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30.09.2022

Masterclass de Benjamin Millepied : l'importance de l'intégrité artistique

Benjamin Millepied, danseur, chorégraphe, réalisateur et directeur du L.A. Dance Project

Benjamin Millepied, danseur, chorégraphe, réalisateur et directeur du L.A. Dance Project, s'est illustré sur l'estrade de l'amphithéâtre Chapsal de Sciences Po au 27 rue Saint-Guillaume. Il était le premier invité de la saison aux “RV de la Création” et avait choisi comme intitulé de son intervention le sujet plutôt mystérieux “espace et création”. Ces masterclass créatives organisées chaque année par l'École du Management et de l'Impact (EMI) proposent à des artistes (danseur, musicien, architecte, chef, designer, etc.) de discuter avec les étudiants de leur processus de création et parti-pris artistique. Natacha Valla, doyenne de l'EMI, explique en introduisant le prestigieux invité que les étudiants ne peuvent que bénéficier de ces rencontres s'ils souhaitent travailler dans le secteur des industries créatives. Le journalist Alexandre Kouchner, modérateur, ajoute : “vous les aiderez demain à créer, ou à créer le contexte qui leur permettra de créer, si vous ne créez pas vous-même.”

La danse comme “pure expression de la vie”

Benjamin Millepied a livré de précieuses confidences aux étudiants de l'EMI au sujet de son parcours professionnel et des origines de sa passion pour différentes formes d'expression artistique.

Ayant grandi au Sénégal, l'invité révèle avoir en réalité l'impression d'avoir “dansé toute sa vie”. Il exprime auprès des étudiants la joie et la "pure expression de la vie" que la danse a très tôt représenté pour lui. Il a renforcé plus tard sa technique par des cours de ballet à Lyon à partir de ses onze ans. Il est devenu danseur professionnel dès ses dix-sept ans en suivant son envie d'intégrer le New York City Ballet, une compagnie qui permettait à ses yeux aux danseurs de s'exprimer tout en donnant une place importante à la musique.

Admirateur dévoué des chorégraphies de George Balanchine à New York, le danseur suit assez vite dans sa carrière son intérêt pour l'activité de chorégraphe. Il se souvient d'ailleurs qu'une de ses premières créations en tant qu'enfant fut autour des poèmes de Louis Aragon mis en musique par Léo Ferré, un alumni de Sciences Po ! Cette nouvelle corde à son arc a été l'occasion parfaite pour Benjamin Millepied d'exploiter également son intérêt pour le cinéma et la photographie en créant des spectacles multi-formes. En effet, l'artiste s'est passionné dès l'adolescence pour la photographie (avec l'appareil de son grand-père) et pour les documentaires. Il a pu profiter de ses dons lors de son dernier spectacle, “Romeo and Juliet”, présenté à Paris : les danseurs partagent la scène avec un écran sur lequel ils sont filmés en direct.

L'amour que l'invité de la masterclass porte au cinéma est mutuel. Non content d'avoir été invité à imaginer les scènes de danse mythiques de Black Swan ou du dernier Dune, l'artiste a même réalisé son premier film, Carmen, cette année. Une étape naturelle pour le créateur qui considère “qu'être un bon réalisateur correspond à être un bon chorégraphe”, il s'agit juste de "contrôler encore un peu plus l’oeil du spectateur".

Diriger une compagnie de danse : “les danseurs sont essentiels

Fort de son expérience de fondateur et directeur de sa propre compagnie de danse, L.A. Dance Project, depuis 2021, Benjamin Millepied profite de son intervention pour donner des conseils aux étudiants de l'EMI sur la meilleure façon de travailler avec des artistes, et particulièrement des danseurs.

L'une des particularités de son école de danse réside dans l'absence d'expérience solide en danse de certaines recrues, le directeur faisant confiance à son instinct. Les valeurs au coeur de sa relation avec ses danseurs pourraient être le respect et la curiosité, il choisit des gens qui “l'attirent” et qu'ils trouvent “intéressants”. Le travail est ensuite mutuel pour construire la “sculpture vivante” qu'est un spectacle de danse. Benjamin Millepied est un chorégraphe qui aime les “accidents” et se nourrir de ce que proposent les danseurs. Il cite en parfait exemple le ballet “Serenade” de George Balanchine au cours duquel des danseuses forment une composition en triangle rejointe par une autre danseuse qui émerge des coulisses pour les rejoindre : cet ajout est en fait né du retard d'une danseuse à une répétition !

Benjamin Millepied a également souhaité expliquer à son public étudiant comment monter un spectacle économiquement viable sans compromettre son intégrité artistique. Il choisit l'exemple de son spectacle “Romeo and Juliet”, qui a fait salle comble sur les 11 dates programmées. Il se plait à travailler sous contraintes :  afin d'équilibrer son budget, il a produit le spectacle avec seulement 16 danseurs, 25 lumières, un écran et une caméra. Il a du s'accommoder d'une scène de concert (la Scène Musicale), il a réarrangé lui-même la musique, sans jamais trahir sa vision artistique. Il a choisi de faire le pari d'une distribution tournante, certains soirs le couple iconique est dansé par une femme et un homme, d'autres soirs par deux hommes et certains soirs par deux femmes. Une interprétation aussi moderne d'un ballet si connu a été un choix évident pour lui et ne représente que ce qui est une réalité pour les danseurs comme le grand public. En tant qu'ancien directeur de la danse à l'Opéra de Paris, Benjamin Millepied ne supporte plus d'entendre : "on a toujours fait comme ça"… Lorsque les danseurs se sont adonnés à leur art sur le parvis de l'opéra Garnier durant la crise du COVID, certains passant n'avaient jamais vu de ballet et ont été émus aux larmes. Le directeur et danseur en est persuadé, le public veut se sentir inclus et réprésenté.

Alexandre Kouchner a terminé la masterclass en piégeant le célèbre danseur avec la coutume selon laquelle chaque invité des “RV de la Création” doit créer une oeuvre en direct. En tant que spécialiste du “mouvement des corps dans l'espace”, Benjamin Millepied a co-créé avec le public une courte chorégraphie en sept mouvements qui a fini sur le geste symbolique et littéral d'un poing levé vers le ciel.

EN SAVOIR PLUS :

Le replay complet de la masterclass (en anglais)

Master communication, médias et industries créatives

L’école du Management et de l’Impact (EMI) de Sciences Po

Le projet pédagogique de l’EMI

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