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12.08.2016

"Découvrir un pays qui tranche avec ma culture d'origine"

A Sciences Po, tous les élèves du Collège universitaire (1er cycle) passent leur troisième année d’études à l’étranger, en stage ou dans une université partenaire. Marion Vonfeld a fait un choix atypique : après avoir étudié pendant deux ans les relations transatlantiques sur le campus de Reims, elle a décidé d’aller passer sa troisième année à l’Universidad ICESI de Cali, une ville de l’ouest de la Colombie.

Vous avez longtemps vécu en France, puis en Caroline du Sud aux États-Unis, et choisi d’intégrer le programme euro-américain de Sciences Po à Reims. Pourquoi avoir choisi d’aller Cali en Colombie pour la troisième année à l’étranger ?

Marion Vonfeld : Cela m’a beaucoup intéressé d’étudier les relations euro-américaines à Sciences Po. Mais je n’étais pas particulièrement attirée par les États-Unis. En revanche, j’ai toujours été intriguée par l’Amérique Latine : je voulais mieux découvrir le continent et améliorer mon espagnol.

Ensuite s’est posée la question du pays dans lequel je voulais aller. C’est en parlant avec Olivier Ruchet [responsable du programme Europe-Amérique du Nord] que je me suis décidée pour la Colombie. Il m’a demandé ce que je recherchais pour mon année à l’étranger. Je lui ai expliqué que je voulais vivre dans un pays qui tranchait nettement avec la culture dans laquelle j’avais baigné jusqu’alors, et que je souhaitais suivre des cours sur l’exclusion sociale, l’’intégration et la reconnaissance des minorités. Il m’a alors conseillé de choisir un pays du nord de l’Amérique Latine. C’est ensuite en lisant des rapports de séjour très positifs d’étudiants de Sciences Po qui étaient allés à l’Universidad ICESI à Cali en Colombie que j’ai choisi cette destination.

Pour aider à l’intégration au début de l’année universitaire, votre université proposait de loger les étudiants internationaux dans des familles d’accueil colombiennes. Est-ce que ça vous a aidé à vous adapter à ce nouvel environnement ?

M. V. : En fait il y avait plusieurs options de logement : habiter chez une famille colombienne, dans une colocation entre étudiants internationaux, ou seule. J’ai choisi de vivre dans une famille à mon arrivée car je me suis dit que ça me permettrait d’être directement plongée dans la culture colombienne et de mieux la comprendre. Je me suis aussi dit que ça pourrait m’aider pour les questions pratiques à mon arrivée; je n’ai pas du tout regretté car cela m’a aidée à m’adapter et m’a permis d’améliorer rapidement mon niveau d’espagnol !

Avez-vous choisi des cours dans la continuité de ce que vous étudiez à Sciences Po ? Quel cours avez-vous préféré ? Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?

M. V. : Ce qui me faisait peur avant de rentrer à l’ICESI c’était de ne pas avoir le niveau suffisant pour suivre les cours en espagnol. Effectivement au début les lectures me demandaient beaucoup de temps. Mais c’est venu assez vite, donc ça n’a pas été le handicap que j’imaginais.

J’ai choisi surtout des cours de sociologie sur les minorités. J’ai notamment adoré le cours sur les minorités afros en Colombie, centré sur la ville de Cali qui compte 22% d’afro-colombiens. C’était dans la continuité du cours “African American Odyssey” donné par par Sylvie Laurent sur le campus de Reims. J’ai aussi suivi des cours de politique publique qui m’ont amenée à à choisir le http://www.sciencespo.fr/public/fr/content/social-policy-and-social-innovationhttp://www.sciencespo.fr/public/fr/content/social-policy-and-social-innovation.

J’ai trouvé les cours en Colombie très interactifs. Par exemple, dans un de mes cours de sociologie, le professeur présentait les concepts, qu’on appliquait ensuite à une série télé anglaise.

Au second semestre vous avez choisi d’habiter dans un quartier du centre ville de Cali plutôt qu’à proximité de votre Université située en périphérie, pourquoi ce choix ?

M. V. : L’université est située dans le sud de la ville, dans un quartier résidentiel privilégié. Il n’y a pas de vie de quartier là-bas : tout le monde habite dans des résidences sécurisées. J’habite à San Antonio, le quartier historique de la ville. L’ambiance y est bohème et très internationale. Ça n’est pas très représentatif de Cali non plus mais je trouve ça plus agréable à vivre !

Avez vous un “meilleur souvenir” ou une anecdote à nous raconter ?

M. V. : Un jour avec trois amies de Sciences Po, nous sommes allées à la Feria de Las Flores; c’est un festival des fleurs à Medellín. Comme c’est un festival très connu, on a voulu réserver une auberge de jeunesse en avance pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Ce qu’on ne savait pas c’est qu’en Colombie les réservations par internet - comme tout ce qui se fait par internet en général - ne fonctionnent pas. Lorsqu’on est arrivés devant l’auberge à 9 h du matin après avoir voyagé toute la nuit, il n’y avait même pas d’enseigne… On nous a expliqué qu’une fille était arrivé la veille de Bogota et qu’on lui avait donné la chambre que nous avions réservée... Quand on nous a proposé de dormir à quatre dans un lit simple, on est parties en quête d’un un autre endroit pour dormir.

Est-ce que cette année à l’étranger vous a donné une nouvelle perspective sur votre avenir ?

M. V. : J’ai trouvé que les Colombiens vivent de manière beaucoup plus détendue qu’en France, ils ne se prennent pas la tête avec le temps. Maintenant je calcule moins le temps que me prendront mes activités avant de les faire, je vis plus dans le moment présent.

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