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16.02.2023

Et si le design était l'approche créative idéale pour élaborer les politiques publiques ?

 

L’Incubateur de politiques publiques (IPP) a fait sa rentrée le 16 janvier 2023. Cette 5e édition a démarré par une semaine intensive d’activités visant à familiariser les étudiants aux méthodes et outils du design de politiques publiques avant de les confronter aux réalités du terrain des 20 défis d’intérêt général sélectionnés. Cette année, 115 étudiantes et étudiants de 1ère année de master de l’École d’affaires publiques participent à ce programme.

(crédits : Léa Douhard / EAP)

Pendant le semestre de printemps, les étudiants travaillent en petits groupes supervisés par un tuteur designer pour aboutir à un prototype concret de solution permettant, par exemple, de mieux accueillir et prendre en charge les victimes d’atteintes graves à la personne au sein d’un commissariat, de lutter contre la propagation de la désinformation et des fake news en période électorale, de mieux coordonner l’action publique pour piloter la transition écologique ou encore de renforcer l’association des citoyens dans la programmation des contrôles des juridictions financières.

Pour cela, ils collaborent directement avec 20 partenaires ayant accepté de leur ouvrir les portes de leur organisation et de partager avec eux leur expertise, leurs terrains et leurs problématiques.

À travers ces projets concrets, l’objectif de l’IPP est de former les futurs diplômés de l’École d’affaires publiques à concevoir les politiques publiques autrement en répondant aux besoins réels des citoyens et en pensant collectivement des nouvelles formes d’action publique plus adaptées aux mutations induites par les défis climatiques, démocratiques et numériques. 

PREMIÈRE ÉTAPE : DÉMYSTIFIER LE LIEN ENTRE DESIGN, POLITIQUES PUBLIQUES ET INNOVATION 

Pendant les deux premières journées, les étudiants ont pu découvrir le design de politiques publiques à travers des moments d’apprentissage théorique, de mise en pratique et des rencontres inspirantes.  

Apolline le Gall, enseignante-chercheuse en sciences sociales et co-fondatrice de l’agence de design Où sont les dragons, a rappelé les fondamentaux du design ainsi que l’intérêt de son développement croissant au sein de la sphère publique.

S’agissant d’un champ relativement nouveau pour les étudiants, ceux-ci ont pu bénéficier du retour d’expérience de Benjamin Marteau, directeur de “Pix”, le service public en ligne dont la mission est d’évaluer, développer et certifier les compétences numériques des citoyens tout au long de la vie. Dans sa leçon inaugurale, il a partagé son expérience d’entrepreneur d’intérêt général et son parcours de “sciencespiste” qui a su, au fil de sa carrière, s’approprier les méthodes du design afin de faire de la politique autrement

Pour concrétiser encore un peu plus ce qu’est l’innovation et la transformation publiques, les étudiants ont pu découvrir une diversité de structures de cet écosystème ainsi que les parcours des personnes qui y exercent : 

  • Au niveau interministériel, les étudiants ont été accueillis au Lieu de la Transformation Publique où ils ont pu rencontrer la Direction interministérielle de la Transformation Publique (DITP), la Direction interministérielle du Numérique (DINUM) ainsi que les équipes de projets internalisés par l’administration comme LexImpact, un service de l’Assemblée nationale. 
  • Un autre groupe a été reçu au sein du Ministère de l’Économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique où ils ont pu rencontrer les équipes du Laboratoire de transformations et de la Mission Innovation de la Délégation Synthèse Coordination Innovation qui leur ont présenté l’offre de services et d’accompagnement à destination des agents du Ministère.
  • Le troisième groupe a rencontré des structures privées et associatives qui collaborent avec les acteurs publics sur ces questions sur le site de CÉSURE, un tiers-lieu porté par Plateau Urbain. Parmi elles, des agences de design comme Vraiment Vraiment et Praticable, mais aussi Démocratie Ouverte, l'Université de la Pluralité ou le Design Fiction Club.

DEUXIÈME ÉTAPE : SE CONFRONTER AU TERRAIN 

Au cours des trois jours suivants, les étudiants ont exploré par groupes leur propre défi et ont commencé à mettre en pratique les connaissances acquises en début de semaine. 

Adapté à chaque sujet, le programme de chaque groupe leur a permis d’observer les différentes réalités qui se côtoient souvent sur le terrain et d’écouter les usagers et parties prenantes.

L’idée c’est d’aller chercher au-delà du discours, d’observer, de se mettre à la place du patient”, résume Anceline Brioudes dans une interview au journal Le Progrès après l’immersion de trois jours de son groupe au sein du centre hospitalier de Givors.

C’est dans ce même état d’esprit que d’autres groupes sont partis découvrir l’écosystème culturel des Côtes-d’Armor, rencontrer des bénévoles des Restos du Cœur et réaliser quelques missions pour se mettre dans leur peau, visiter des crèches et relais petite enfance (défi avec la CNAF), s’entretenir avec des juges et des mandataires judiciaires dans les Hauts de France (défi avec la DGCS) ou encore visiter le centre de contrôle et de commandes de la régie Eau de Paris (défi avec la MEL et la FNCCR). 

Si cette immersion est essentielle pour les étudiants, elle apporte également un autre regard aux partenaires eux-mêmes sur leurs sujets du quotidien, comme l’explique Elisabeth Tan, directrice adjointe du Centre communal d’action social (CCAS) de Gennevilliers : “L'inclusion numérique est un concept “à la mode" mais qui revêt une triste réalité : des personnes en rupture de droits, des jeunes et des moins jeunes en difficulté face à leur démarche administrative, des professionnels dépassés par une dématérialisation peu accompagnée... Il était urgent pour le CCAS de Gennevilliers de poser une réflexion sur cette question. L'opportunité du défi nous a permis de formaliser nos besoins, de poser nos pratiques, de recenser nos forces, mais aussi de percevoir nos manques et d'être accompagné par quatre étudiantes avec un regard extérieur. Les pistes qu'elles nous présenteront viendront renforcer les propositions pour faire face à un enjeu de taille : une offre de service numérique accessible à tous et toutes.

Dans quelques jours, les groupes présenteront les premiers résultats de leurs observations issus de cette phase d’immersion avant de rentrer dans la seconde phase du programme consistant à imaginer des pistes de solutions pour répondre au défi qui leur a été soumis. Là encore, les étudiants devront sortir de leur zone de confort et déployer des outils et méthodes originales. Kenza Terkemani, étudiante qui participe au défi avec le centre hospitalier de Givors l’a bien en tête : “Nous n'attendons pas de nous un rapport ou un audit, l’idée c'est de faire quelque chose d’opérationnel avec un outil adapté qui soit facile d’utilisation pour la population cible.” 

Rendez-vous en mai 2023 pour découvrir les projets finaux ! 

LISTE DES 20 DÉFIS DE L’ÉDITION 2023

  • Ademe & Coop des Milieux - Comment coordonner l’action publique sur un territoire pour suivre, piloter et accélérer le déploiement de la transition écologique ?  
  • Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) - Comment repenser les modes d'accueil du jeune enfant et les services proposés aux parents dans une perspective de socialisation précoce des moins de 3 ans?
  • Campus Cyber - Comment assurer la pérennité des Communs numériques et ainsi favoriser l’engagement des acteurs publics et privés ?
  • Centre Hospitalier de Givors - Comment transformer la communication interne à l’hôpital pour améliorer l’expérience agent et patient ?
  • Commissariat de police du 13ème arrondissement de Paris - Comment améliorer les conditions d'accueil et de prise en charge des victimes d’atteintes graves à la personne en commissariat ?
  • Commission européenne - Comment identifier et lutter efficacement contre la propagation de la désinformation et des fake news dans l’espace numérique européen, notamment en période électorale? 
  • Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) - Comment garantir le droit aux identités multiples ? 
  • Conseil départemental des Côtes-d'Armor - Comment la culture et ses acteurs peuvent-ils accompagner la transition écologique ?
  • Cour des comptes - Comment renforcer l’association des citoyens dans la programmation des contrôles des juridictions financières et donner un meilleur accès à leurs travaux ?
  • Direction générale de la Cohésion Sociale (DGCS) - Comment améliorer la protection des personnes vulnérables en accompagnant mieux les tuteurs familiaux ?
  • GHU Paris psychiatrie & neurosciences - Comment reconsidérer l’offre de soins de santé mentale à destination des jeunes afin d’aller au-devant des situations aigües et de faciliter l’accès aux soins ?
  • JCDecaux - Comment les acteurs, notamment privés, de la fabrique de la ville peuvent-ils œuvrer efficacement en faveur des personnes fragiles et vulnérables et rendre ainsi la ville toujours plus inclusive et bienveillante ?
  • Métropole Européenne de Lille & Fédération nationale des collectivités concédantes et régies - Comment sensibiliser les différentes parties prenantes du territoire à faire évoluer leurs pratiques pour réduire les consommations d’eau potable ?
  • Ministère de l’Intérieur - Comment restaurer la confiance dans les institutions en imaginant un environnement numérique décentralisé efficace et sécurisé ? 
  • Ministère des outre-mer - Comment favoriser la réussite des étudiants ultramarins inscrits dans l'enseignement supérieur en métropole ? 
  • Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) - Comment renforcer l’effectivité des droits économiques et sociaux et droits au séjour ouverts par l’obtention du statut de réfugié ? 
  • Préfecture de Loire-Atlantique - Comment identifier et rendre lisibles les évolutions climatiques, sociétales et économiques afin que les services de l’État puissent les intégrer à leurs missions et aux politiques publiques qu’ils déploient ?
  • Restos du Cœur - Comment intégrer les offres de "bénévolat ponctuel" et l'articuler au "bénévolat traditionnel" très disponible, en conservant une implication qui a du sens pour les bénévoles et pour les associations ?
  • UNESCO - How could youth support governments and social media companies to co-create policies to combat disinformation and hate speech online? 
  • Ville de Gennevilliers - Comment façonner l’accompagnement au numérique des publics éloignés dans une optique d'amélioration d’accès aux droits ?

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