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02.05.2023
Portrait de diplômée : Lou d'Angelo, alumna et tutrice de projets collectifs
Rencontre avec Lou d’Angelo, diplômée du Master “Governing the Large Metropolis” en 2017, de retour à Sciences Po en tant que tutrice pour un projet collectif avec NIUA et consultante en développement urbain pour le bureau d'études Groupe Huit.
Chaque année, des partenaires publics ou privés font appel aux étudiants de l'École urbaine pour répondre à une question opérationnelle et stratégique. Les étudiants sont mis en situation de travail sur une problématique réelle via l'exercice du "projet collectif". Le projet est suivi conjointement par la direction de l'École et les partenaires ainsi que par un tuteur professionnel ou académique pour un encadrement méthodologique régulier.
Lou d'Angelo a encadré le projet proposé par The National Institue of Urbain Affairs (NIUA) intitulé "Framework for ecological transition through urban waterfront projects".
> Les élèves du projet : Alejandro LERMA, André DA VILA, Clémence RAFFARD, Laurène LUCY, Mathilde ROUVILLOIS.
Quel a été votre parcours depuis votre diplomation ?
J’ai réalisé mon stage de Master 2 au bureau d’études Groupe Huit, où j’ai ensuite été embauchée. Je travaille ainsi depuis 2017 au sein de cette structure accompagnant la planification urbaine et territoriale et la préparation de projets urbains dans des villes en développement. Nos clients sont généralement les bailleurs de fonds (Banque Mondiale, Agence Française de Développement…) ou parfois directement les villes ou ministères des pays où nous travaillons.
Parlez-nous de quelques projets sur lesquels vous avez travaillé.
J’ai eu l’occasion de travailler sur des projets très variés, par exemple :
- La préparation de projets urbains multisectoriels (parcs, renaturation de rivière, marchés, routes, drainage, terminal de transport…) dans quatre villes secondaires en Ouganda ;
- La préparation d’un grand programme d’investissement urbain et rural dans les régions à l’ouest de la Mongolie, ainsi que la planification territoriale des 21 régions mongoles ;
- La préparation de projets urbains multisectoriels dans des villes secondaires en Jordanie.
En quoi consiste votre poste actuel ? À quoi ressemble votre quotidien ?
J’interviens généralement comme urbaniste / coordinatrice d’études urbaines mobilisant de larges équipes (ingénieurs, environnementalistes, sociologues, architectes, etc.).
Par exemple, sur le projet en Ouganda sur lequel je travaille actuellement, nous avons d’abord réalisé une mission de diagnostic urbain et identification de besoins de financement dans quatre villes. J’ai ainsi passé près d’un mois en Ouganda, avec des collègues de Groupe Huit et nos partenaires locaux. Le livrable consistait en une liste de besoins de financement identifiés conjointement avec les équipes municipales : parcs, marchés, routes, drainage, abattoirs...
Ensuite, nous sommes passés aux études de préfaisabilité : il s’agit d’étudier plus précisément chaque projet sélectionné. Par exemple, pour un marché, comprendre son mode de fonctionnement actuel, s’il y a une demande claire d’intervention de la part des usagers, quelle devrait être la capacité du nouveau marché, quels sont les risques du projet… Pour cela, nous sommes repartis un mois dans les villes.
Concrètement, je pars en mission, je fais des entretiens et des visites de site, puis j’écris de longs rapports… et je prépare le prochain voyage !
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
J’adore partir en mission. J’ai eu la chance de partir pour mon travail en Mongolie, en Ouganda, en Géorgie, en Jordanie, au Laos, en Tunisie, aux Philippines… Professionnellement, c’est passionnant de travailler avec des experts d’autres pays, et de se confronter à des pratiques et contextes socioculturels différents. Sur le plan personnel, c’est aussi l’occasion de nouer des liens avec des personnes aux quatre coins du monde, et de découvrir des paysages incroyables (des steppes mongoles aux parcs nationaux ougandais…).
J’aime aussi le fait d’être mobilisée sur des sujets très différents : par exemple en Mongolie, on travaillait sur les liens entre villes et territoires ruraux, et j’ai ainsi beaucoup appris sur le secteur de l’élevage et sur les problématiques environnementales liées à la production du cachemire. Un sujet passionnant sur lequel je ne savais rien ! Je travaille souvent avec des ingénieurs spécialisés en drainage, gestion des déchets… et je dois synthétiser et vulgariser les résultats de leurs études, ce qui est l’occasion pour moi d’apprendre sur des sujets techniques.
Enfin, j’ai la chance d’être entourée de personnes en général passionnées et très impliquées, avec qui je partage des valeurs.
Comment avez-vous vécu votre retour à l'École Urbaine en tant que tutrice ?
J’ai été ravie de pouvoir renouer avec l’École Urbaine en étant impliquée en tant que tutrice d’un projet collectif. Le partenaire était l’Institut national des affaires urbaines (NIUA) en Inde, et les travaux consistaient en la capitalisation de trois projets majeurs de redéveloppement urbain autour de cours d’eau, réalisés sur financement de l’AFD dans le cadre du programme CITIIS. Les attentes étaient importantes du côté du partenaire et l’équipe d’étudiants a su relever le défi avec brio.
Mon rôle était de guider les étudiants en apportant des conseils méthodologiques et des explications sur le secteur de l’aide au développement, que je connais bien, en réalisant un suivi régulier et une relecture critique des rendus. Cela m’a permis de prendre du recul sur ma pratique en la confrontant aux questions et remarques des étudiants.
Qu'est-ce que vous a apporté le rôle de tuteur ?
Je trouve aussi le rôle de tuteur très intéressant : il ne s’agit pas de diriger une équipe en assumant la qualité de la production et en prenant en main les échanges avec le commanditaire, mais d’aider les étudiants à avancer tout en restant en retrait. On est finalement plutôt dans un rôle de coaching et de conseil aux étudiants, qui doivent assumer la qualité finale de leur travail. Ce n’était pas toujours évident pour moi (ayant l’habitude d’être dans la production ou direction d’études), mais cela est beaucoup plus enrichissant pour les étudiants, et j’apprends aussi à adopter une nouvelle posture !
J'ai également pris beaucoup de plaisir à voir les progrès des étudiants, leur épanouissement à travers ce projet et la fierté qu'ils pouvaient tirer de leur rendu final.
C’est une expérience que je renouvelle cette année, en encadrant un groupe d’étudiants travaillant sur la sobriété pour le compte de la fondation Palladio.