Accueil>Égalité femmes-hommes 2023 : lumière sur 5 projets étudiants
09.06.2023
Égalité femmes-hommes 2023 : lumière sur 5 projets étudiants
Chaque année, le Certificat Égalité femmes-hommes et politiques publiques de Sciences Po offre aux étudiants en première année de master de l’École d’affaires publiques et de l’École des affaires Internationales (PSIA) une spécialisation dans ce domaine. Piloté par l'École d’affaires publiques et le Programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le genre (PRESAGE), le Certificat est composé, à l’automne, de conférences par des professionnels et des chercheurs spécialistes des politiques d’égalité. Ce premier semestre théorique est complété par une approche pratique, avec au semestre de printemps un travail en groupe sur des projets concrets proposés par des entreprises, institutions publiques ou encore associations.
Calendrier des candidatures au Certificat pour 2023-24 :
Les étudiantes et étudiants en première année de Master à l'École d’affaires publiques et à l'École des affaires internationales (PSIA) peuvent candidater en remplissant le formulaire en ligne selon le calendrier suivant :
- 15 septembre 2023 : Date limite de dépôt des candidatures
- 22 septembre 2023 : Diffusion des résultats d’admission
- 27 septembre 2023, 12h30-14h30 : Première séance du Certificat
Focus sur la cohorte 2023 qui s’est penchée en cinq groupes sur des thèmes aussi variés que l’éducation, l’environnement et les réseaux sociaux, sous la direction attentive et bienveillante d’Hélène Périvier, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et directrice de PRESAGE, Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre des Droits des femmes puis de l'Éducation, actuellement directrice de l'ONG ONE pour la France et Violette Toye, coordinatrice du programme.
L’accès à l’éducation pour toutes et tous
Le pôle d’Hélène Bidard, Adjointe à la Maire de Paris en charge de l’égalité femmes-hommes, a accueilli l’un des groupes d’étudiants afin de comprendre la difficulté que les établissements scolaires ont à mettre en place les trois séances annuelles d’éducation à la vie sexuelle et affective. Leur mission n’a pas été de tout repos, ils ont pu constater sur le terrain la sensibilité de certaines données, un grand nombre d’institutions ayant refusé de leur fournir des informations ou de les rencontrer. Après certains tâtonnements méthodologiques, le groupe a gagné en autonomie et décidé de dresser un rapport et une cartographie des associations pouvant animer les séances tout en faisant le constat des difficultés liées au sujet, entre coût des formations, choix des intervenants, plaintes de certains parents d’élèves…
Pour le groupe ayant œuvré auprès de l’association Universités & Réfugié·e·s (UniR), la mission fut plus concrète encore, celle de retravailler le module de formation offert aux femmes réfugiées et primo-arrivantes ayant pour objectif de les aider à choisir leur voie dans l’enseignement supérieur en France. Le défi a été pour les cinq étudiantes de penser un format adapté à des publics très divers qui soit dynamique mais sans perdre en apport théorique afin d’être efficace. Elles ont créé un support pédagogique et ludique, qui est mis en pratique par l’association, ainsi qu’une vidéo pour transmettre les récits des femmes qu’elles ont rencontrées. Leur expérience a créé un lien fort entre les étudiantes mais aussi avec l’association auprès de laquelle elles se sont toutes engagées à animer des ateliers pour l’année à venir.
Un groupe a été sollicité sur un travail de recherche concernant l’accès des femmes à la haute fonction publique, l'enquête ÉGALE de l’OFCE dirigée par Hélène Périvier et Maxime Parodi. À l'origine de cette enquête ? La forte déperdition des femmes – pourtant majoritaires à Sciences Po – dès l’entrée à l’École des Affaires Publiques, puis à la préparation aux concours administratifs et enfin au concours de l’INSP (ex-ENA). Une analyse statistique a révélé que les femmes, surtout originaires de milieux modestes, réussissent moins bien les épreuves écrites du concours. Les étudiantes du Certificat ont travaillé avec l’équipe de l’OFCE sur le mécanisme, plus complexe qu’elles ne le pensaient, d’élaboration, de validation puis de diffusion d’un questionnaire de recherche, envoyé aux étudiants de l’École des Affaires Publiques. Si les résultats n’ont pas encore été analysés, quelques éléments qualitatifs permettent au groupe de supposer que la perte des étudiantes s’explique par une stratégie de diversification des concours (pour raisons financières et de confiance en soi) qui les défavorise face à leurs homologues masculins se concentrant sur celui de l’INSP.
L’impact des enjeux environnementaux et digitaux sur les femmes
La Fondation RAJA-Danièle Marcovici, qui finance de nombreuses associations dont certaines pour les femmes et l’environnement, a ouvert ses portes à un groupe d’étudiantes et leur a donné carte blanche pour créer une campagne de communication pour montrer que l'écoféminisme touche tous les domaines de la vie… S’il n’a pas été aisé de penser une campagne de plaidoyer destinée au grand public et aux acteurs décisionnaires, les étudiantes ont pu être en contact avec un grand nombre d’associations, ce qui leur a permis de mettre des visages sur ces enjeux et de sortir du cadre théorique du premier semestre. Les conférences ayant vraiment eu un écho dans leur expérience de terrain ont été celles sur le féminisme en entreprise et la diplomatie féministe, qui consiste à gérer les situations où une baisse des exigences militantes en termes de discours peut permettre de récolter davantage de fonds pour financer des projets concrets.
Le cinquième groupe d’étudiantes a apporté son aide au Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) en réalisant une analyse statistique de la représentation des femmes sur les réseaux sociaux, avec le soutien de la Chaire pour l’entreprenariat et l’emploi des femmes de Sciences Po. Les neuf jeunes femmes ont analysé les dix posts / vidéos les plus likés des dix plus gros influenceurs sur Instagram, TikTok et Youtube (hors musiciens sur Youtube et footballeurs sur Instagram). Elles ont ainsi indexé pas moins de cent contenus par plateforme à l’aide d’une dense grille d’analyse. Leur constat a été unanime : les femmes sont invisibles, exclues des contenus les plus vus et les plus partagés. Elles ont également évoqué l’omniprésence des stéréotypes de genre, de la banalisation de la violence, des propos à connotation sexuelle ou homophobe. Ce long travail d’indexation, étroitement encadré, a été salué par le Haut conseil qui en publiera un rapport en octobre puis l'intégrera à son rapport sur le numérique qui pourrait donner lieu à des demandes de régulation auprès des plateformes numériques.
L’ensemble de la promotion du Certificat égalité femmes-hommes et politiques publiques 2023 a évoqué l’apport personnel de cette expérience – les rencontres humaines qui ont eu lieu – mais aussi son apport professionnel, notamment par l'acquisition de compétences méthodologiques. L’équipe encadrante s’est donné comme objectif pour l’année suivante d’équiper encore davantage les étudiantes et étudiants d’un point de vue d’analyse statistique.
Le Certificat évolue d’année en année, nous sommes heureuses de voir le chemin déjà parcouru et nous continuerons à renforcer la qualité de cette formation innovante !
Hélène Périvier, économiste à l’OFCE et directrice de PRESAGE
Rendez-vous l’année prochaine et félicitations à la cohorte 2023 !
EN SAVOIR PLUS :