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31.08.2017

“Le sort des réfugiés est une affaire citoyenne”

Ce jeudi 31 août 2017, le Collège universitaire de Sciences Po effectue sa rentrée pour les étudiants en 2ème année avec une conférence exceptionnelle de Pascal Brice, directeur général de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Quelles réponses face à la crise migratoire ? Comment gérer le flux massif de demandes d'asile ? Réponses d'un homme qui refuse de réduire les demandeurs d'asile à de simples chiffres et qui place l'humain au coeur de son métier.

Vous êtes un ancien étudiant à Sciences Po. Qu’est-ce qui vous a conduit à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA)?

On n’entre pas à l’OFPRA par hasard. Y compris lorsque le président de la République et le Premier ministre vous font l’honneur de vous y nommer. Il s’agit d’abord d’un intérêt marqué pour les réalités internationales. Il faut aussi se reconnaître dans des valeurs fondamentales que sont les droits de l’homme. C’est ce que je retiens de mon passage à Sciences Po : l’ouverture sur le monde et la conscience, partagée avec les autres étudiants lors du mouvement étudiant de 1986. Ces années-là m’ont apporté un ancrage dans l’histoire et les valeurs de la République.

Directeur de l’OFPRA, vous constatez des dysfonctionnements. Lesquels?

Il fallait simplifier les démarches et renforcer la protection de la personne. Les délais sont aujourd’hui raccourcis et nous avons doublé les effectifs au sein de l’Office pour améliorer le traitement des demandes. Le nombre de places d'hébergement a également doublé. Des progrès restent encore à faire. Or, c’est dans ce contexte que naît en Europe la crise de l’asile et la crise migratoire.

Qu’est-ce qui caractérise cette crise ?

En 2014, c’est près d’un million de personnes qui arrivent en Europe. L’Allemagne a d’abord été concernée, avec 500 000 demandes d’asile. La France, elle, en connaît 80 000, autrement dit, une augmentation de 20%, ce qui représente une hausse certaine, mais en rien considérable. En 2016, l’OFPRA et la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) ont accordé l’asile et le statut de réfugié à 36 % de ces personnes. Il y a bien entendu Calais. Parce qu’elles ne peuvent traverser la Manche, la Grande-Bretagne ayant fermé ses frontières, ces personnes vivent dans des bidonvilles. A Calais, depuis 2015, l’OFPRA est présent auprès des réfugiés et des migrants. Depuis, des milliers de personnes ont demandé l’asile en France et ont rejoint des centres d’hébergement.

Comment sortir de la logique chiffrée de cette “crise migratoire”?

Il faut se rappeler la parole du Pape : “Les réfugiés ne sont pas des chiffres, mais des visages”. L’OFPRA ne connaît que des histoires individuelles. Nos agents rencontrent tous les jours des vies brisées, des personnes qui craignent de retourner dans leur pays d’origine. C’est aussi une affaire citoyenne. En cela, l’initiative de Sciences Po, Welcome Refugees, est essentielle et permet de pointer les véritables enjeux.

Lesquels?

La France a une longue tradition d'accueil, par exemple en faveur des boat people ou des exilés de la dictature argentine et chilienne. Aujourd’hui, l’échelle est autre, avec un nombre  important de personnes. Il faut donc utiliser nos ressources, mobiliser notre énergie citoyenne et administrative pour accompagner les réfugiés. Et les amener vers plus de dignité et de liberté. L’accès à la langue, au logement et à la formation professionnelle en sont le fondement.

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Légende de l'image de couverture : Camille Millerand