Les incubés de Sciences Po : Necense

Thomas : Je suis étudiant dans le double diplôme entre le Master de Finance à Sciences Po et d’Economie à la Bocconi University. J’ai cofondé Necense en 2022, m’occupant principalement de la stratégie commerciale et marketing. J’ai eu plusieurs expériences dans la stratégie d’entreprise et des organisations qui ont renforcé mon profil.
Armand : Je suis étudiant en M2 du master Finance et Stratégie, mention Finance. J'ai participé au lancement de Necense au cours de ma troisième année de Collège Universitaire à Sciences Po. Lors de mon échange à Tel Aviv, Thomas m'a fait part de son projet de révolution du secteur de la boisson repensant le cycle de production et de consommation. J’ai contribué aux débuts de l'entreprise et j'ai ensuite travaillé sur les enjeux financiers, sujets que j’ai pu également explorés lors de ma césure en fusions-acquisitions et en private equity.

Thomas : L’idée m’est venue en Israël, lors de mon échange universitaire. Mes camarades de promotion lançaient tous des startups en parallèle de leurs études. Pourquoi attendre
d’avoir Bac+5 pour commencer à avoir de l’impact sur le monde alors que notre maison brûle ? Avec Damien Duquesne (fondateur de 750grammes) et Armand, nous avons commencé à travailler sans relâche sur Necense. Peu de temps après, Charlotte Figarede rejoignait le projet pour structurer la stratégie.
Armand : La première motivation du lancement de Necense est son impact très concret. Le fléau du plastique et de l'empreinte carbone du secteur des boissons force à l'action. L'avantage de Necense est d'avoir un impact concret à chaque vente, répondant aux besoins des restaurateurs en leur permettant de proposer une alternative plus gourmande, durable et saine aux sodas industriels. Enfin, cette aventure humaine est l’opportunité d’apprendre et de travailler aux côtés d’associés complémentaires qui sont devenus des amis.

Thomas : La chaîne de valeur des boissons a été pensée au 20ème siècle. Elle ne répond plus aux besoins du 21ème siècle. Les boissons traditionnelles épuisent les nappes phréatiques et sont à l’origine de la production de milliards de bouteilles tous les ans qui détruisent notre environnement. 

Le premier problème que Necense adresse est la réduction des déchets plastiques et en verre. En proposant des préparations de boissons plutôt que des bouteilles/canettes, Necense élimine le besoin de bouteilles jetables, contribuant ainsi à la diminution des déchets plastiques et en verre (dont seulement un quart sont recyclés). Par ailleurs, notre solution permet de réduire le transport d'eau, entraînant une baisse significative des émissions de CO₂ liées à la logistique. Enfin, Necense rend accessible des produits écologiques et gourmands. En effet, le coût de revient pour nos clients restaurateurs est équivalent à celui d'un soda industriel. Cela rend accessible à un plus grand nombre des produits de meilleure qualité, grâce aux économies faites sur les bouteilles et le transport.

Armand : Nous sommes la seule solution de boisson solide qui existe, sous la forme de sachets en papier krafts recyclés et recyclables. Nous avons beaucoup travaillé deux points qui nous démarquent: la marge brute par verre et la qualité gustative de nos produits. Beaucoup de solutions alternatives aux boissons traditionnelles ne parviennent pas à gustativement convaincre les consommateurs. Du côté de Necense, même Alain Ducasse a validé… Cette alternative aux boissons en bouteille/canette permet aux restaurateurs de réaliser leurs boissons rapidement (5 minutes de préparation et 1h d'infusion), se différenciant par une empreinte carbone divisée par 7, un gain de place au restaurant et (surtout) des saveurs naturelles et made in France.

Armand : Avoir atteint 1 million de bouteilles économisées. Non seulement on a lancé une activité pérenne mais on peut déjà en constater les effets positifs pour tous. C’est tout le sens d’avoir fait nos études : comprendre le monde pour le changer.

Thomas : Les grandes étapes réalisées à ce stade sont la confirmation de l'intérêt de notre solution par nos clients. Nous avons dépassé les 250 clients restaurateurs en 2024, avec 150+ clients récurrents. Par ailleurs, nous avons lancé notre produit en BtoC (Business to Customer) avec deux collaborations avec la Grande Epicerie de Paris et Nature et Découvertes en 2024. Notre ambition pour 2025 est de continuer notre déploiement avec de nouvelles embauches en développement commercial en Ile-de-France et dans le Sud-Ouest. La prochaine étape ? Recruter, ouvrir plus de lieux de ventes BtoC et surtout développer de nouvelles saveurs. Nous avons de fortes ambitions sur le BtoC pour rendre accessible Necense au plus grand nombre.

Thomas : Il est difficile d’inventer une nouvelle solution dans un secteur fossilisé. On a rien lâché, et ça commence à marcher. 
Le principal défi a été de jongler entre ma scolarité à Sciences Po et le développement de Necense. En effet, la gestion simultanée de ces deux engagements représentait une charge importante en termes de temps et d’énergie. Cela m'a poussé à développer une organisation rigoureuse pour équilibrer mes priorités afin de ne pas me laisser happer par les urgences. Cela m'a également montré l'importance de la communication avec les autres membres de l'équipe pour gérer les périodes plus intenses comme par exemple les révisions de partiels.

Thomas : L'entrepreneuriat est la façon la plus rapide de changer les choses autour de soi. En 2 ans, nous avons déjà supprimé plus d’un million de bouteilles.
Armand : Je me suis lancé dans le projet Necense sans que l'entrepreneuriat soit une fin en soi, étant plus motivé par le projet en lui-même que le statut inhérent. Cependant, cette première expérience m'a donné goût à cette combinaison de liberté et de responsabilité propre à l’entrepreneuriat qui guidera sans aucun doute mes futurs choix professionnels.

Thomas : L’incubation nous a offert un accompagnement personnalisé et un accès à un réseau d’experts, d’alumni et de partenaires clés. Les événements de réseautage organisés par le
Centre nous ont aidé à nous connecter avec des experts et des candidats motivés pour nous rejoindre!

L'incubateur de Sciences Po est un lieu privilégié pour lancer son entreprise. En effet, l'émulation avec les autres porteurs de projet ainsi que les cours permettant de se familiariser avec les facettes de l'entreprise que l'on maîtrise moins sont particulièrement intéressants. Par ailleurs, l’emphase portée sur l’impact nous a permis de mieux comprendre comment appréhender les leviers de création de valeur qu’est l’impact environnemental.

Thomas : Le conseil que je donnerais serait celui de s'associer. En effet, je pense que de partager cette riche aventure permet de partager ses questionnements et bénéficier d’une complémentarité, atouts cruciaux dans le succès d'un projet entrepreneurial. Comme tous les conseils, celui-ci ne s'applique pas forcément à tous, comme le montre brillamment Nils Escurat chez Kayba (promo Incubateur 2024).