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04.08.2021

Le sport à Sciences Po, toute une histoire

Rediffusion : cet article a été initialement publié en septembre 2016.

Si l’École libre des sciences politiques compte parmi ses étudiants célèbres Pierre de Coubertin, l’initiateur des Jeux Olympiques, force est de constater que l’institution n’a pas laissé de souvenirs impérissables dans les annales des compétitions sportives universitaires. Serait-ce dû à sa localisation urbaine et à ses locaux étriqués ? Toujours est-il que le sport n’a pas été négligé par les dirigeants de l’École. Tout au contraire, ces derniers se sont efforcés de lui donner la place – dans tous les sens du terme – qui lui revenait.

Élites & Gentlemen

L'École libre des sciences politiques doit beaucoup au milieu protestant et anglophile qui l’a portée sur les fonts baptismaux. L’aristocratique référence anglaise explique la fascination pour le modèle Public Schools et d’Oxbridge, hauts lieux de la Liberal education des gentlemen. Or, le gentleman anglais est un sportif accompli. Qu’à cela ne tienne, l’éducation physique fera partie du curriculum de l’École libre !

Pierre de Coubertin

Le jeune Pierre de Coubertin, qui partage déjà cet idéal, fréquente l’École entre 1884 et 1886 pour y préparer une carrière diplomatique et politique. Il y rédige une biographie de Thomas Arnold, Head of Rugby School et théorise les rapports entre pédagogie et sport, éducation morale et éducation physique.

Le sport est « une science dont l’objet est de faire des hommes [1] » : l’esprit d’équipe et de compétition, le fair play et l'émulation, l’endurance et la volonté doivent régénérer les élites dirigeantes, viriles et bronzées en même temps que vertueuses et respectueuses. L’introduction du sport dans les établissements scolaires et universitaires est au cœur de la « grande réforme pédagogique » dont il se veut l’initiateur.

Pratiquer le sport à l'École libre des sciences politiques

Plus facile à dire qu’à faire ! L’obstacle, et non des moindres, est le manque flagrant d’espace, absolument nécessaire à l’exercice de la culture physique. Aussi faut-il attendre 1931 pour que naisse la première association sportive dirigée par Armand Crestois ; 1934 pour que soit installé dans l’entresol de l’aile des amphithéâtres un gymnase (salle René-Seydoux) ; 1936 pour que l’escrime s’impose comme le sport favori des étudiants ; 1941 enfin pour que l’éducation physique, Vichy oblige, soit rendue obligatoire. Athlétisme, escrime, courses à pied et relais feront le bonheur des étudiants, faisant dire à certains, goguenards et provocateurs, que « le meilleur cours de l’École, c’est la culture physique [2] » !

Sous les couleurs des Noirs et Jaunes, le sport fait une entrée remarquée à l’École des sciences politiques et y prospérera !

Marie Scot © tous droits réservés

[1] P. de Coubertin, « L’éducation athlétique », Conférence faite le 26 janvier 1889 à l’Association Française pour l’Avancement des Sciences, AFAS, compte rendu de la 18è session, Paris, Masson, p. 15-25, tirage à part, Paris, imp. Chaix, 1889.

[2] P. Rain, J. Chapsal, L’École libre des sciences politiques.Suivi de l’École et la guerre : la transformation de son statut, Paris, Fondation nationale des sciences politiques, 1963, p. 115.

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