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15.11.2013
Europe et Barbarie, passé-présent
À propos de cet événement
Du 15 novembre 2013 à 10:15 au 16 novembre 2013 à 00:59
Journée d’études
Programme:
9h15 -13h00
• Introduction par Laurent MARTIN, Professeur des universités en Histoire, Paris 3
• Christian INGRAO, directeur de l’Institut d’Histoire du Temps Présent. Spécialiste du nazisme et du phénomène guerrier aux XXe et XXIe siècles : « La violence nazie, une barbarie moderne. »
• Jacques SEMELIN, directeur de recherches (CNRS) au CERI-Sciences Po : « Existe-t-il une voie européenne du génocide ? »
• Daniel OPPENHEIM, Psychanalyste et psychiatre (IDES): « Guérir après l’expérience concentrationnaire ?»
• Jean-François BOSSY, Professeur de Philosophie en Classes préparatoires, ancien coordinateur du Groupe de réflexion à l’INRP sur la question de L’enseignement des refoulés de l’histoire du XXe siècle : « Pérégrinations paradoxales de la banalité du mal : de l’espace-camp aux espaces scolaires et péri-scolaires contemporains »
14h15-17h30
• Introduction par Sylvain KAHN, Professeur agrégé, Sciences Po, cours d’Histoire de l’intégration européenne du Master affaires européennes; Chercheur au Centre d’histoire de Sciences Po
• Henriette ASSEO, membre du Centre de Recherches Historiques (UMR CNRS-EHESS); directrice scientifique pour la France du programme européen pluri-annuel Immigration of Romanian Roma to Western migrations (FP7-Migrom12 ) rattaché à la FMSH, laboratoire Tic-Migrations : « Les reformulations contemporaines de la «politique tsigane» et les usages de l’ethnopolitique. »
• Serge WEBER, Maître de conférence en géographie, urbanisme et aménagement, Université Paris-Est Marne-la-Vallée, Laboratoire Analyse comparée des pouvoirs : « Les politiques migratoires en Europe font elles reculer les droits de l’homme ? »
• Stéphane ROSIERE, Géographe, professeur à l’Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) : « Théorie et pratique du «nettoyage ethnique». »
• Jean-François MATTEI, professeur émérite de l’université de Nice, membre de l’Institut universitaire de France : « Vous avez dit «repentance» ? Sur la propension européenne à s’auto-flageller. »
Cette journée d’études s’inscrit dans une démarche initiée en 2012 lors du séminaire «Europe, Lumières et barbarie» jalonné par les communications de Audrey Kichelewski, Elissa Mailander et Jean-Frédéric Schaub.
Dans l’histoire de l’idée européenne, le barbare a d’abord été l’autre, l’étranger, celui qui ne maîtrisait ni la langue ni les usages, qui était d’autres mœurs et d’autre contrée. Puis, quand l’idéologie du progrès et de la raison devint dominante, le barbare fut, avec le sauvage, celui qui incarnait le passé de la civilisation, l’état d’une humanité restée proche de l’animalité dont le processus civilisateur avait peu à peu éloigné les peuples européens, pour le meilleur mais aussi pour le pire. Il fut encore l’envers du civilisé, l’ennemi de l’intérieur appartenant aux classes laborieuses et dangereuses ou bien, au contraire, la promesse de régénération d’une civilisation exténuée, décadente. Avec les grandes conflagrations mondiales, les massacres industriels, le suicide de l’Europe, la barbarie fut considérée non comme l’envers mais comme le prolongement de la civilisation, le triomphe de la raison instrumentale, l’achèvement d’un cycle historique.
Tous ces visages du barbare et de la barbarie sont aujourd’hui co-présents dans les représentations des Européens : le barbare est l’étranger qui cherche à forcer les portes de la forteresse Europe ; le représentant de cultures, de religions, d’ethnies que l’on estime plus ou moins inconsciemment inférieures aux nôtres (si tant est que l’on croie à l’existence de telles entités) ; c’est aussi ce prolétariat nouveau qui gonfle avec la crise et menace le désordre établi, l’agent historique de l’utopie pour certains, d’une contre-utopie pour d’autres ; c’est peut-être enfin l’Européen lui-même, quand il maltraite les minorités, instaure une société de surveillance ou ne respecte pas ses propres standards moraux.