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27.08.2021
Les villes et la Covid : regards croisés d’Emmanuelle Cosse et Champaka Rajagopal
Le 26 août avait lieu la leçon inaugurale de l’École urbaine sur la thématique « comment les villes font-elles face aux défis liés à la Covid » en présence d’Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l’habitat, ancienne ministre du Logement et de Champaka Rajagopal, professeure invitée de l'Université Azim Premji (Inde) et consultante indépendante pour des organisations indiennes et internationales.
"En France, se pose la question de comment faire société dans un cadre urbain?"
Emmanuelle Cosse, qui vient de rejoindre le conseil stratégique de l’École urbaine, a rappelé le caractère clef de se former aux questions urbaines qui sont également capitales sur les plans sociaux et démocratiques. « On manque actuellement de regards sur comment penser la forme urbaine, comme objet politique, social qui peut être à l’origine d’inégalités, de changements: encourager ou, à l’inverse, défavoriser ».
La présidente de l’USH a ensuite rappelé tout l’intérêt de la période entre saut générationnel sur la question du climat - on s’interroge désormais sur comment supporter le dérèglement climatique et non plus le corriger - et questionnements directement liés à la pandémie : comment expliquer que les « professions essentielles au pays » identifiées pendant la période Covid - généralement payées au Smic - ne peuvent souvent plus se loger près de leur emploi ? Nombreux sont ceux qui souhaitent quitter les grandes métropoles pour plus de confort de vie, quid du report sur des villes moyennes qui n’ont parfois pas les services publics, les infrastructures nécessaires ?
Plus globalement, se pose la question de l’aggravation des inégalités de patrimoine qui créent des scissions sociales fortes : la ville bas-carbone ne sera-t-elle pas à l’origine d’une ségrégation encore plus forte ? Autant de questions clefs auxquels devront se confronter les étudiants et professionnels de demain.
"En Inde on assiste à un patchwork d'institutions et de solutions faiblement coordonnées qui ne fonctionnent pas".
Champaka Rajagopal a quant à elle brossé un portrait alarmiste du vécu de la crise par la population indienne. Elle a expliqué comment l’absence de décentralisation de la gouvernance urbaine en Inde a eu un impact négatif sur la politique des villes et a exacerbé les incertitudes et les risques pour la population.
Elle a à ce titre ajouté que la pandémie avait mis en évidence des risques imprévus : l’effondrement de la croissance, la négligence de problèmes écologiques urgents, la perte sans précédent d’emplois et d’abris, la faim.
S’interrogeant sur la responsabilité des étudiants en tant que futurs décideurs publics, Champaka Rajagopal les a engagés à construire des visions collectives. Ainsi, a-t-elle développé, il faudra organiser des partenariats, avec des institutions imparfaites, désorganisées pour provoquer l’engagement autour de responsabilités mutuelles et aboutir à des compromis.
« Your futures are not made of mear careers, they're made of solid commitment to dealing with uncertainties and risks moving forward. The imagination on how to craft your trajectory is boundless, it's all yours, go for it! »
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