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10.06.2022

Le projet social étudiant "Les Rhiz'homes" remporte le Challenge Tocqueville

Un groupe de six étudiantes et étudiants de Sciences Po* a remporté, grâce à son projet innovant "Les Rhiz'homes", l'édition 2022 du Challenge Tocqueville, dont l’objectif vise à permettre aux jeunes de s’impliquer dans des causes en accord avec leurs valeurs, à travers un projet les amenant à concevoir des solutions viables pour remédier à des problèmes sociaux et environnementaux réels. Nous avons rencontré les co-fondateurs des "Rhiz'homes" fraîchement récompensés.  

Le Challenge Tocqueville, dont votre projet a été lauréat cette année, a pour objectif de promouvoir l'innovation sociale en engageant la société civile autour d'un projet associatif. Pourriez-vous nous en dire quelques mots et nous partager vos raisons personnelles d’y participer ? 

Laure : Étant très intéressée par les questions d’innovation sociale, et puisque c’est le sujet de ma formation à Sciences Po (master Politiques publiques, spécialité Politique sociale et innovation sociale à l’École d’affaires publiques), j’avais envie de donner un aspect concret à mes apprentissages théoriques. J’étais aussi très motivée par l’idée de pouvoir co-développer un projet basé sur des centres d’intérêts et des motivations communes avec les autres membres de l’équipe pour pouvoir défendre des thématiques qui nous tiennent à cœur.
Nous nous sommes vraiment, tous et toutes, personnellement investis dans le projet, celui-ci nous ressemble et porte nos valeurs, nos convictions et c’est, à mon sens, l’un des plus gros points forts de ce Challenge porté par la Fondation Tocqueville (eng.)

Vincent : Convaincu que l’apprentissage et l’acquisition de compétences confèrent une responsabilité, j’ai souhaité utiliser les connaissances acquises durant mes années de Bachelor au sein du Collège universitaire de Sciences Po au service d’une cause qui me tient à cœur. Je voulais mener un projet qui puisse avoir un impact positif sur la vie de quartier, redonnant une dimension collective aux situations personnelles des habitantes et habitants isolés. Participer à ce challenge était l’occasion de mener un engagement au plus près du terrain au service du bien commun. Étant animé d’un vif intérêt pour l’égalité des chances, et déterminé à agir contre l’exclusion sociale, cette opportunité offrait un cadre unique permettant de construire, avec d’autres étudiants, un projet autour de nos convictions partagées.

Pouvez-vous nous présenter votre initiative “Les Rhiz'homes”, qui a remporté le Challenge cette année ?

"Les Rhiz’homes" est un projet d’association qui a pour objet l’animation d’espaces partagés facilitant la rencontre entre des jeunes et des personnes âgées, qui, avec les bénévoles, sont invités à créer, animer ou participer à des activités et des évènements. Refusant de reléguer les personnes âgées à une situation de dépendance et de vulnérabilité, "Les Rhiz’homes" souhaite offrir un cadre permettant une relation équilibrée, réciproque et dynamique entre jeunes et moins jeunes. Nous appelons ainsi les personnes âgées et les jeunes à devenir force de proposition, en les invitant à animer des ateliers en lien avec leurs savoir-faire, leurs connaissances et leurs passions ! Ces ateliers reposent sur trois principes :

1. L’activité est au choix : elle naît d’un désir exprimé par la personne âgée ou le jeune. Chaque participant peut donc y trouver sa place !
2. La transmission a lieu dans les deux sens. À tour de rôle, chacun peut être le moteur d’une activité. 
3. Les activités ont lieu dans un tiers lieu dédié, que les participants peuvent s’approprier afin d’en faire un véritable lieu de partage et de convivialité.

Le public ciblé par ces ateliers est composé de personnes âgées (environ 60 ans et plus) et de jeunes issus de classes allant du CP jusqu'à la 3ème. Nous visons les habitants des 18e, 19e et 20e arrondissements de Paris.

L'association est aujourd'hui en cours de création, la déclaration en préfecture a été envoyée il y a quelques jours.

De quelle manière votre formation à Sciences Po vous a-t-elle aidé à constituer votre projet ?

Laure : Le cursus que j'ai suivi cette année à l'École d'affaires publiques rejoint énormément les thématiques du challenge Tocqueville, j’ai donc pu réutiliser un certain nombre d’éléments parcourus en cours d’innovation sociale ou d’économie sociale et solidaire notamment, et leur donner une application concrète.

Vincent : Sciences Po forme ses étudiants à poser des questions, à problématiser en croisant les regards par une approche transdisciplinaire. Ce Challenge repose sur la capacité à identifier un problème, à comprendre les enjeux liés et à proposer une solution. Construire un tel projet nécessite d’être doté d’outils conceptuels et méthodologiques. C’est précisément en quoi la formation au Collège universitaire a été d’une grande aide. J'étudie actuellement au sein du campus de Paris, en majeure Politique et Gouvernement. J’ai ainsi pu mobiliser la richesse des apprentissages au sein du projet. Outre ces outils, Sciences Po m’a permis d’apprendre à m’organiser et à porter un projet sur le long terme.

Le parcours civique constitue également un cadre particulièrement intéressant permettant de placer nos engagements au centre et tout au long de notre cursus de Bachelor. L’association constante réalisée par Sciences Po entre apprentissage universitaire et engagement citoyen sur le terrain a été un réel plus, faisant de ce Challenge un prolongement des valeurs portées au cours de mes études jusqu’ici.

Qu’avez-vous appris au cours de ce projet de groupe ?

Laure : Ce projet a été l’occasion de nombreux apprentissages pratiques sur des points que l’on n’aborde pas forcément en cours. Nous avons dû établir un véritable contact avec le terrain pour nous assurer que la solution que nous proposons est vraiment pertinente et adaptée aux besoins des publics, mais aussi, par exemple, pour développer un plan d’action de mise en œuvre opérationnelle. L’exercice du pitch oral était aussi très nouveau pour moi et assez différent des présentations que l’on a l’habitude de faire. J’ai dû m’adapter à ce format avec lequel je n’étais pas vraiment à l’aise initialement mais qui est sûrement plus proche de ce qui pourra être attendu de nous dans le monde professionnel.

Vincent : Le plus grand apport de ce projet est en termes de réflexion car j’ai affiné ma compréhension de l’isolement social touchant les plus âgés. Sur le plan des compétences, ce challenge nous place à l’intersection des secteurs publics et privés. Nous devions réfléchir sur un problème public de bien commun, en travaillant étroitement avec une mentore issue de l’entreprise privée, pour proposer une solution pouvant être mise en place par une association. Nous avons été amenés à rencontrer des acteurs d’institutions publiques et politiques : le centre d’action sociale de la Ville de Paris, une députée travaillant sur notre thématique... Ce projet m’a appris à mieux saisir les liens articulant les deux secteurs, tout en saisissant leur porosité quant à la tentative de résolution d’un problème social. 

J’ai également appris à mener un projet en groupe, de cette ampleur, tout au long du semestre. Cela a nécessité un gros travail de coordination au sein de l’équipe et de répartition des tâches. J’ai également pris conscience de tous les éléments à prendre en compte pour concevoir un projet de manière opérationnelle, sur le terrain. La rédaction du rapport d’activité a été un exercice particulièrement nouveau et intéressant : nous devions être précis et montrer comment notre projet pouvait se concrétiser en cas de victoire. Nous avons beaucoup réfléchi sur l’inclusion des acteurs et sur la nécessité d’une phase pilote qui nous permettra d’aborder, dans une démarche scientifique, ce qui fonctionne ou au contraire doit être ajusté ou complètement repensé. Ce projet en groupe m’a, en outre, permis d’appréhender le tissu associatif parisien que je ne connaissais pas, en particulier concernant l’isolement social.  

*Le groupe de travail lauréat est composé de six étudiantes et étudiants : Laure Bineaud, Vincent Cauquil, Thomas Mazas, Basile Termoz, Bilen Barzaghi et Adélaïde Hondré.

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(crédits : Les Rhiz'homes)