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17.07.2024

Semaine d'écriture de création 2024 : immersions dans la ville

Du 13 au 17 mai 2024 a eu lieu la troisième édition de la semaine d’écriture de création du Centre d’écriture et de rhétorique (CER) de Sciences Po. Grâce au soutien de la Fondation Simone & Cino Del Duca, 20 étudiants, de la première année au doctorat, ont pris part à cette expérience inédite.

Pendant cinq jours, ils ont pu bénéficier de l’accompagnement de Roxana Gonzalez Carrara, comédienne, autrice et enseignante, et Sébastien Spitzer, écrivain et enseignant, ainsi que de l’équipe du CER constituée d’Esther Rogan, responsable académique, Pomeline Tauziat, responsable administrative, et Delphine Grouès, directrice de la Maison des Arts et de la Création.

Le Centre d’écriture et de rhétorique (CER) de Sciences Po est une initiative pédagogique transformante qui, depuis 2019, accompagne étudiantes et étudiants dans l’acquisition de compétences expressives et dans le déploiement de leur créativité. Il est l'un des piliers de la Maison des Arts et de la Création de Sciences Po, lancée en mars 2023 et ayant pour ambition de faire dialoguer les sciences humaines avec les arts sous toutes leurs formes.

Un projet pédagogique innovant

Toute l’originalité de cette troisième édition était de prendre le contre-pied de l’isolement des deux éditions précédentes, qui avaient lieu à l’Institut mémoires de l’édition contemporaine à Caen. Cette année, les participants ont déambulé en cœur de villes pour développer une sensibilité aux détails, véritables sources d’inspiration. L’enjeu était de se réapproprier l’espace que l’on traverse quotidiennement sans le voir. La thématique de la ville a séduit les étudiants, notamment Zacharie Adjerad, étudiant au Collège universitaire sur le campus de Dijon, qui souhaite “développer [sa] réflexion sur les relations entre l’homme et les villes”.

Les participants ont donc été invités à croiser leurs regards sur deux villes riches en patrimoine que sont le cœur de Paris, avec la visite de la maison de Victor Hugo et de l’Institut de France, mais aussi le centre-ville d’Ivry-sur-Seine, véritable œuvre d’art architecturale qui invite à la flânerie et à la curiosité plutôt qu’à la ligne droite. Le patrimoine historique de la capitale s’est mêlé à un regard sur et depuis le Grand Paris, son ou plutôt ses histoires, les traces qu’il a laissées et celles se faisant.

(crédits : Esther Rogan / Sciences Po)

Une semaine d’itinérance pour développer l’attention au détail

Le parcours de la semaine, à la recherche du détail inspirant, a permis à Floriane Renard, étudiante au Collège universitaire sur le campus de Paris, d’être davantage consciente de ce qui l’entoure et de “développer [ses] capacités d'observation au-delà du regard, en sentant l'espace, les ambiances, les personnes aussi”. Ce travail d’observation, voire “d’absorption du détail, pour citer Ranim Larbi, étudiante au Collège universitaire sur le campus de Paris, nourrit l’écriture de ce qui est perçu.

Sébastien Spitzer est revenu, avec les participants, sur l’importance de donner à voir quelque chose lorsque l’on écrit. Il remarque que le processus d’écriture fait souvent l’impasse sur la description et cette semaine a été l’occasion d’entraîner les étudiants à retranscrire la scène au lecteur. C’est un nouveau rapport à la perception, au point de “voir les fragments de monde comme des fragments de roman” pour Juliette Cuegnet, étudiante au Collège universitaire sur le campus de Nancy. Les déambulations ont ainsi permis de développer cette attention, dans tous les sens du terme, selon Marie Ferreux, étudiante au Collège universitaire sur le campus de Nancy, qui parle à la fois d’attention envers ce qu’il se passe autour [de soi] et qui mobilise les sens” mais aussi “d’attention aux conseils et témoignages offerts pendant cette semaine, une attention envers les autres”. 

Une équipe encadrante accessible

En effet, dans la quête d’un style qui leur est propre et la création d’une histoire qui leur ressemble, les participants ont pu bénéficier du précieux accompagnement de l’équipe encadrante dont ils ont salué l’engagement et la proximité.

Sous la forme de conférences, d’ateliers en petits groupes ou d’un suivi personnalisé, Roxana Gonzalez Carrara et Sébastien Spitzer ont notamment mis l’accent sur le travail du récit oral. C’est l’étape première de toute narration pour Roxana Gonzalez Carrara qui a d’abord proposé de s’exercer au théâtre et à l’expression corporelle avant de coucher les idées sur le papier.

(crédits : Esther Rogan / Sciences Po)

Elle explique que, l’écriture étant dans le prolongement de ce qu’exprime le corps, cela a du sens de commencer par la prise de parole à haute voix. En somme, tous ont apprécié recevoir les conseils des professionnels et soulignent la souplesse des échanges avec l’équipe encadrante qui a permis à chacun de demander de l’aide librement.

Une expérience d’émulation collective

Au-delà d’un intérêt évident pour l’écriture, les étudiants sélectionnés partagent aussi l’envie de faire la rencontre d’autres personnes passionnées “qui ont le même projet mais avec des parcours et des visions différentes”, pour citer Anna Maurette, étudiante à l'École d’affaires publiques. Elle relate un changement de sa vision de l’écriture. Au caractère intime de cette activité, elle a appris à ajouter une vision plus collective et à voir le bénéfice du travail en équipe”.

L’importance du collectif dans le cadre de cette expérience a été mise en avant dès le premier jour avec des temps de partage et de convivialité qui sont venus s’ajouter aux moments plus studieux. Ranim Larbi souligne l’intérêt de “plonger dans différents univers tout en découvrant ceux qu’ont imaginés les autres”. Cette émulation collective et la bonne ambiance générale ont permis à tous de partager leurs essais sans crainte, dans une atmosphère propice à la création et à l’enrichissement mutuel.

(crédits : Esther Rogan / Sciences Po)

Au-delà de l’expérience enrichissante pour les participants, Esther Rogan, responsable académique de la Maison des Arts et de la Création, note que c’est également une expérience pédagogique inédite, engagée sans que l’on sache en amont ce qu’elle va donner.

Tout l’intérêt de ce projet est que chacun puisse trouver et écrire son histoire et laisser sa trace. Ensemble, ces traces se font écho et tissent un collectif pluriel. Participer à cette semaine d’écriture à l’issue de l’année universitaire a permis aux étudiants de clôturer leur année, et pour certains leur scolarité à Sciences Po, avec “une note originale” pour Louis Sanitas, étudiant à l’École de droit.

Tous se sont retrouvés à l’occasion de la restitution qui a eu lieu le 12 octobre 2024, une opportunité de s’essayer à nouveau à la lecture de leurs textes mis en voix et de montrer le processus de recherche et d’écriture mis en scène. Ils ont ainsi partagé leur expérience d’observation urbaine et le chemin parcouru jusqu’à la création.

EN SAVOIR PLUS : 

(crédits : Esther Rogan / Sciences Po)

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