de thèse**. Après ma thèse, comme la plupart des jeunes docteurs, j’ai été post-doctorant, rattaché à des projets de recherche qui m’intéressaient, à Paris et à l’IEP de Bordeaux.

Il est aujourd’hui très difficile d’obtenir un poste permanent : j’ai passé dix auditions de maître de conférence ! L’agrégation est effectivement la voie royale. Elle nous permet de diriger des thèses, de participer aux décisions scientifiques de l’université dans laquelle on est nommé... Être formé dans un IEP et faire sa thèse à Sciences Po sont, à mon avis, des avantages car cela permet d’avoir une connaissance des différents champs de la science politique, qualité indispensable pour réussir le concours.

Comment se prépare-t-on à ce difficile concours ? Quels conseils donneriez-vous aux candidats ?

Simon Persico : La première épreuve éliminatoire, qui est l’épreuve sur travaux, où l’on présente son parcours scientifique, nécessite d’être bon à l’oral tout de suite. Il faut l’investir tout particulièrement. Les trois autres épreuves sont des leçons qui demandent chacune huit heures de préparation sur table. Il faut s’entraîner à cet exercice. Pour ma part, je me souviens que j’arrivais difficilement à les terminer. Huit heures, c’est très court finalement. Il faut se préparer avec des coachs qui connaissent le concours et qui ont fait partie d’un jury d’admission. Pour réviser efficacement les différents champs de la science politique, j’ai repris les manuels. J’ai fait des plans. J’ai aussi écouté de nombreux podcasts de France Culture dans le domaine des sciences sociales. Cela permet d’élargir sa culture générale et de tisser une toile d’araignée de connaissances, de concepts…

Carole Bachelot  : Le concours recrute des généralistes en science politique. C’est à la fois l’intérêt et la difficulté. Il faut sortir de son champ de spécialité. Effectivement, il faut reprendre les grands classiques et faire de la veille sur les problématiques émergentes. Par ailleurs, cette agrégation consiste en des épreuves très formatées. Pour se préparer, il faut notamment faire jouer la solidarité intergénérationnelle en demandant des conseils à des membres d’anciens jurys et des candidats qui ont réussi.

Quelles opportunités professionnelles s'ouvrent à vous désormais ? Quels sont vos projets  ?

Carole Bachelot : Je vais rallier Lille 2 qui a un cursus autonome de science politique. Je serai rattachée au Centre d'Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales (CERAPS) qui est un important laboratoire de science politique, réputé en sociologie politique.

Simon Persico : Pour ma part, je rejoins l’IEP de Grenoble, très dynamique en science politique. J’ai envie de mener des travaux sur les enquêtes électorales, l’impact des partis sur les politiques publiques. Je vais essayer d’éclairer la question suivante : « Les responsables élus respectent-ils leurs promesses ? ».

*Carole Bachelot a soutenu sa thèse en Science politique en 2008 sur le thème « Groupons-nous et demain… Sociologie des dirigeants du Parti socialiste depuis 1993 », sous la direction de Marc Lazar, professeur et directeur du Centre d’histoire de Sciences Po.

** Simon Persico a soutenu sa thèse en Science politique en 2014 sur le thème « Un clivage, des enjeux : une étude comparée de la réaction des grands partis de gouvernement face à l’écologie », sous la direction de Florence Haegel, professeure et directrice du Centre d'études européennes de Sciences Po (CEE).

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