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12.06.2019
Relations internationales : un pied dans le grand bain
Sciences Po pour les Nations Unies est une association qui rassemble des étudiants passionnés de relations internationales et de diplomatie. Forte de son succès, elle a récemment vu trois de ses membres (Antoine Da Col, Roland Martial et Mounia El Khawand) être primés au WorldMUN. Rencontre avec sa présidente, Eve de Seguins Pazzis, et sa vice-présidente, Chloé Bernard, étudiantes en master.
Pouvez-vous présenter l’association ?
Eve de Seguins Pazzis : Sciences Po pour les Nations Unies est une association tournée vers les Nations Unies et plus généralement à la diplomatie et les relations internationales. Ça fait un peu plus d’une dizaine d’années qu’on existe à Sciences Po. A l’origine il y avait deux associations : une qui était plus centrée sur les simulations, l’entraînement et l’envoi de délégations pour les Model United Nations (MUNs). L’autre association organisait plutôt des événements autour des Nations Unies et des relations internationales. Elles ont fusionné et c’est pour ça que notre association a deux activités complètement différentes.
Qu’est-ce qu’un MUN ? Que se passe-t-il pendant ces événements ?
Chloé Bernard : MUN signifie Model United Nations. Ce sont des simulations de conférences de l’ONU durant lesquelles chaque étudiant représente un pays, au sein d’un comité de l’ONU, comme l’UNESCO, le conseil de sécurité, UNAP pour l’environnement. Au sein de ces comités, tous les étudiants doivent débattre, le but étant, comme à l’ONU, d’écrire une résolution sur un sujet particulier, en défendant la position du pays qu’ils représentent.
EdSP : Cette année on en a fait six : trois à l’étranger, et trois en France. Ils avaient lieu à Cambridge, Londres et Madrid. En France on est allé sur des campus de Sciences Po, comme le Havre ou Reims.
Sur quels critères sont jugés les participants ?
CB : Deux “arbitres”, qu’on appelle les chairs, modèrent le débat et décident à l’issue des récompenses à remettre à un participant pour ses compétences diplomatiques, ou encore pour son multilatéralisme. Les chairs seront sensibles à un candidat qui a fait avancer le débat, contribué à l’écriture d’une résolution, ou essayé de rallier des pays et de considérer les différents points de vue.
EdSP : Il y a trois types de récompenses : une première récompense appelée le position paper, consiste en une synthèse d’une à deux pages que les délégués doivent avoir envoyé en amont de la conférence à leur chair et qui résume peu ou prou la position de leur pays sur le sujet choisi. Le prix le plus prestigieux s’appelle best delegate. Il est remis en général à deux délégués par comité. Ce sont souvent les gens qui prennent beaucoup la parole pour faire avancer le débat efficacement et qui ont activement participé à la rédaction de la résolution. Le troisième prix, est décerné à l’annonce des résultats à la fin de la simulation à deux délégués qui se sont distingués positivement d’une façon ou d’une autre. Selon les conférences, il peut aussi y avoir des prix par délégation ou par université.
Quels ont été les prix gagnés par les Sciences-pistes ?
CB : Nous avons gagné le Diplomacy Award, qui est la récompense la plus élevée au WorldMun. C’est un peu l’équivalent de “Best Delegate” des autres conférences. Le nom du prix a été fait pour mettre l’accent sur les compétences diplomatiques des candidats. Ce n’est pas forcément ceux qui parlent le plus qui gagnent le prix à la fin, c’est plutôt ceux qui se sont distingués par leur volonté de construire quelque chose avec les autres délégués, d’aboutir à une résolution qui mette tout le monde en accord, ou qui ont su travailler en équipe ou faire des concessions.
EdSP : C’est plus proche de ce qui se passe dans la réalité - certains délégués peuvent être très bien mais s’ils représentent, par exemple, la Corée du Nord, ils peuvent avoir le prix du "Best Delegate", même s’ils n’ont pas fait preuve de diplomatie, car ils sont restés dans leur rôle.
CB : Les prix sont importants. C’est valorisant au niveau professionnel parce que ça illustre des compétences à l’oral, en anglais - parce que tout se fait en anglais - une capacité à créer un consensus. Tout est fait pour se calquer sur le mode de fonctionnement de l’ONU. C’est donc aussi un bon moyen de savoir si cette voie nous convient ou pas.
(Antoine Da Col, Roland Martial, and Mounia El Khawand, winners of prizes at the WorldMUN)
Quels en sont les défis pour les étudiants qui participent dans les MUNs ?
EdSP : Participer à des MUNs coûte très cher : la conférence seule coûte déjà 100€ (120 pour le WorldMun), auxquels il faut ajouter le transport, le logement et, souvent, les “socials” et les soirées qui ne sont pas inclus dans le prix de la conférence. Au final, cela fait des weekends de trois jours très coûteux. C’est pour cela que nous avons développé cette année un système de bourses qui a aidé près d’une dizaine de personnes pour les trois conférences à l’étranger auxquelles nous avons participé. Ces bourses ont pu financer environ la moitié des frais, pour le moment à travers la vente de pulls, les adhésions et les droits d’entrée à nos évènements qui sont 5€. Pour l’année prochaine, nous sommes en pleine préparation des supports de communication pour trouver des entreprises et des mécènes pour nous sponsoriser.
CB : Démocratiser l’accès au MUN pour les personnes qui n’ont pas les moyens de participer nous tenait à coeur, et ça a bien marché, puisque quatre personnes ont pu bénéficier de la bourse pour aller au WorldMun, et 7 pour Cambridge. Les bourses ont été distribuées sur des critères sociaux, mais aussi sur l’engagement au sein de l’association (participation aux trainings, motivation…)
Qu’aimez-vous le plus dans l’association ?
CB : J’ai vraiment aimé avoir les deux aspects de l’association. J’ai adoré m’engager là-dedans et de représenter la Pologne dans la comité de sécurité pour le conflit israélo-palestinien, avec tout ce que cela a impliqué en termes de préparation et de recherches. J’ai trouvé ça très stimulant. On a aussi passé de très bons moments avec nos invités (diplomates, professionnels des relations internationales...).
EdSP : Oui je rejoins Chloé là-dessus. C’était un plaisir de participer à cette aventure et de coordonner les deux pôles.
Quels sont vos souhaits ou objectifs pour l’association à l’avenir ?
EdSP : Nous sommes en train de passer le flambeau à la prochaine équipe, mais on a encore quelques propositions à leur faire. Notamment d’organiser les trainings en français, ce qui permettrait aux gens qui ne sont pas très à l’aise avec l’anglais de participer. Même si normalement les comités aux MUNs ne sont qu’en anglais. Le deuxième gros projet consiste à développer le système des bourses et d’avoir assez de sponsors pour que l’étudiant n’ait plus à sortir l’argent de sa poche pour participer à ce genre de conférence. On sait que le prochain WorldMUN sera à Tokyo. Cela serait donc génial si on pouvait y envoyer tous ceux qui ont envie d’y participer.
En savoir plus
- Association Sciences Po pour les Nations Unies
- Paris School of International Affairs (PSIA)
- Vie associative, culturelle et sportive à Sciences Po
- Générations Erasmus : article sur l’association des Jeunes Européens à Sciences Po