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22.02.2023

Sciences Po et la guerre en Ukraine : un an d'actions et d'engagement

(crédits : Stéphanie Samper / Sciences Po)

L’invasion de l’Ukraine par les troupes militaires russes le 24 février 2022 a acté un changement historique considérable sur le continent européen. Après avoir refusé toutes les tentatives de médiation de la communauté internationale, la Russie a envahi un pays indépendant pour tenter d’anéantir sa souveraineté, terrorise son peuple, viole le droit international et brandit la menace nucléaire. 

Dès le déclenchement de l’agression russe, les étudiants, les enseignants, les chercheurs, les salariés et les alumni de Sciences Po ont été très nombreux à se mobiliser. Sciences Po s’est également engagé à accompagner toutes les propositions d’initiative de soutien au peuple ukrainien, à la communauté universitaire ukrainienne et aux valeurs européennes d’humanisme, de liberté et de solidarité, qui sont au cœur de l’institution. 

Son directeur Mathias Vicherat, le conseil scientifique et le conseil de l’IEP ont exprimé avec force, dès le 4 mars 2022, leur condamnation de la violence arbitraire et rappelé les valeurs humanistes portées par l’institution. C’est le cœur du projet originel de Sciences Po depuis sa fondation il y a plus de 150 ans, en faveur de la paix, des libertés académiques et de la solidarité.

Depuis sa fondation il y a 150 ans, Sciences Po, fervent défenseur des valeurs humanistes, est engagé pour la paix et la solidarité. Dès le déclenchement de l’agression russe en Ukraine, notre institution s’est montrée fidèle à sa tradition en ouvrant ses portes aux étudiants et aux chercheurs en exil à cause de cette guerre et en mettant tout en œuvre pour leur assurer un accompagnement matériel, financier, logistique et psychologique. Je veux remercier solennellement l’ensemble des communautés de Sciences Po, étudiants, enseignants, salariés et alumni pour leur engagement ainsi que l’ensemble de nos donateurs, dont la générosité a permis à Sciences Po de jouer pleinement son rôle d’université ouverte sur le monde, au cœur des enjeux contemporains. 

Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po.

En tant qu’université internationale de recherche, il est de notre devoir d’agir dès que les libertés académiques sont bafouées et de contribuer à la diffusion du savoir et des connaissances au plus grand nombre. Je salue le travail d’excellence mené par les chercheurs de Sciences Po et leur engagement dans le débat public. Tous les étudiants, enseignants et chercheurs empêchés de poursuivre leur travail peuvent compter sur Sciences Po pour leur ouvrir ses portes. 

Sergei Guriev, directeur de la formation et de la recherche de Sciences Po. 

Une université solidaire engagée pour les étudiants ukrainiens réfugiés

Dès l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, Sciences Po a manifesté sa solidarité à l’égard de l’Ukraine et des Ukrainiens.

Après avoir géré l’urgence du rapatriement et de la mise en sécurité des étudiants de Sciences Po de diverses nationalités partis en échange universitaire ou en stage en Ukraine ou en Russie, l’institution a accueilli dès mars 2022 des étudiants et étudiantes de nationalité ukrainienne contraints de fuir leur pays.

Depuis, environ 70 étudiants de nationalité ukrainienne ont été accueillis en programme d'échange sur les différents campus de Sciences Po, principalement à Dijon, Paris, Reims et Nancy. Ils sont issus de nos partenaires de la National University of Kyiv - Mohyla Academy (NaUKMA) ainsi que de l'Université Taras Shevchenko avec laquelle un nouveau partenariat avec Sciences Po a été signé suite à l’invasion.

Les étudiants ayant intégré un cursus diplômant ont bénéficié de la prise en charge intégrale de leurs frais de scolarité grâce à nos donateurs, ainsi qu'à une exonération partielle offerte par Sciences Po.

Par ailleurs, 11 étudiants ukrainiens inscrits à Sciences Po au moment de l'invasion, et ne pouvant rentrer en Ukraine, ont été accompagnés dans leur poursuite d'études. Une procédure d’admission exceptionnelle en master a été ouverte, avec des aides financières conséquentes dans ce cadre.

Grâce à l’engagement et à la générosité des donateurs de Sciences Po, les premiers étudiants réfugiés accueillis ont bénéficié également d'une bourse de 1 000 € par mois depuis leur arrivée, financée en grande majorité par les actions de levée de fonds. Depuis l'automne 2022. les étudiants en échange bénéficient d'une bourse de 1 100 € par mois dans le cadre du programme Erasmus+.

Au total, ce sont donc à ce stade plus de 900 000 € qui ont été engagés au titre du soutien aux étudiants ukrainiens exilés et réfugiés à Sciences Po. Par exemple, 750 000 € ont été réunis auprès de Ruth Stanton Foundation, Fondation Vinci pour la Cité, Eurazeo et de nombreux donateurs individuels pour offrir des bourses aux étudiantes accueillies en urgence. Sciences Po tient à remercier l’élan de solidarité et la mobilisation rapide et massive des donateurs, entreprises et fondations. En parallèle, le programme Erasmus+ a apporté une contribution essentielle à nos actions avec plus de 250 000 € pour financer des bourses.

Lors du déclenchement du conflit, 23 étudiants de nationalité ukrainienne étaient en cours de scolarité à Sciences Po, soit pour suivre le cursus du Collège universitaire ou un master, soit dans le cadre d’un échange universitaire. 

Pour ces étudiants qui se sont retrouvés isolés de leurs familles lors de l’invasion par les troupes russes sans pouvoir agir, puis à nouveau en lien avec des familles privées de l’accès à de nombreux services, Sciences Po a mis en place :

  • des aides financières, aides d'urgence ou encore un éventuel ajustement des frais de scolarité, report des échéances, etc.
  • un accompagnement dans les démarches liées aux prolongations de visa étudiant, le cas échéant.
  • une cellule de soutien psychologique accessible à tous.
  • un appui auprès des organismes de logements étudiants pour des demandes de prolongation, aides au loyer, ainsi qu'une mise à disposition d'offres de logement solidaire grâce à nos alumni.
  • des possibilités de prolongation de programme d'échange, voire d'étude d'une possible admission en programme diplômant.

Sciences Po, c’est l’école de l’engagement. Fidèles à cette identité, les étudiants de Sciences Po sont particulièrement mobilisés depuis le 24 février 2022.

Dès le déclenchement du conflit, de nombreuses actions de solidarité ont été menées sur les différents campus : accompagnement dans les démarches administratives, collecte et distribution de nourriture et de vêtements à destination de l’Ukraine, etc.

  • Les étudiants du campus de Dijon ont demandé à la direction, dès le 24 février 2022, de mettre en berne les drapeaux du campus et d’afficher les drapeaux ukrainiens sur les fenêtres du bâtiment. Un collectif s’est monté à l’initiative des étudiants de Sciences Po et de l’Université de Bourgogne rassemblant des lycéens et étudiants de la région Bourgogne-Franche Comté. Parmi les actions menées par ce collectif : la mise en place d’un point de collecte sur le campus, une campagne de levée de fonds pour la Croix Rouge, le recensement des hébergements disponibles, un partenariat avec le Secours Populaire pour des cours de FLE (Français Langue Étrangère)…
  • Sur le campus de Reims, plusieurs actions de levées de fonds et collectes ont été organisées au bénéfice des associations Rotaract, Central & Eastern European Association, Amnesty International et Intéragir.
  • Le collectif Ukraine Support SciencesPo a été initié fin février par un groupe d'étudiants de Sciences Po. Il vise à favoriser la mobilisation de toutes les communautés pour prôner la paix, apporter un soutien humanitaire et participer à la coordination des actions étudiantes à Paris.  Ce collectif a été partenaire de l’Association Sportive de Sciences Po pour organiser le 23 avril 2022 un cross solidaire inter-associations de 5 kilomètres. Les fonds collectés ont été directement à la Croix Rouge française pour financer ses actions en Ukraine (mise en place d’infrastructures vitales afin d’assurer un approvisionnement en eau, fourniture de produits de première nécessité et de matériel médical, premiers secours, soutien psychosocial…).
  • Sciences Po Alumni s’est aussi engagé en répertoriant des chambres et logements qui ont été mis à disposition gracieusement pour accueillir des étudiantes ou étudiants en situation d’urgence. Une collecte de vêtements a également été organisée.
  • Le 24 février 2023, deux étudiantes réfugiées organisent “365 days of war in Ukraine”. Un an jour pour jour après le déclenchement de l’agression russe, cette journée spéciale donne la parole à des intervenants de nationalité ukrainienne : responsables politiques, acteurs publics, experts… L'événement revêt à la fois un volet scientifique, artistique, avec deux expositions, et enfin, personnel, avec le témoignage scénographié de Masha Isakova, comédienne ukrainienne installée en France. Une collecte de fonds est également organisée.

Le 11 mai 2022, à l’initiative de l’ambassade d’Ukraine en France, le Président Volodymyr Zelensky a prononcé un discours à l’attention des étudiants des universités françaises dans un format exceptionnel et particulièrement symbolique. Diffusé dans les amphithéâtres de Sciences Po, ce discours a porté sur les conséquences dramatiques de la guerre, l’engagement de la jeunesse, l‘Union Européenne ou encore l’Otan.

En direct de Kiev : 60 min avec Volodymyr Zelensky. Mercredi 11 mai 2022.
(crédits : Stéphanie Samper / Sciences Po)

Lors des échanges avec les 900 étudiants réunis dans 3 amphithéâtres ouverts pour l’occasion, dont des délégations d’étudiants des universités partenaires de l’événement (l’INSP, l’École Polytechnique, l’Inalco, l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’Université Paris Panthéon-Assas, Sorbonne-Université, l’Institut d’Études Politiques de Lille, l’Université de Lyon, l’Université de Haute-Alsace, ou encore l’École du Louvre), le Président ukrainien a rappelé aux jeunes qu’“ils sont l’avenir” et qu’ils vont “décider de l’avenir de la France, de l’Ukraine et du monde”.

Ce discours a été diffusé en direct pendant une heure sur les principales chaînes d’information en continu en France. Relayés par la Conférence des Grandes Écoles, France Universités, la Conférence des directeurs des écoles françaises de management et la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, le discours de Volodymyr Zelensky a été suivi par des milliers d’étudiants réunis dans leurs amphithéâtres, notamment à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, l’Université de Haute-Alsace, la Rochelle Université, la COMUE Université de Lyon, l’École des Mines de Saint-Etienne ou encore à l’IUT de Béziers.

Plus de 30 000 personnes l’ont également suivi en direct sur YouTube. Revivez ici cet événement exceptionnel.

À l’occasion de la rentrée solennelle 2023 du campus de Dijon, placée sous le signe de l'Europe, Serhiy Kvit, Président de la National University of Kyiv-Mohyla Academy, l'un de nos partenaires depuis plusieurs années, est venu échanger avec notre communauté étudiante. Il a soulevé deux questions de fond - qui nous interrogent : comment continuer à étudier en temps de guerre et comment, malgré la guerre, penser à demain en ne sacrifiant pas une génération entière ?

Depuis l’invasion russe, Sciences Po a agrandi son réseau partenarial en Ukraine. Suite à la signature d’un accord de partenariat d’échange avec Taras Shevchenko en 2022, Sciences Po s’apprête à signer en 2024 un nouvel accord avec la Kyiv School of Economics, une école ukrainienne d’économie, d’affaires publiques et de management créée en 1996 au sein de NaUKMA. L’école est devenue un établissement à part entière en 2006.

Une université refuge, engagée pour la défense des libertés académiques

Accueillir les chercheurs en exil suite au déclenchement de la guerre

Suite à l’agression de l’armée russe en Ukraine, Sciences Po a très vite rappelé que ses portes étaient ouvertes aux chercheurs en provenance d’Ukraine et de Russie afin de leur offrir un lieu où poursuivre leurs activités en sécurité et le plus sereinement possible. 

Ainsi, dans le cadre du programme Pause auquel Sciences Po participe depuis sa création, avec l’accueil de 8 chercheurs depuis 2017, l’institution a accueilli en 2022 une chercheuse ukrainienne au sein de l'École Urbaine. Ce programme permet l’accueil de scientifiques en exil dans des établissements d’enseignement supérieur et / ou de recherche en France. Il assiste également les chercheurs dans leurs démarches et les accompagne dans leur insertion professionnelle.

Au cours de l’année 2023, Sciences Po va encore considérablement amplifier et renforcer sa politique d’accueil d’étudiants et de chercheurs en exil.

Affirmer la défense et la protection des libertés académiques à l'échelle mondiale

La liberté d’enseigner, de chercher, de publier et de diffuser des résultats de recherche est l’essence de l’université moderne car elle crée les conditions nécessaires à la créativité et à l'innovation scientifique, ainsi qu’à l'avancement des connaissances. Elle permet de s'affranchir des cadres de pensée établis (dogmes, théories dominantes, présupposés), de reposer différemment les problèmes et d'y apporter des solutions nouvelles.

La défense des libertés académiques est une priorité absolue de Sciences Po, comme l'illustre la récente nomination de son directeur à la tête de la mission de France Universités dédiée à cet enjeu. 

Dans ce contexte, Sciences Po a pris plusieurs décisions et ce, dès mars 2022 :

Depuis le 5 mars 2022, Sciences Po a suspendu l’intégralité de ses accords de coopération universitaire avec les universités russes. Cette décision a été prise à la suite de la déclaration de l’Union russe des Recteurs et Rectrices du 4 mars 2022. Soutenant la décision du président Poutine d’envahir l’Ukraine, elle appelait à un mouvement de solidarité des communautés universitaires russes en appui aux forces armées. Cela concerne les cinq accords d’échange à destination des étudiants, ainsi que son accord de double diplôme avec le MGIMO, l’Institut d'État des relations internationales de Moscou.

En parallèle, Sciences Po a proposé son aide à ses universités partenaires en Ukraine, notamment la National University of Kyiv - Mohyla Academy (NaUKMA), l’un de ses partenaires historiques, et l’Université Taras Shevchenko avec qui un partenariat a été signé en solidarité au mois d'avril 2022.

Pour le semestre d’automne 2023, Sciences Po a lancé son initiative solidaire pour venir en aide à son partenaire de la NaUKMA (National University of Kyiv-Mohyla Academy). Cette édition pilote très réussie a permis d’offrir 10 cours dispensés en anglais par le corps enseignant de de Sciences Po au bénéfice des étudiants de NaUKMA. Le dispositif a été renouvelé pour le semestre de printemps 2024 dans la mesure où notre partenaire fait toujours face à des besoins importants pour assurer la continuité et la richesse de son offre pédagogique.

Des enseignants chercheurs de Sciences Po ont été mobilisés pour dispenser des cours en présentiel à la NaUKMA de Kiev. Une trentaine d'étudiants a assisté en présentiel et distanciel aux cours dispensés par Jean-Pierre Filiu en février 2023. Si la plupart des étudiants présents sont en master, le cours a été ouvert à des étudiants en fin de premier cycle. Les questions ont été nombreuses, démontrant l'intérêt des étudiants pour l’approche "moyen-orientale" développée par le chercheur.
 

En tant que membre fondateur et coordinateur de CIVICA, ​​l'Université européenne des sciences sociales, qui réunit dix établissements d'enseignement supérieur formant une université européenne pilote, Sciences Po signait le 4 mars 2022 la déclaration commune de CIVICA sur cette guerre “illégale et injuste”, se joignant à la communauté internationale pour “demander l’arrêt immédiat des attaques”.

Sciences Po prend par ailleurs part au projet “CIVICA for Ukraine” lancé le 10 décembre 2022. Ce projet réunit les dix universités membres de CIVICA et cinq universités ukrainiennes. Il fournit un cadre de coopération visant à préserver le potentiel universitaire de l’Ukraine et à soutenir son enseignement supérieur en vue d'une coopération accrue avec les universités de l'Union européenne. Ce projet permet la participation concrète d'étudiants et enseignants-chercheurs issus d'universités partenaires ukrainiennes aux activités de l'alliance CIVICA et intègre une composante scientifique.

En 2023, Sciences Po a pu accueillir dans le cadre de CIVICA for Ukraine 10 étudiantes ukrainiennes de niveau bachelor qui ont activement participé à la CIVICA European Week 2023 sur le thème de "Ecological Transitions: Cities on the frontline" aux côtés des étudiantes et étudiants de Sciences Po et des autres universités membres de CIVICA. Sciences Po a en outre accueilli deux enseignants-chercheurs ukrainiens pour quatre semaines, afin d’intensifier les contacts de recherche et d’enseignement et de renforcer les liens avec nos universités partenaires dans le pays. 

En tant que membre fondateur de l’Alliance U7+, Sciences Po est également cosignataire des déclarations communes publiées en 2022. 

Le 18 mars, les 21 universités de l’U7+, dont Sciences Po, publiaient une déclaration commune condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie et appelant les établissements d'enseignement supérieur à se mobiliser pour soutenir les victimes et les autres personnes dans le besoin. 

Le 24 juin 2022, une nouvelle déclaration commune de l’U7+ à l’issue de son sommet annuel présidé par Mathias Vicherat, exhortait les dirigeants du Groupe des Sept (G7) à défendre la liberté académique, “avertissant qu'une résurgence de l'autocratie contrecarre l'autonomie institutionnelle de l'enseignement supérieur et sa capacité à remplir sa mission”. Dans cette déclaration, l'Alliance U7+ a également appelé les États membres du G7 “à veiller à ce que les universitaires puissent mener leurs travaux à l'abri des interférences politiques nationales et internationales”. Enfin, elle pressait le G7 de “soutenir les valeurs de paix et de société ouverte, en particulier le sort des réfugiés, et a insisté pour que tous ceux qui fuient les conflits soient traités de manière égale, sans distinction de race ou de toute autre identité”.

Toujours dans la lignée de son attachement indéfectible aux libertés académiques et attentif aux menaces répétées dont elles font encore l’objet dans la Fédération de Russie, Sciences Po a remis le 21 juin 2022 le titre de Doctor Honoris Causa à Elena Zhemkova, directrice exécutive de l’ONG Memorial. À travers la remise de ce titre, l’institution distingue cette organisation qui, à Moscou et dans toutes les régions de Russie, écrit depuis trente ans l’histoire des crimes de masse et des répressions politiques en URSS, et défend les droits humains dès qu’ils sont menacés. En octobre dernier, le travail de l’organisation russe Memorial a été salué par le Prix Nobel de la Paix.

Sciences Po soutient également le Centre pour les Droits humains de Memorial qui enquêtait sur les violations constantes des droits humains dans la Fédération de Russie.

Une université de recherche engagée dans l'analyse du conflit et l'étude des relations internationales sur la zone Eurasie 

Sciences Po, en tant qu’université de recherche de rang mondial, s’est engagé dès février 2022 à poursuivre et enrichir ses travaux, ainsi qu’à enseigner et étudier les grands enjeux de cette zone géographique. Fidèle à la mission que lui ont fixée ses créateurs il y a 150 ans, elle affirme ainsi son engagement d’acteur au cœur de la Cité qui contribue à dépassionner les débats de société, à accepter les regards contradictoires et à défendre le pluralisme des idées.

Mobilisation des centres de recherche pour contribuer à la compréhension des événements

La communauté scientifique a ainsi, dès les premières semaines du conflit armé, apporté son éclairage sur la situation en Ukraine à travers un flux continu de conférences, interventions publiques et entretiens, avec pour objectif d’apporter des outils de décryptage et d’analyse scientifique permettant à chacun de mieux comprendre les grands enjeux à l'œuvre dans la région.

Cet effort d’explication s’appuie sur les valeurs de Sciences Po : à l’heure où le multilatéralisme est bafoué et où les principes de coexistence entre États sont remis en cause, ce sont aussi les valeurs que porte et défend l'institution qui se jouent sur le territoire ukrainien, comme lors de toute invasion et annexion.

Retrouvez la liste des chercheurs et doctorants travaillant sur les conflits armés.

Parmi les centres de recherche particulièrement actifs, le CERI (Centre de recherches internationales de Sciences Po) travaille sur les relations internationales avec une approche résolument interdisciplinaire. 

Réunissant des politistes, sociologues, historiens, anthropologues, géographes ou encore économistes, il propose une lecture différente et holistique des grands événements et phénomènes qui animent les relations internationales. Outre l’étude de la diplomatie, ses chercheurs étudient les grandes aires géographiques et culturelles. Ils se distinguent par leur travail de terrain et leur maîtrise des langues de chaque pays et régions du monde qui leur donnent accès aux sources primaires et leur permettent de mener des enquêtes auprès des populations locales. 

Quatre de ses chercheurs, spécialistes de l’Ukraine et de la Russie, sont particulièrement impliqués et moteurs dans l’analyse des relations internationales de la région et coordonnent de nombreuses activités :

  • Anne de Tinguy, professeur des Universités, politiste et historienne, spécialiste des questions de relations internationales de la Russie et de l’Ukraine.
  • Marie Mendras, chercheur CNRS, spécialiste des évolutions politiques et sociales, et des processus électoraux en Russie, Ukraine et Biélorussie, ainsi que de la politique étrangère russe et des relations de Moscou avec les pays occidentaux.
  • Gilles Favarel-Garrigues, directeur de recherche CNRS, spécialiste des questions de déviance, de violence, de police et de justice à partir d’enquêtes menées principalement en Russie.
  • Kathy Rousselet, directrice de recherche, spécialiste du fait religieux et des églises orthodoxes à la période soviétique et dans l’espace post-soviétique.

Avec d’autres chercheurs renommés du CERI dont Bertrand Badie, Jacques Rupnik ou encore Christian Lequesne, ils multiplient les prises de parole et aident au décryptage dans les médias, en plus de leurs travaux universitaires.

Au total, ce sont une vingtaine de chercheurs et cinq doctorants du CERI qui travaillent directement ou indirectement sur le sujet du conflit ukrainien.

Depuis l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022, les chercheurs du CERI ont publié deux ouvrages, La Sainte Russie contre l’Occident (Kathy Rousselet) et Le Géant empêtré. La Russie et le monde de la fin de la Guerre Froide à l’invasion de l’Ukraine (Anne de Tinguy), auxquels il faut ajouter celui de Dominique Colas, professeur des Universités émérite, spécialiste de la pensée politique, Poutine, l’Ukraine et les statues de Lénine, ainsi que le livre de Gilles Favarel-Garrigues à paraître chez La Découverte.

L’édition 2022 de la publication annuelle du CERI Regards sur l’Eurasie, disponible en ligne (PDF, 6,8 MB) est entièrement consacrée aux conséquences de la guerre.

Parmi les thématiques des travaux menés en 2022 et ceux déjà prévus pour 2023, les conflits, les migrations, la sécurité-défense, l’armement nucléaire, ou encore les questions relatives à l’énergie, aux ressources et à l’environnement.

À leurs côtés, l’OFCE, le département d’économie et le Centre d'histoire se sont aussi également beaucoup mobilisés. Par exemple, des travaux ont été menés ou coordonnés par Sabine Dullin, professeur en histoire contemporaine de la Russie et de l'Union soviétique à Sciences Po, par Sylvain Kahn, professeur agrégé d’histoire spécialiste des questions européennes et de l’espace mondial, ou encore par Sergei Guriev, qui est entre autre l’auteur de l’ouvrage Spin Dictators : the changing face of Tyranny in the 21st century sorti au printemps 2022. 

Confronté à la problématique de la conduite des recherches dans plusieurs pays, c’est un sujet sur lequel les chercheurs du CERI vont se pencher lors d’une série de séminaires prévue au premier semestre 2023. Ensemble, ils discuteront « à chaud » des conditions d’accès et de collecte des sources, des découvertes et des renoncements, des bifurcations et reproblématisations que le terrain conduit à opérer par rapport au projet initial, des problèmes de traduction, des perspectives de traitement des données produites, etc. Le sujet du caractère sensible du terrain avait déjà été abordé en 2021 lors d'un colloque.

De multiples ressources pour nourrir la compréhension et l’analyse du conflit

Dès février 2022, la communauté académique de Sciences Po a proposé des cycles de conférences pour donner des clés de lecture sur les événements qui se passaient à l’Est de l’Europe et les incidences qu’elles pouvaient avoir au niveau mondial. Au total, une quinzaine de conférences ont été données à Sciences Po sur le sujet de l’Ukraine.

En février 2023, un an après le déclenchement du conflit armé, trois conférences sont prévues :

Le 14/02 : "Le choc de la guerre en Ukraine : l’Eurasie un an après le 24 février" : lancement de l’étude annuelle sur l’Eurasie qui concerne cette année la question ukrainienne (dirigée par Anne de Tinguy). Cette conférence est organisée à l’occasion de la publication de Regards sur l’Eurasie. L'année politique 2022, sous la direction d'Anne de Tinguy, dans la collection “Les Études du CERI” (n°266-267).

Le 21/02 : Séminaire du groupe "Mondes post-soviétiques" du CERI, notamment avec Gilles Favarel-Garrigues et Dominique Colas ; sera présenté son ouvrage Poutine, l'Ukraine et les statues de Lénine aux Presses de Sciences Po (janvier 2023).

Le 23/02 : Conférence Débat “Les Églises dans la guerre en Ukraine”organisé dans le cadre de la Chaire d'études sur le fait religieux avec Kathy Rousselet autour de son ouvrage La Sainte Russie contre l´Occident.

Les centres de recherche de Sciences Po publient régulièrement les résultats de leurs travaux ou les actes et conclusions de leurs conférences et séminaires de recherche. Attachée à la diffusion des savoirs, Sciences Po met ces ressources à disposition des citoyens.

Le CERI par exemple centralise l’ensemble des ressources produites par le centre de recherche dans une page web actualisée en continu sur le site du centre de recherche. Y sont référencés des articles, podcasts, entretiens, interventions dans les médias, événements, dossiers thématiques réalisés par les chercheurs et doctorants. La page présente également les ouvrages publiés sur la thématique ou des sujets proches.

Un Dossier du CERI consacré à l’Ukraine est également disponible en ligne et réunit 18 textes originaux consacrés aux différentes dimensions du conflit.

Le Centre d’histoire publie aussi régulièrement des articles d’analyse. Par exemple : “La guerre en Ukraine rappelle à quel point l’identité nationale reste structurante”, conversation avec Sabine Dullin, The Conversation, décembre 2022 ou encore “L'Europe à l'épreuve de la guerre”, par Sylvain Kahn, Terra Nova, 24 mars 2022.

Du côté du département d’économie ou de l’OFCE :

Guerre en Ukraine et hausse des tensions internationales : quel impact sur le PIB ? Analyse empirique de l’économie mondiale et de six pays avancés à partir d’un indicateur de « risque » géopolitique”, Raul Sampognaro, décembre 2022.

Comment accueillir les réfugiés ukrainiens ?”, par Grégory Verdugo, blog de l'OFCE, 18 mars 2022.

Guerre en Ukraine : quels effets à court terme sur l’économie française ?”, par Xavier Ragot, blog de l'OFCE, 12 mars 2022.

Dépendance commerciale UE-Russie : les liaisons dangereuses”, par Céline Antonin, blog de l'OFCE, 4 mars 2022.

Guerre en Ukraine : l’économie russe, résistante aux sanctions, est à la peine”, par Sergei Guriev, site de Sciences Po, 4 mai 2022.

L’agriculture ukrainienne sous tension”, par Sandrine Levasseur, blog de l'OFCE, 12 mai 2022.

Les chercheurs de Sciences Po ont été prolixes en publications donnant à réfléchir sur le conflit ukrainien, publiés depuis le déclenchement de la guerre armée mais également avant.

Par exemple, au sein du CERI :

2022

La Sainte Russie contre l'Occident, Kathy Rousselet, Salvator

Le Géant empêtré. La Russie et le monde de la fin de l'URSS à l'invasion de l'Ukraine, Anne de Tinguy, Perrin

La bienveillance dans les relations internationales, Frédéric Ramel, CNRS Éditions

Repenser les choix nucléaires. La séduction de l'impossible, Benoît Pélopidas, Presses de Sciences Po

2020

Un prix à la vie. Le défi politique de la juste mesure, Ariel Colonomos, Presses Universitaires de France

Blended Conflict in Eastern Ukraine: Evolutions, Effects and Prospects, CERI, Podcast, janv. 2020 / Open Access

2019

La Russie dans le monde, Sous la direction d'Anne de Tinguy, CNRS Éditions

L'Enjeu mondial. Populismes au pouvoir, Sous la direction d'Alain Dieckhoff, Christophe Jaffrelot et Élise Massicard, Presses de Sciences Po

2018

L'Enjeu mondial. Guerres et conflits armés au XXIe siècle, Sous la direction de Benoît Pélopidas et Frédéric Ramel, Presses de Sciences Po

2015

Diplomatie de l'arrogance. Le cas de la Russie dans les pays baltes, Emilija Pundziute-Gallois, L'Harmattan

2014

Un an de crise en Ukraine, étude réalisée pour la Délégation aux Affaires Stratégiques du Ministère de la Défense, dir. Anne de Tinguy, déc. 2014 / Open Access

La frontière épaisse. Aux origines des politiques soviétiques (1920-1940), Sabine Dullin, Éditions de l'EHESS

Le temps des humiliés : pathologie des relations internationales, Bertrand Badie, Odile Jacob

2013

Justifier la guerre ?, Sous la direction de Gilles Andréani et Pierre Hassner, Presses de Sciences Po

2011

Représentations du monde dans l'espace postsoviétique, Sous la direction d'Anne de Tinguy, CNRS Éditions (Anatoli n°2)

La Russie et ses frontières : des bouleversements de l’ouverture à la réorientation des espaces et aux désarrois post-impériaux, CERISCOPE Frontières, 2011 / Open Access

2010

La Russie contemporaine, Sous la direction de Gilles Favarel-Garrigues et Kathy Rousselet, Fayard (Les grandes études internationales)

2007

Russie : l'envers du pouvoir, Marie Mendras, Odile Jacob

Et enfin le dossier Guerre en Ukraine du site institutionnel de Sciences Po !