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Axe de recherche : Villes, frontières et mobilités

Section #presentation

Présentation de l'axe Villes, frontières et mobilités

L'axe Villes, frontières et mobilités réfléchit aux transformations des mondes urbains et des sociétés européennes de manière relationnelle et comparative. Les mobilités transnationales à différentes échelles – la circulation de personnes, de marchandises, d'idées, de politiques et d'institutions – ne sont pas seulement notre objet d'étude. De notre point de vue, ces circulations produisent les villes et les paramètres de leur gouvernance en Europe. Les mobilités permettent d’étudier l’urbain en Europe et au-delà. C’est pourquoi notre approche est comparative et internationale. Les villes européennes se font en échangeant avec le monde et ces échanges sont certainement marqués par des inégalités et des relations de pouvoir à différentes échelles. Nous étudions ces dynamiques en relation avec la gouvernance urbaine, les politiques territoriales et l'action collective.

Les villes sont au centre des transformations des marchés transnationaux et de changements technologiques majeurs qui se traduisent par des modifications dans leur structuration sociale, liées aux mobilités (circulations d’humains et de non-humains) et à une dynamique d’urbanisation planétaire. Cela inclut des études sur les transformations numériques de la gouvernance, tandis qu'une autre dimension s'intéresse aux mouvements sociaux et aux politiques publiques de l'Union européenne en faveur des territoires, avec dans chaque cas des effets sur la planification urbaine. Les chercheurs et chercheuses de l’axe interrogent de manière critique ces mobilités, physiques et sociales, à la lumière de la crise climatique et des prescriptions étatiques ou internationales. Les villes sont ainsi un lieu et un objet privilégié pour étudier cette dialectique entre mobilités et frontières et les acteurs formels, informels et même criminels qui se disputent les espaces ouverts par ces transformations. En effet, si l’espace urbain est associé à divers flux (humains, financiers, idéationnels et politiques), à la mise en réseaux à différentes échelles, c’est aussi un terrain d’observation de la construction constante de frontières physiques et symboliques et d’un processus de ségrégation socioéconomique.

Des problématiques originales sont développées au CEE sur les circulations, les migrations, les rapports de classe dans la ville et incluent les rapports à la ville, les discriminations, les illégalismes, les mobilisations et adaptations urbaines face à la crise climatique, l’engagement citoyen et bénévole pour articuler objectifs sociaux et objectifs environnementaux, les dynamiques culturelles de l’aménagement et de l’urbanisme, la transnationalisation des organisations, la sociologie des marchés, de la finance et du capitalisme. L’action publique est une question centrale dans nos interrogations, notamment à travers une réflexion sur la construction d’ordres politiques et de régulations à différentes échelles, la recomposition de l’État, les modes de gouvernance, la décentralisation, les formes de l’action collective, le rôle de l’expertise, y compris l'engagement citoyen et bénévole.

À partir de cadres théoriques renouvelés qui ont pour origine la sociologie, la science politique, l’anthropologie, la géographie économique et l’urbanisme, les membres de l’axe imbriquent les échelles et dépassent le nationalisme méthodologique. Ils engagent des travaux résolument empiriques, privilégiant l’analyse comparée et le déploiement d’approches multiméthodes qui combinent des perspectives quantitatives et qualitatives. Les travaux de l’axe sont menés en lien étroit avec l'École urbaine de Sciences Po dont le doyen est Tommaso Vitale (succédant à Patrick Le Galès) et dont les membres de l’axe constituent le noyau de l’équipe enseignante. Deux chaires d’enseignement et de recherche associent le CEE et l’École urbaine : Villes et numérique et Villes, logement, immobilier. Notre axe a aussi un lien avec l’initiative MiDi, Migration et Diversité de Sciences Po autour des questions de migrations internationales et de diversité, cofondé par Virginie Guiraudon qui participe au Comité de pilotage.

Section #programme-23-27

Programme scientifique 2023-2027

Notre programme de recherche 2023-2027 s'articule autour de trois grands courants de recherche.

Ce courant considère les deux pôles de la structure sociale des villes, basée sur les (im)mobilités sociales et spatiales des très riches et des très pauvres en Europe. D'un côté, les réfugiés et demandeurs d'asile, les minorités ethniques, les sans rôles, les petits marginaux et les trafiquants (Virginie Guiraudon, Tommaso Vitale, Gabriel Feltran, Federico Varese) et, de l'autre, les élites globales, leurs nouvelles formes d'accumulation et de reproduction (Bruno Cousin, Patrick Le Galès), mais aussi la manière dont elles intègrent les économies illégales transnationales (Bruno Cousin, Gabriel Feltran, Patrick Le Galès). Les formes et les dynamiques territoriales contemporaines manifestent les effets de ces circulations et peuvent être une porte d'entrée analytique pour les comprendre (Marco Cremaschi, Tommaso Vitale).

Ce courant étudie les formes discrètes de pouvoir mises en œuvre par les élites financières mondiales, les mafias internationales, les acteurs religieux ou les confréries secrètes, entre autres, dans la gouvernance urbaine. Comment ces acteurs se situent-ils par rapport à l'État, composant une gouvernance hybride de la vie urbaine ? Comment l'économie politique des villes répond-elle et organise-t-elle ces différentes formes de pouvoir, et tant d'autres qui se manifestent dans la vie quotidienne des villes contemporaines (Patrick Le Galès, Patrick Le Lidec, Federico Varese, Marco Cremaschi, Gabriel Feltran, Bruno Cousin, Charlotte Halpern, Tommaso Vitale).

Ce courant étudie les transformations urbaines en réponse à aux crises climatique et écologique (Charlotte Halpern, Joost de Moor, Patrick Le Galès, Tommaso Vitale, Bruno Cousin). Ce courant travaille en lien étroit avec l’Atelier interdisciplinaire de recherche environnementale (AIRE) de Sciences Po, coordonné par Joost de Moor, et l’axe Politiques environnementales du LIEPP co-dirigé par Charlotte Halpern, ainsi que les axes de recherche la Chaire Villes, logement et immobilier dirigée par Bruno Cousin.

Différents projets et programmes de recherche ambitieux sont en cours, sur la gouvernance métropolitaine des ressources environnementales (projets GREENUT et MEGOWAS), les plans climats locaux (projet CAPIn GHG) et le réchauffement urbain dans le cadre de comparaisons entre les villes d’Europe et d’Asie (Charlotte Halpern, Tommaso Vitale, Alvaro Artigas), l’analyse des effets du changement climatique dans les villes côtières et l'adaptation de ces villes (chaire Villes, logement et immobilier de Bruno Cousin ; projet post-doctoral de Cassandre Rey-Thibault), l’analyse comparée des mobilisations citoyennes liées à l’eau (face aux cas d'inondations et de sécheresse) par Tommaso Vitale (XRAS).

Enfin, nous discuterons de problèmes plus conceptuels tels que la pertinence de la catégorie de ville européenne à une époque d'urbanisation globale. Et de thèmes spécifiques comme les impacts de la mobilité de la cocaïne sur la violence dans les villes portuaires européennes (Gabriel Feltran) ; la financiarisation des politiques de logement dans différentes villes du monde (Patrick Le Galès) ; la dynamique évolutive de la ségrégation et ses effets sur le comportement politique dans les métropoles italiennes (Bruno Cousin et Tommaso Vitale) ; la régénération urbaine et l'héritage des Jeux Olympiques de Paris 2024 (Patrick Le Galès) ; la participation associative et bénévole dans les villes et métropoles (Tommaso Vitale) ; les mobilités entre Londres et Paris (Patrick Le Galès). Sur quelques-uns de ces thèmes, il est prévu de publier les résultats des projets WHIG coordonnés par Patrick Le Galès, du projet GLOBALCAR co-piloté par Gabriel Feltran, des projets Marg-In et R-Home auxquels a participé Tommaso Vitale (voir parties suivantes).

Section #programme-17-22

Programme scientifique 2017-2022

Sous la coordination de Virginie Guiraudon et Tommaso Vitale, les recherches de l’axe ont suivi trois grandes orientations :

Ce premier volet de recherche englobe une série de travaux empiriques et théoriques sur la gouvernance, la production et la régulation des métropoles suivant une démarche comparative, pluridisciplinaire et historique. Le projet WHIG (What is governed and not governed), piloté par Patrick Le Galès et associant plusieurs membres de l’axe, est exemplaire de la volonté du CEE d’engager une comparaison d’ampleur des métropoles européennes (Paris, Londres, Milan) et non européennes (São Paulo, Mexico) pour rendre compte des transformations dans la structuration et la régulation des grandes métropoles. De nombreux autres travaux, sur les politiques de transports, d’habitat, des finances publiques, irriguent ce programme de recherche avec la publication de trois ouvrages collectifs Gouverner la métropole parisienne (Presses de Sciences Po, 2020), La métropole parisienne : une anarchie organisée (Presses de Sciences Po, 2023) ; Gobernar la ciudad de Mexico (El Colegio de México, 2018). Ils ont bénéficié de partenariats avec le Crédit Foncier et la Société du Grand Paris. Patrick Le Galès a aussi travaillé dans la cadre d’une ANR ORA (2019-2022) sur la comparaison des marchés du logement et les processus de financiarisation à Paris, Londres et Amsterdam. Enfin, la chaire de recherche et d’enseignement “Villes, logement, immobilier” de l’École Urbaine de Sciences Po et du CEE est dirigée par Bruno Cousin après l’avoir été par Nordine Kireche. Patrick Le Galès poursuit également ses recherches sur la rénovation urbaine et l’organisation des Jeux olympiques 2024.

Un deuxième volet rassemble des recherches comparatives portant sur les populations marginalisées, ségrégées et/ou (im)mobiles. Bruno Cousin et Tommaso Vitale ont mesuré finement la ségrégation et les relations entre groupes sociaux à travers l’étude des caractéristiques socioprofessionelles des habitants des quartiers de plusieurs villes italiennes. Le projet européen R-Home, piloté à Sciences Po par Tommaso Vitale, compare les politiques qui visent explicitement les Roms vivant en bidonvilles ou autre logement insalubre en France, Italie, Roumanie, Hongrie et Espagne.

Les chercheurs et chercheuses de l’axe se sont intéressés également à la question des diversités socioculturelles dans les villes et la façon dont elles provoquent des recompositions rapides des formes de cohésion collective et de leur gouvernance. C’est un des enjeux de l'enquête sur les relations interculturelles à Sarcelles, miroir grossissant de la diversité, menée par Nonna Mayer et Vincent Tiberj. Laura Morales a piloté plusieurs projets d’envergure pour mieux mesurer et analyser l’intégration sociopolitique des minorités ethniques, notamment le programme COST Ethmigsurveydata, le projet FAIRETHMIGQUANT, le projet Inclusiveparl et le projet Repchance, et elle co-dirige l'axe de recherche sur les Discriminations et les politiques catégorielles au LIEPP. Virginie Guiraudon a piloté l’équipe française du projet H2020 BRIDGES sur les récits liés aux migrations en Europe et dirigé des travaux sur les enjeux sociopolitiques des lieux et des événements aux frontières de l’UE.

Marco Cremaschi a étudié l’accueil des réfugiés à Paris ainsi que l'intégration des migrants dans les villes de taille plus modeste en lien avec leur organisation spatiale, à travers le projet Villes moyennes : nouveaux lieux et nouveaux acteurs de l'accueil en Allemagne et en France. Ces dernières années, les États européens ont développé des plans de dispersion territoriale des demandeurs d’asile qu’il convient de comprendre et d’évaluer, ce que font dans leur thèse Soazig Dollet et Viviane Spitzhofer, dans une perspective comparée, tandis qu’Angeliki Konstantinidou travaille pour son doctorat sur la protection sociale des étrangers.

Par ailleurs, les responsables de l’axe sont fortement impliqués dans le pilotage de l’Institut Convergence Migrations et plusieurs doctorants et chercheurs y sont fellows. Les membres de cette thématique sont aussi impliqués dans le réseau européen IMISCOE. Enfin Virginie Guiraudon est l’une des initiatrices du GIEM, groupe international d’experts sur les migrations, soutenu par le LIEPP.

Ce volet développe des recherches sur les changements matériels et technologiques des territoires qui recomposent les urbanités et les modes de vie. Au sein des projets H2020 successifs CREATE, MORE et SUMP-PLUS, Charlotte Halpern a travaillé sur les dimensions historiques, politiques et institutionnelles des transitions vers une mobilité durable dans les villes européennes. Marco Cremaschi a piloté le projet Espon IMAGINE - Développer un imaginaire métropolitain-régional dans la région urbaine de Milan-Bologne. En outre, Antoine Courmont a coordonné la chaire “Villes et numérique” et développé des travaux sur les métropoles digitales et l’intégration des nouvelles technologies dans les modes d’habiter et l’urbanité, avec la participation d’un doctorant, Jean-Baptiste Chambon. Des travaux de thèse et de post-doctorat sur les données, les ZAD, le transhumanisme, la gestion des déchets bénéficient des réflexions autour de cette orientation de recherche. Elle s’enrichit des travaux de Dominique Boullier sur l’urbanité numérique.

Section #projets

Projets de recherche de l'axe

 

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Section #evenements

Événements de l'axe

En savoir plus sur les séminaires des années précédentes.

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