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31.10.2022

CIVICA sélectionne 11 nouveaux projets de recherche innovants

(crédits : CIVICA)

Nos sociétés font face à des défis majeurs : la montée des extrémismes et de la violence, la persistance des discriminations, les difficultés à mettre en place des politiques publiques environnementales, la lenteur du secteur financier à s'engager dans l'économie à faible émission de CO2… C'est à ces questions, auxquelles les politiciens veulent répondre au plus vite, que nos chercheurs ont décidé de s'attaquer dans le cadre de CIVICA Research. Son apport réside dans sa capacité à rassembler différentes approches de toutes les sciences sociales pour traiter des sujets internationaux mais aussi uniquement européens.

Le projet CIVICA Research a pour vocation de doter CIVICA - l'université européenne des sciences sociales - d'une stratégie de recherche ambitieuse et innovante afin de créer un environnement de recherche collaboratif et durable au sein de l'alliance. Il a reçu deux millions d'euros de financement du programme Horizon 2020 de l'Union européenne qui permet à des chercheurs de conduire des activités de recherche ensemble.

Suite au troisième appel à projets de CIVICA, onze projets ont été sélectionnés pour un financement total de 350 000 €. La plupart d'entre eux réunissent deux ou trois partenaires de CIVICA, avec le plus important projet sur l'intégration des migrants dans les pays européens (MERITA) qui réunit les dix institutions partenaires de l'alliance. Six projets regroupent des professeurs et chercheurs de Sciences Po, dont quatre sont dirigés ou co-dirigés par Sciences Po.

Projets menés par Sciences Po

L'étude de l'impact politique et social des réseaux sociaux est devenue un domaine de recherche important, et notamment dans sa relation à la montée d'une anxiété généralisée concernant la polarisation politique et les extrémismes, la fragmentation des communautés internet en “bulles”, la désinformation, etc. Les études de grande ampleur des dynamiques socio-politiques à l'œuvre sur les plateformes digitales et les systèmes d'intelligence artificielle qui les modèrent deviennent matière à élaborer des politiques concrètes, ce qui participe à moduler le futur de la régulation sur internet.

Ces études travaillent sur la conception et le parcours des opinions : les recommandations des algorithmes proposent-elles du contenu suffisamment politiquement varié pour percer les “bulles” des filtres ? Les utilisateurs ne se connectent-ils qu'avec des personnes qui pensent comme eux ? L'extrémisme politique est-il lié à la désinformation ? Les récentes avancées en matière d'analyse de réseaux ont montré que le ciblage selon les comportements sur les réseaux sociaux pouvait être utilisé pour manipuler l'opinion publique plus efficacement que les sondages traditionnels.

Dans sa première phase, le projet European Polarisation Observatory Working Group (EPO - WG), financé par le premier appel à projets de CIVICA, a développé de nouvelles méthodes pour comprendre la polarisation en Europe. Leurs résultats couvrent les recommandations des algorithmes, le recul démocratique, les nouveaux médias, l'émergence de l'anti-libéralisme et de la méfiance envers les institutions, la désinformation, la polarisation et la fragmentation de l'espace public en ligne. L'équipe de recherche souhaite, avec cette seconde phase de son projet, construire un Observatoire européen de la polarisation sous forme d'infrastructure d'observation des réseaux sociaux, afin d'appuyer des recherches au sein des diverses sciences sociales de CIVICA qui seront fondées sur des données digitales d'opinions politiques. 

Partenaires : médialab de Sciences Po, Central European University et Bocconi University co-dirigent cette recherche. 

Les principaux porteurs du projet de Sciences Po : Jean-Philippe Cointet, Associate Professor & Pedro Ramaciotti Morales, post-doc, médialab.

Le projet Local democracy and state power: Immigrant inclusion or marginalisation? (LOCALDEM) explore les liens entre la politique et la police au niveau local depuis l'an 2000. L'extrême-droite anti-élites doit en partie sa montée en puissance à ses efforts pour lier les sujets de l'immigration et de la criminalité dans l'esprit des électeurs. Une fois au pouvoir, l'une de ses premières priorités politiques serait de renforcer la police. Ainsi, presque toutes les démocraties européennes font face à cette embûche : faire baisser la criminalité sans marginaliser davantage les personnes en difficulté économique, les minorités ou les immigrés.

L'équipe de recherche explorera la façon dont une présence policière plus importante combinée à une plus grande responsabilisation à l'échelle locale affectent les dynamiques sociales. Plus spécifiquement, les chercheurs vont étudier les effets de l'accroissement récent des attributions de la police municipale en France. Ils commenceront en documentant les corrélations entre la présence locale de la police sur un territoire et un vaste ensemble de données démographiques, de taux de criminalité et d'opinion politique. Ils collecteront et numériseront de nouvelles données sur les promesses des partis aux élections municipales. Cette base de données sera mise à disposition du public à la fin du projet. Une analyse textuelle à partir de cette source et les résultats des élections leur permettront d'étudier les effets des promesses des partis de renforts policiers dans leur victoire ou défaite aux élections. Grâce à ces données, ils étudieront non seulement la façon dont la présence d'une police locale affecte la criminalité et le taux d'arrestations mais aussi l'immigration, le prix de l'immobilier, les effets sur l'éducation et l'emploi, particulièrement parmi les personnes de la population en difficulté.

Principal porteur du projet : Roberto Galbiati, professeur et chercheur (CNRS), département d'économie.

Stockholm School of Economics fait partie de cette recherche.

Avec son pacte vert, l'Union européenne vise l'objectif d'effectuer la transition la plus rapide au monde vers une économie verte à faibles émissions. Cet objectif nécessite un changement de paradigme au niveau économique avec de fortes incidences socio-économiques et dépendra d'une amélioration de la capacité de l'UE à évaluer et contrôler l'implémentation des politiques publiques. Au final, les efforts de l'UE pour devenir le leader mondial du combat contre le changement climatique et la dégradation de l'environnement ne seront un succès que si les décisions de politiques publiques déployées pour atteindre ces objectifs environnementaux sont soigneusement calibrées pour assurer une évolution constante des États membres. Pour comprendre de quelle façon les objectifs actuels peuvent être atteints et les modifications qui doivent être réalisées, nous devons évaluer les succès de l'UE à ce jour vis-à-vis des objectifs de politique environnementale précédemment adoptés. Ce projet Towards a common framework for evaluating EU's policy effectiveness in achieving its Green transformation goals (EVALEU) posera les premiers jalons d'un cadre d'évaluation en compilant de façon systématique les connaissances actuelles au sujet de l'approche de l'UE et de sa capacité d'action publique, antérieure et postérieure à la mise en oeuvre de politiques publiques environnementales.

Le Centre d'études européennes et de politique comparée (CEE) de Sciences Po, la Central European University et la National University for Political Studies and Public Administration ont co-dirigé cette recherche.

Porteurs principaux de Sciences Po : Matthias Thiemann, Associate professor du CEE.

Limiter le réchauffement de la planète au XXIe siècle au niveau promis par les Accords de Paris de 2015 nécessite d'engager des trillions de dollars dans la transition verte. Les banques privées devraient jouer un rôle majeur dans ce processus. Quels facteurs vont conduire les banques à financer la transition à l'échelle planétaire ? Sont-elles prêtes à le faire ? De quelle façon est-ce que différents décisionnaires comme les clients, les actionnaires et les régulateurs peuvent faire pression sur les banques ? Ce projet Greening or greenwashing banks? Climate conscious bank stakeholders and their impact (GREENINGBANKS) s'attaque à ces questions en examinant d'abord comment les clients qui s'intéressent à l'environnement peuvent influencer les banques, en utilisant des données françaises précises. Une deuxième partie du projet concernera d'autres acteurs pour discuter des facteurs qui favorisent ou défavorisent la transition environnementale.

Principal porteur de projet : Michele Fioretti, Assistant professor, département d'économie.

Bocconi University fait partie de cette recherche.

Projets avec la participation de Sciences Po

L'idée de ce projet Migrants’ integration in EU countries: for a selected few only? Current shifts in conceptions of integration and impact on social and ethnic inequalities in host countries (MERITA) est de développer un forum multidisciplinaire sur l'intégration des migrants en Europe, à travers les sciences sociales et en y incluant des représentants de tous les partenaires de CIVICA (10 institutions actuellement). Un forum identifiera des pistes de conceptualisation moderne de l'intégration des migrants dans les pays de l'UE, afin de la problématiser. Quelles sont les logiques contemporaines dans la façon de penser l'intégration ? Quelles sont les implications de ces logiques ? Ce sont les questions centrales de cette recherche, en particulier concernant la possible augmentation des inégalités sociales et raciales dans nos sociétés.

Cette recherche est menée par la Stockholm School of Economics. 

Bocconi University, Central European University, European University Institute, Hertie School, IE University, London School of Economics and Political Science, CEVIPOF et CRIS de Sciences Po, SGH Warsaw School of Economics and National University for Political Studies and Public Administration, font partie de cette recherche.

Ce projet Explorative cases of sustainability and climate change discourse dynamics on social media combining text and network analyses (DYSTENA) cherche à contribuer au développement des outils techniques d'analyse de données textuelles pour aider à suivre les dynamiques de discours sur les réseaux sociaux, et examiner la façon dont elles influencent les politiques publiques et les règles. Comme les médias sont devenus digitaux, chacun pouvant produire des messages partagés massivement, les nouvelles formes de communication requièrent de nouveaux outils pour que les chercheurs puissent analyser et comprendre leurs rôles.

L'équipe de recherche effectuera deux études de cas indépendantes, pour comprendre (1) comment les diplomates utilisent leurs réseaux sociaux pour interagir avec d'autres diplomates ainsi que le public et influencer les négociations climatiques par leur présence en ligne, et (2) comment les organisations et les individus activistes utilisent leurs réseaux sociaux pour diffuser des idées de développement durable et de règles qui influenceront le comportement des entreprises sur le sujet de la transformation environnementale et des défis climatiques.

Cette recherche est menée par la Stockholm School of Economics. 

Bocconi University, Central European University et le CERI de Sciences Po font partie de cette recherche.

En savoir plus :

CIVICA Research, cofondée par le programme Horizon 2020 de l'Union européenne
(crédits : CIVICA)