Accueil>Madame Luce et son école pour jeunes filles en Algérie : retour sur la biographie d’une institutrice exceptionnelle (1804-1881)
04.06.2014
Madame Luce et son école pour jeunes filles en Algérie : retour sur la biographie d’une institutrice exceptionnelle (1804-1881)
À propos de cet événement
Le 04 juin 2014 de 19:45 à 22:00
En présence de Rebecca ROGERS, professeure en histoire de l’Education à l’Université Paris Descartes.
Spécialiste de l’éducation des filles, elle a publié des travaux sur les demoiselles de la Légion d’honneur, ainsi que sur l’histoire des enseignantes et de la mixité.
Présentation du livre: A Frenchwoman’s Imperial Story : Madame Luce in 19th-century Algeria, Stanford, Stanford University Press, 2014.
En 1845 Mme Véronique Eugénie Allix fait irruption dans les archives coloniales en réclamant le soutien des autorités pour l’ouverture d’une école de jeunes filles musulmanes à Alger. Selon elle, les femmes sont destinées à jouer un rôle clé dans la pacification de l’Algérie. Son plaidoyer en faveur de l’instruction féminine rencontre une écoute favorable auprès des militaires et administrateurs saint-simoniens présents à Alger dans ces premières années de la colonisation. Entre 1845 et 1861, plus de mille jeunes filles musulmanes reçoivent des leçons de lecture, d’écriture et de grammaire en langue française et elles apprennent aussi des techniques de broderie orientale censées leur procurer un talent utile et lucratif. Le changement de politique coloniale avec le projet de Royaume Arabe au début des années 1860 n’est cependant pas favorable aux femmes musulmanes.
Accusée par les notables musulmans de former des concubines pour les Européens plutôt que des femmes modestes pour les élites locales, l’école de Mme Luce est fermée en 1861 ; seul son « ouvroir », atelier de production, est maintenu. Il continuera à fonctionner, sous sa direction puis sous celle de sa petite fille, Henriette Benaben, jusqu’en 1915. Les broderies que l’une et l’autre fabriquent et collectionnent font aujourd’hui partie de la collection du Musée des Antiquités et d’Art musulman d’Alger. De cette initiative en faveur de l’instruction des jeunes filles musulmanes restent quelques beaux objets, mais guère plus, puisque l’histoire de l’Algérie coloniale s’écrit encore très largement au masculin.
Il s’agira dans la présentation de revenir sur les étapes d’écriture de la biographie consacrée à Madame Luce et d’insister sur ces enjeux pour une histoire sexuée de la colonisation en Algérie.