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13.06.2012
Présidentielle 2012 : les Américains face au doute
À propos de cet événement
Le 13 juin 2012 de 20:30 à 22:00
Par Patrick CHAMOREL, Professeur à l’université de Stanford. Il y enseigne les sciences politiques, à l’aulne des relations transatlantiques et des différences de systèmes politiques européens et français.
L’ élection présidentielle américaine de novembre 2012 intervient dans un contexte politique, économique et international fortement dégradé depuis la victoire de Barack Obama en 2008.
Le sentiment de malaise qui domine dans l’opinion publique tient d’abord à la situation économique. La très rude récession de 2008-2009 a été suivie d’une reprise molle et peu créatrice d’emplois, reprise qui n’est toujours pas ressentie par une majorité d’Américains. Dans un tel contexte, l’accroissement des inégalités et la rémunération des banquiers de Wall Street sont de plus en plus mal tolérés. Pour la première fois depuis l’avènement de la mondialisation, et face à la montée en puissance de la Chine, les Américains doutent de la supériorité de leur modèle économique.
Obama et le Congres sont accusés d’avoir fait exploser les dépenses publiques et la dette sans même réussir à relancer l’économie. La réforme du système de santé place aussi le président sortant sur la défensive. Enfin, le gouvernement souffre d’une quasi-paralysie pour résoudre les questions de l’emploi et de la dette, en raison de la radicalisation du parti républicain (émergence du Tea party sur l’aile droite du parti républicain depuis 2010) et de la polarisation extrême entre les deux grands partis et entre le président et le Congres. Sauf imprévu (l’Iran, une attaque terroriste, l’Euro?), la politique étrangère devrait n’apparaître qu’en toile de fond de la campagne.
Dans ce contexte général déprimé sur lequel il a peu de contrôle, Obama compte sur la droitisation du parti républicain, les failles personnelles et les erreurs tactiques du candidat républicain (Romney ou Gingrich?) pour pouvoir s’afficher comme le candidat du centre, où se jouera l’élection. Une élection inédite, sur fond de malaise et de lutte des classes (à l’américaine) dont l’issue demeure hautement incertaine.
Patrick CHAMOREL collabore également régulièrement au Wall Street Journal, Die Welt et CNN. Dans les années 1990, il fut conseiller politique à Paris dans plusieurs cabinets ministériels, à l’Industrie et auprès du Premier ministre.