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05.12.2022
Le retour de l’histoire : une semaine de rencontres
L’actualité marque le retour fracassant de l’histoire. Alors que ressurgissent certains maux que l ’on croyait destinés à l’oubli, et qu’émergent ou se renforcent des inquiétudes nouvelles, la pratique de la discipline historique elle-même se transforme. Ouverte à tous les publics, la Semaine de l’Histoire à Sciences Po, du 12 au 16 décembre, permettra d’exposer et débattre de ces évolutions. Entretien avec son directeur, Paul-André Rosental.
Pourquoi cette série d’événementS ?
Depuis les années 1990, on a pu proclamer ou dénoncer, redouter ou espérer, la fin de l’histoire. L’époque y concourait, tant par la sortie de la Guerre froide que par le primat accentué de la consommation : porté par la globalisation des échanges, ce dernier érigeait le présent comme horizon exclusif du « régime d’historicité » contemporain conceptualisé par l’historien François Hartog. La décennie 2020, avec ses guerres, ses épidémies, ses menaces environnementales, ses colères sociales et politiques sur les cinq continents, marque un réveil pour le moins agité.
Pour les historiens, attentifs à repérer les failles pérennes de nos sociétés, et à en suivre les effets, parfois discrets mais toujours irrépressibles, ce réveil n’est pas une surprise. Nous tenons d’autant plus à partager collectivement la lecture que nous faisons de ces mutations que l’expansion, l’internationalisation, et le renouvellement des thématiques de recherche du Centre d’histoire de Sciences Po, nous ont préparés à fournir des clés de lecture des bouleversements actuels, et à les discuter avec un large public.
À quel public cette semaine est destinée ?
Notre Centre irrigue déjà, par ses recherches et ses enseignements, l’ensemble des formations dispensées à Sciences Po, récemment consacré comme troisième université mondiale en sciences humaines et sociales dans le classement QS 2022. L’idée de cette « Semaine » est de sortir du seul cadre universitaire pour s’adresser à toutes celles et ceux qui cherchent à mieux identifier et comprendre les racines profondes des événements qui agitent l’actualité. C’est sur cette base que l’on peut se faire une idée plus précise des contraintes qui conditionnent l’évolution de la décennie 2020, et des voies d’espoir qui peuvent s’en dégager.
Le Centre d’histoire de Sciences Po a conçu une formule par ateliers et conférences (ces dernières en début de soirée), ambitieuses par leur contenu mais accessibles par leur mode d’exposition, de manière à s’adresser simultanément aux universitaires, doctorants et étudiants de toutes disciplines, mais aussi alumni et grand public curieux de remonter à l’origine des sujets qui fondent les préoccupations contemporaines.
Quelles seront les thématiques abordées ?
Se pencher sur le monde contemporain, c’est pour nous l’occasion de revisiter les fondements d’un grand nombre de questions brûlantes. La guerre et les violences sans freins qu’elle provoque ; la déstabilisation de la démocratie, remise en cause par les populismes et par des régimes autoritaires de plus en plus agressifs ; la crise de la social-démocratie et du réformisme ; le sort incertain de l’Union Européenne et de la culture politique américaine ; les périls environnementaux ; la place des populations les plus fragiles dans l’ordonnancement social : ce sont là quelques-unes des questions que nous entendons revisiter. Sans oublier de réfléchir à notre rôle d’historiens d’un monde en devenir, dans lequel les impératifs éthiques, la diversification des modes de diffusion de nos travaux, les obstacles de tous ordres mis à l’accès aux sources, transforment profondément notre profession.