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18.06.2021

Les enjeux mondiaux analysés par CIVICA : 11 projets de recherche sélectionnés

Penser le monde dans un cadre qui associe 10.000 chercheurs européens, tel est le défi que se fixe le volet recherche de CIVICA, université européenne des sciences sociales dont Sciences Po est partie prenante.  L'ambition de CIVICA Research est de réunir une diversité d'analyses et d’approches sur les grands défis mondiaux : la construction européenne, les enjeux auxquels font face les démocraties, la transformation des sociétés, les crises environnementales, l'impact du numérique sur les sociétés mais aussi leur usage au service des sciences sociales ...

À l'issue du premier appel à projets de CIVICA Research, onze projets de recherche vont être lancés, rassemblant de trois à six universités partenaires de CIVICA. Les  chercheurs de Sciences Po participent à cinq de ces projets et sont à l'origine de deux d'entre eux. L'un s'attache à analyser les antécédents du malaise démocratique, le second se penche sur l'impact du numérique sur l'évolution des comportements politiques et vise à préfigurer la création d' un Observatoire européen de la polarisation des idéologies.

"Nous avons été impressionnés par le nombre de propositions exceptionnelles que nous avons reçues," a déclaré Carsten Q. Schneider, professeur au département des sciences politiques de la Central European University et co-président du comité d'évaluation. "Au vu des projets de recherche de grande qualité, les membres de CIVICA ont décidé conjointement d'augmenter le financement disponible à environ 400 000€." Le financement provient des fonds Horizon 2020 de CIVICA, de sources de financement nationales et des ressources propres des partenaires. 

Projets dirigés par Sciences Po

  • La démocratie et ses mécontentements. Un examen historique des difficultés actuelles de la démocratie

Que les démocraties modernes sont aujourd’hui confrontées à des difficultés majeures, voire à une crise profonde, fait consensus. Les études existantes identifient nombreux s de ses principaux moteurs et manifestations : inégalités , racines et nature des défis populistes et anti-systémiques actuels, redéfinition des identités nationales et relâchement de l’homogénéité ethnique et linguistique de nombreux États-nations, interdépendance entre les États-nations démocratiques...

Ce projet vise à compléter ces études par des recherches historiques approfondies capables de définir une généalogie de malaise, en identifiant ses antécédents   afin de les comparer aux difficultés actuelles . Tous les grands départements et centres d’histoire de CIVICA participeront à ces recherches : le Centre d'histoire de Sciences Po HSP dirigera le projet en partenariat avec  l’Institut Universitaire Européen, l’Université Bocconi, la Central European University, la London School of Economics.

  • Observatoire européen de la polarisation : mesurer les positions des utilisateurs et des médias, la polarisation et le rôle des algorithmes et systèmes d’intelligence artificielle

Traditionnellement, on étudie les opinions sur les  questions du débat public à l’aide de sondages et d’enquêtes. Mais de récentes avancées dans les méthodes de collecte   d'informations - notamment sur les réseaux sociaux - ont montré que les traces des comportements numériques (typiquement les  abonnements et les abonnés) peuvent être  détectés pour déceler les opinions  à grande échelle.

Ce projet vise à étudier la faisabilité et l'intérêt de la mise en place  d’un Observatoire européen de la polarisation des idéologies et attitudes à l’égard d'enjeux publics fondamentaux tels que  la fiscalité, l’immigration, l’intégration européenne ou la perception des élites. Il permettra de mesurer la polarisation sur ces questions et d’étudier le rôle des  qui formulent des recommandations à caractère idéologique aux  utilisateurs.. Les résultats de l’étude seront exploités pour étudier entre autres : les relations aux médias, les mouvements sociaux en ligne et la structure des systèmes de partis dans les pays européens.

Le projet ciblera deux types d'usage  : premièrement, fournir des mesures systématiques à travers l’Europe sur l’intensité de la polarisation des opinions  (par exemple, sur l’économie  et les attitudes à l’égard du peuple et des élites). Deuxièmement, il s'agira d'aborder la question du rôle de l’intelligence artificielle dans le façonnement des systèmes sociopolitiques européens par le biais des recommandations  algorithmiques et leurs éventuels partis pris. Dans l’ensemble, ce projet vise à contribuer au développement d’un réseau européen interdisciplinaire de recherche en sciences sociales computationnelles. Il sera co-dirigé par le médialab de Sciences Po et la Central European University. La London School of Economics et l’Université Bocconi y participeront.

Projets auxquels Sciences Po participe

  • Contester la Cour : Examen de la politique judiciaire dans l’Union européenne

Si la Cour de justice a longtemps été considérée comme un acteur important de l’intégration européenne, son rôle dans la politique de l’Union européenne est de plus en plus contesté. Cette contestation vient des deux côtés, les tribunaux nationaux et les universitaires raillant ses décisions « activistes » dans des domaines particuliers tout en se plaignant de son incapacité à défendre de manière proactive les valeurs juridiques européennes dans d’autres domaines.

Ce projet a pour but de relancer le débat sur la politique judiciaire de l’UE en examinant les causes et les résultats de la contestation croissante du système judiciaire de l’UE. Il prévoit d’examiner les facteurs qui suscitent la controverse ainsi que les résultats politiques, universitaires et concrets de cette contestation pour l’ordre constitutionnel européen. Ce faisant, ce projet cherche à examiner la résilience constitutionnelle de l’ordre politique de l’UE et le rôle du pouvoir judiciaire dans la sauvegarde de ses principes fondamentaux. Ces recherches sont codirigées par l’Institut Universitaire Européen et la Hertie School. Le centre de recherche de l’école de droit de Sciences Po, la Central European University, l’Université Bocconi et la London School of Economics y participent.

  • Attitudes à l’égard des inégalités : perceptions, jugements, justifications

Les chercheurs impliqués dans ce projet prévoient de mener une série d’études qui contribuera à la psychologie de l’inégalité et à ses expressions sociales et culturelles. Comment les inégalités sont-elles perçues ? À quel point les gens pensent-ils que la société dans laquelle ils vivent est inégale ? Qu’est-ce qui fait qu’une société est perçue comme étant inégale ? Quelles formes d’inégalité (le cas échéant) sont considérées comme plus acceptables ? Pourquoi certains récits justifiant les inégalités rencontrent-ils du succès ? Existe-t-il des variables culturelles quantifiables ayant un pouvoir prédictif sur les perceptions et les évaluations morales des inégalités ?

Ce projet aborde donc un sujet fondamental du domaine de la « cognition et de la culture » : les attitudes à l’égard des inégalités, et se concentrera particulièrement sur le contexte européen. Ce sujet présente un grand intérêt pour les analyses des processus démocratiques, les inégalités étant identifiées comme le plus grand défi du XXIe siècle. La Central European University dirige ces travaux de recherche. Le Centre de sciences politiques et le Département d’économie de Sciences Po, la London School of Economics et l’Université nationale d’études politiques et administratives (Roumanie) participent à ce projet.

  • Le silence de la loi : Poursuites des crimes de haine et préjugés implicites au sein des forces de l’ordre

Ce projet vise à étudier les poursuites pour crimes de haine en Roumanie, en Bulgarie et en Allemagne, en mettant l’accent sur l’antisémitisme et en examinant les motivations intrinsèques de la police et du système judiciaire. Cette recherche a pour objectifs principaux d’identifier les modèles de partis pris implicites des officiers de police, ses juges et ses procureurs et leur rôle dans l’instrumentalisation judiciaire d’ affaires individuelles, et d’examiner les marqueurs individuels, institutionnels et sociétaux plus généraux qui peuvent expliquer les partis pris et les préjugés au sein des forces de l’ordre. Elle cherchera également à situer les modèles de partis pris implicites dans la matrice générale de l’ordre politique en Roumanie, en Bulgarie et en Allemagne et à formuler des hypothèses préliminaires pour d’autres pays européens. Cet objectif permettra de situer la recherche dans le cadre plus large de la littérature sur le recul de la démocratie et des questions de hiérarchie sociale, de violence et d’oppression.

L’objectif ultime est de proposer une série de recommandations d’amélioration de la législation relative à l’antisémitisme et de sensibiliser les décideurs politiques et les forces de l’ordre à cette question. Recherches dirigées par l’Université nationale d’études politiques et administratives (Roumanie) auxquelles le CERI de Sciences Po et la Central European University participent.

Le prochain appel à propositions de recherche collaborative de CIVICA sera ouvert en 2022.

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Légende de l'image de couverture : @Arthimedes Shutterstock