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19.11.2025

Vivre et étudier à Mumbai : retour d’expérience de Nils, étudiant en double diplôme

Nils Lagrève est en deuxième année du double diplôme Global Urban Development entre l’École urbaine de Sciences Po et le Tata Institute of Social Sciences (TISS) à Mumbai, en Inde. Immergé depuis plusieurs mois dans la vie académique et urbaine de l’une des métropoles les plus dynamiques d’Inde, il partage avec nous les temps forts de son expérience.

Comment décririez-vous l'atmosphère et la vie sur le campus dE TISS ?

Tout d'abord, le campus est très verdoyant : arbres, plantes, oiseaux, singes, chiens et chats cohabitent avec les étudiants, les professeurs et le personnel. Cela mérite d'être mentionné, car on se sent vraiment dans une bulle de calme, de nature et de confort au sein d'un environnement urbain animé et parfois oppressant. Le campus est un environnement idéal pour étudier, mais aussi pour vivre. Je réside dans l'une des nombreuses résidences étudiantes du campus et j'en suis très satisfait. Je n'ai pas besoin de faire la navette, ni pour aller en cours ni pour manger, car il y a un réfectoire universitaire et un autre petit restaurant étudiant sur le campus. Les étudiants, les professeurs et le personnel sont sympathiques et toujours prêts à aider, à traduire et à discuter. La communauté étudiante est animée, même si les organisations et les festivités non conformes au programme nationaliste hindou du gouvernement tendent à être interdites. 

   le campus de TISS à Mumbai

Quels sont les ENSEIGNEMENTs qui vous ont marqué?

D’une manière générale, tous les cours étaient instructifs et pertinents. Les deux cours les plus intéressants étaient sans aucun doute « Planification de la ville indienne » et « Urbanisation et ville en Inde ».

Le premier commence par présenter une histoire critique coloniale et postcoloniale de l’urbanisme en Inde avant d'aborder quatre grandes trajectoires de la planification : l'informalité, les mégaprojets, la gouvernance hybride et les résistances. Ces trajectoires servent de point de départ à une analyse critique des défis de l'urbanisme contemporain et de l'échec de l'urbanisme et de la gouvernance urbaine à fournir des services et à faire face aux inégalités structurelles et à la marginalisation.

Le deuxième cours portait surtout sur ce qu’est l’urbanisme en Inde. Nous avons commencé par une introduction politique, économique et institutionnelle nécessaire. Ensuite, l'urbanisme est exploré à travers différents prismes tels que la caste, l'indigénéité, le genre, la migration ou l'amitié. Ce cours est particulièrement pertinent pour les étudiants étrangers, même si les Indiens peuvent également en tirer de nombreux enseignements.

Ces deux cours m'ont poussé non seulement à lire et à écouter, mais aussi à réfléchir activement à ce que j'apprenais. De plus, les professeurs fondent leur enseignement sur un large éventail de visites de terrain dans toute la ville, ce qui constitue un excellent moyen de découvrir Mumbai. 

Quelles ont été vos premières impressions en arrivant à Mumbai ?

Mes premières impressions sur Mumbai ont été partagées. D'un côté, j'étais enthousiaste, curieux et plein d'énergie à l'idée de découvrir et d'explorer les paysages urbains très diversifiés de Mumbai. De l'autre, j'éprouvais une certaine appréhension et une certaine prudence face à toutes ces choses que je voyais et que je ne comprenais pas encore tout à fait. Ces deux sentiments m'ont donné envie d'en savoir plus, de discuter et de lire pour mieux comprendre le nouvel environnement dans lequel je vivais. 

   Rues de Mumbai (Credits: Nils Lagrève)

Qu'est-ce qui vous frappe le plus dans la vie à Mumbai ?

Étant moi-même étranger en Inde, beaucoup de choses étaient nouvelles pour moi, mais je n'ai pas eu de difficulté à m'adapter. Vivre sur le campus est un privilège, car cela permet de s'éloigner de l'énergie intense de la ville. Je dirais que ce qui me frappe le plus, c'est la densité et la diversité de la population partout dans la ville. Mumbai est dense, Mumbai ne dort jamais, et Mumbai est constituée d'un tissu urbain très diversifié et inégalitaire. De plus, cette ville est en pleine croissance et cela se ressent. L'immobilier est en plein essor, les grues et les gratte-ciels en construction dominent désormais l'horizon, projetant des ombres qui ne parviennent pas à dissimuler les quartiers informels écrasés par les intérêts des entreprises et la corruption des politiciens. Dans les rues, les piétons tentent de se frayer un chemin à travers le trafic dense et les vendeurs ambulants vous proposent le meilleur chai et vada pav que vous ayez jamais goûté. En plus de tout cela, à l'est de Mumbai, accessible en train local, se trouvent les Ghâts occidentaux, des montagnes et des forêts magnifiques qui vous offrent un répit loin de la ville.

  Vue de Mumbai

Que recommanderiez-vous à un futur étudiant arrivant à Mumbai ?

Mes recommandations sont simples : la meilleure façon de découvrir une ville est de la parcourir à pied, qu'elle soit « praticable » ou non. Étudier au TISS est formidable, car cela permet d'avoir une perspective spécifique sur Mumbai. Il est situé dans le quartier M-Ward, l'un des plus pauvres de la ville, et s'y promener est très différent de se promener à Colaba, Chowpatty ou Bandra (les quartiers les plus riches de Mumbai). C'est en marchant que l'on ressent ces différences. Vous lirez beaucoup pour vos cours, mais c'est souvent en marchant que l'on comprend ce que l'on lit. Évidemment, si vous vous sentez à l'aise, n'hésitez pas à aller vers les gens, qui viendront souvent vers vous, surtout si vous êtes étranger (et connaître l'hindi, le marathi, l'ourdou ou toute autre langue indienne aide !). 

Qu'apprenez-vous ici que vous ne verriez pas ailleurs ?

Étudier à la School of Habitat Studies du TISS permet de bénéficier d'une formation sur les phénomènes urbains qui n'est pas centrée sur l'Occident. Les cours sont basés sur l'expérience urbaine indienne, ce qui est formidable car cela permet d'avoir une vision approfondie du contexte pluriel de l'Inde. De plus, ce focus sur l'Inde est très précieux pour comprendre les processus à l'œuvre dans de nombreux autres contextes postcoloniaux comme l'Asie de l'Est et du Sud-Est, l'Afrique et l'Amérique latine. Cependant, de nombreux cadres conceptuels, comme l'étude des impacts marquants de la libéralisation économique de l'Inde, peuvent également être utilisés pour comprendre les conséquences du néolibéralisme en Amérique du Nord et en Europe. 

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