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20.02.2024
Margarete Sturm-Foucault : 42 ans à Sciences Po
Margarete Sturm-Foucault est arrivée à 28 ans à Sciences Po afin d'y enseigner sa langue natale, l'allemand, dans le cadre des échanges universitaires. Elle a pris sa retraite fin janvier 2024 après 42 ans au sein de notre institution.
Cette longue expérience lui a permis de suivre certains des bouleversements majeurs de notre école, et de notre société : l'internationalisation, l'irruption du numérique, l'égalité des chances. À la veille d'une retraite méritée, qu'elle compte consacrer dès le lendemain à ses petits-enfants, Margarete a accepté, pour nous, de revenir sur son expérience.
L'ouverture à l'international
À Sciences Po, pendant plus de quarante ans, l’enseignement de la langue allemande avait un nom : Margarete Sturm-Foucault. Celui d’une enfant de Kempen, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui a choisi la France. Très vite, en 1988, on lui a confié une nouvelle mission, celle de prendre en charge les pays germanophones au sein ce qu’on n'appelait pas encore la Direction des affaires internationales. Elle y a accompagné le développement des relations avec les universités allemandes et coordonné le réseau de professeurs d'allemands. Elle se souvient particulièrement d'un voyage d'études à Berlin avant la chute du Mur.
La révolution numérique
Margarete Sturm-Foucault a été au cœur d'un autre bouleversement, mondial : la révolution technologique. Elle intègre le service audiovisuel de Sciences Po en tant que responsable de la vidéothèque, à l'époque les K7 audio et vidéo. Elle devient rapidement la responsable du service et se souvient avec émotion des premiers chariots avec téléviseur et magnétoscope que l'on devait déplacer d'une salle à l'autre. La première salle équipée d'un vidéoprojecteur, la salle 106 au 56 rue des Saints-Pères, était très demandée par les enseignants, et notamment par Richard Descoings qui voulait absolument y donner ses cours pour avoir accès à cette nouvelle technologie.
L'égalité des chances
Après un passage à la communication du Centre d'études européennes et de politique comparée (CEE), Margarete intègre en 2010 le tout nouveau Pôle Égalité des chances. Elle était déjà impliquée depuis 2001 dans le suivi des élèves souhaitant intégrer Sciences Po par les procédures spéciales d'examen d'entrée, les Conventions éducation prioritaire (CEP). Faisant le pont entre technologie et égalité des chances, elle réalisait des “audioscopies”, une préparation orale des élèves en les filmant. La devise de Richard Descoings en créant les CEP en 2001 était : “comment mesurer le potentiel d'un élève autrement qu'avec des notes ?”.
Lorsqu'elle rejoint officiellement le pôle nouvellement créé, sa mission principale est donc d’accompagner les élèves dans les lycées partenaires, que ce soit en les informant ou en les aidant à préparer l'examen oral. Son défi principal a été de démythifier ce qu'est Sciences Po, et les opportunités professionnelles concrètes qu'une grande école peut apporter. Une fois admis, les élèves sont encore suivis par le biais du tutorat (par des étudiants de master) et du mentorat (par des professionnels d'entreprises partenaires). Le soutien des étudiants au premier semestre est crucial tant d'un point de vue méthodologique que moral.
Sciences Po, une maison qui change
Interrogée sur les évolutions marquantes de Sciences Po de son point de vue de salariée, Margarete parle de l'évolution de la masse salariale, elle ne connait plus tout le monde dans “la maison”. Elle s'amuse aussi de voir aujourd'hui des étudiants en bermuda dans le jardin dès l'arrivée des beaux jours.
Elle en profite pour saluer la création (et la multiplication) des campus en région, initiée en même temps que les CEP, une belle opportunité pour les nouveaux étudiants d'étudier dans un cadre plus familial, et très soudé. Ses conseils aux employés ? Ne pas hésiter à changer de poste, pour ne pas se lasser. Et surtout, enseigner, une activité qui a été pour elle une source permanente d'échanges et d'apprentissage.
L’exposé des grandes étapes de la longue et belle carrière de Margarete ne sauraient résumer ce qu’elle est profondément. Tous ceux, nombreux – étudiants, enseignants, collègues – qui l’ont côtoyée au cours de ces 42 années à Sciences Po savent que c’est une personnalité extrêmement attachante, chaleureuse, toujours soucieuse des autres. Tous témoignent de sa générosité.
Un collègue de longue date, Michel Gardette, nous rappelle qu'il n’y a “rien de tiède, de compassé, de convenu chez Margarete. Sa vitalité, son ouverture aux autres, ses indignations, son sens de l’amitié, son sourire, vont terriblement nous manquer.”
Et que tout Sciences Po se rassure : Margarete ne “tourne pas la page à 100 %”, elle était de retour pour déjeuner avec ses anciens collègues dès son deuxième jour de retraite…