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03.10.2017

"J'ai envie de faire les choses en grand"

Ils viennent de France ou d’ailleurs. Ils sont fraîchement diplômés du bac ou de son équivalent à l’étranger. Ils souhaitent travailler dans la fonction publique, le marketing, journalisme, l’humanitaire. Certains veulent créer leur propre entreprise, comme Alexis Ngahane, étudiant sur le campus de Paris, qui a lancé son premier projet entrepreneurial avant d’avoir le bac, et ne compte pas s’arrêter là. C’est avec lui que nous poursuivons notre série de portraits de “premières années”.

Vous avez obtenu un bac STMG (Sciences et techniques du management et de la gestion) : cela fait de vous le seul nouvel admis 2017 issu d’une filière technologique. Pourquoi avez vous eu envie de préparer Sciences Po ?

Alexis Ngahane : La filière STMG, c’était un choix stratégique : j’étais en première ES, mais je détestais les maths ! Et comme je voulais avoir une bonne mention au bac, j’ai préféré rejoindre une terminale STMG. Je n’ai pas regretté ! J’ai découvert des nouvelles matières passionnantes : management, marketing, gestion. Et aussi un atelier “création d’entreprise” qui m’a intéressé au plus haut point, puisque j’étais moi même en train de monter un projet entrepreneurial…

Vous avez monté une entreprise en classe de terminale ?

A. G. : J’ai eu une idée grâce à un job d’été. Je travaillais à côté d’une société qui louait des locaux à des chauffeurs de VTC. En discutant avec eux, je me suis rendu compte qu’ils perdaient beaucoup de temps à s’approvisionner en eaux, bonbons, etc. J’ai monté un système d’abonnement payant avec des points de ravitaillement. Pendant un an, j’ai mis directement mes cours en application dans mon projet ! Ça a très bien fonctionné. Au bout de quelques mois, j’ai tout arrêté parce que l’idée a été reprise par d’autres… Et aussi parce qu’il fallait préparer le bac et Sciences Po !

Comment avez-vous entendu parler de Sciences Po ? Et qu’est-ce qui vous a donné envie de candidater ?

A. G. : En première ES, ma professeure d’économie m’a parlé de la convention CEP de mon lycée (Olympe de Gouges, à Noisy-le-sec), et m’a dit “tu devrais tenter Sciences Po !”. Je lui ai répondu “arrêtez de rêver !”. Je n’y croyais pas une seconde : quand on n’est pas né en France et qu’on vit dans un quartier comme le mien, Sciences Po, c’est pour les autres. Finalement en terminale, on m’a expliqué le concept, je me suis dit “pourquoi pas”. J’ai été aidé par certains profs, mais aussi par mon ami Yacine, qui avait réussi l’examen d’entrée l’année précédente. J’ai adoré préparer l’épreuve d’admissibilité, un dossier de presse sur le revenu universel. Et je me suis retrouvé à l’oral ! Je n’y croyais toujours pas. Même le jour où j’ai été admis, j’ai eu du mal à le croire ! Je n’avais pas prévenu ma famille que je passais l’examen : ça a été une énorme surprise pour eux...

Comment avez-vous convaincu votre jury ?

A. G. : Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. On a commencé à discuter entrepreneuriat et innovation numérique. Ce sont des sujets que j’adore ! La discussion était naturelle. Et puis le jury m’a aussi questionné sur mon “côté humain” : je ne suis pas qu’un capitaliste (rires) ! Je fais partie d’une association qui aide les familles d’enfants handicapés en Afrique. C’est un engagement qui m’a fait beaucoup grandir.

Comment se passent les premières semaines à Sciences Po ?

A. G. : Je continue à être surpris tous les jours ! C’est dingue de rencontrer autant de gens différents ! Il y a des étudiants qui viennent du bout du monde, de Dubaï ou de Nouvelle-Calédonie, et d’autres qui débarquent du Val d’Oise, à côté de chez moi. Et on a clairement les meilleurs professeurs de France. J’ai le sentiment que je peux penser et imaginer ce que je veux ici. C’est un endroit où on ne se met pas de barrière, où tout est fait pour qu’on soit créatifs.

Comment voyez-vous la suite ?

A. G. : En troisième année à l’étranger, je veux aller en Amérique latine ou en Afrique : c’est là que tout est à inventer aujourd’hui. Et puis j’ai évidemment un nouveau projet d’entreprise : cette fois-ci j'ai envie de faire les choses en grand. Je vais chercher des étudiants qui veulent se lancer avec moi : de préférence des personnes qui ont des idées différentes des miennes ! En tout cas je ne me mets pas de limites. C’est le conseil que je donne à tous ceux qui sont au lycée, surtout dans une filière technologique où on a tendance à vous enfermer dans une catégorie : quoi qu’on vous dise, commencez par croire en vous ! Et même si vous n’y croyez pas, donnez-vous à fond !

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