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26.03.2024
Leçon inaugurale de Mathieu Amalric : le cinéma pour provoquer des courts-circuits
Succédant à la réalisatrice Claire Denis, Mathieu Amalric devient le nouveau titulaire de la chaire de cinéma en résidence à Sciences Po pour le printemps 2024.
Le lundi 26 février 2024, dans le cadre de la deuxième saison de la Chaire Cinéma de la Maison des Arts et de la Création, Sciences Po a eu le privilège d’assister à un dialogue enrichissant entre Mathieu Amalric, acteur et réalisateur français, et Jean-Michel Frodon, critique de cinéma et enseignant au sein du cursus SPEAP (Sciences Po École des Arts Politique).
Retour sur un événement riche en couleurs et en émotions, offrant une plongée intime dans les mécanismes du processus créatif au cœur de l’univers cinématographique du nouveau titulaire de la Chaire Cinéma. Cet article a été corédigé par Charlotte Pierrel, Salomé Bruno et Clara Chevrier, étudiantes en master à Sciences Po et ambassadrices de la Maison des Arts et de la Création.
Trouver sa place, sur un plateau de cinéma comme dans le monde
Lors de cette rencontre, Mathieu Amalric nous raconte avoir trouvé sa place dans le monde grâce aux plateaux de cinéma. Amoureux de la technique cinématographique et de ses objets, l’acteur-réalisateur avait d’abord fait une école de cinéma pour rassurer ses parents, tous deux journalistes pour Le Monde. Recalé, l’artiste ne décide pas pour autant d'abandonner sa passion pour ce milieu.
Marqué par des films comme Le Feu Follet (1963) et ses rencontres avec des cinéastes comme Paul Branco, pour Mathieu Amalric le cinéma est une vocation. Il l’exprime dès son premier court métrage Sans Rire (1990), sélectionné pour le festival Premiers Plans à Angers en 1991, mais aussi devant la caméra grâce à celui qu’il considère comme l’ayant inventé en tant qu’acteur : Arnaud Desplechin.
Mathieu Amalric affirme pendant la rencontre qu'il est impossible de séparer les différents métiers du monde du cinéma : “il n’y a pas de devant ou derrière quand on est sur le plateau”, insiste-t-il. L’artiste décrit une vibration essentielle, un voyage inconnu entre l’acteur et le réalisateur, quelque chose de plus fort qui les unit. Il déclare : “Pour un réalisateur, la vie d’acteur, c'est le début de la fin de l’humanité”, une étiquette bien trop dangereuse – pire même qu’une chaire à Sciences Po…
En 1997, il réalise pourtant Mange ta soupe, son premier long métrage. Le cinéma a ainsi rythmé la vie de Mathieu Amalric, qui se demande finalement : “comment faire autre chose que du cinéma ?”.
Partager l’art du cinéma : rencontres, collaborations, disruptions
“Avec cette Chaire, on va essayer de provoquer des courts-circuits.” C’est dans cet état d’esprit que le nouveau titulaire envisage de partager la magie du septième art avec les étudiants de Sciences Po. Animé d’un vif désir de transmettre son savoir-faire cinématographique, cette discussion n'a fait que confirmer l'importance de favoriser l'échange et créer collectivement.
Pour lui, il s'agit de "faire un voyage inconnu ensemble", où chaque participant apporte sa vision unique pour enrichir l'expérience cinématographique dans un esprit de collaboration et de découverte mutuelle. C’est pour cela que, dans le cadre de la deuxième édition de sa Chaire cinéma, La Maison des Arts et de la Création de Sciences Po aura le plaisir d’accueillir deux ateliers exceptionnels avec Mathieu Amalric, qui viseront à accompagner les étudiantes et étudiants à déployer une réflexion créative à travers l’adaptation du roman de Robert Musil, L’Homme sans qualités, en vue d’une adaptation du livre sous une forme filmée.
Dans cet engagement, réside également une profonde reconnaissance de l'importance de la pédagogie et de l'éducation artistique et culturelle. Mathieu Amalric en est convaincu, la transmission des savoirs et des pratiques cinématographiques ne se limite pas à la simple technique, mais englobe aussi la sensibilisation à l'esthétique, à l'histoire du cinéma et à la réflexion critique.
En offrant aux élèves de Sciences Po cette opportunité d'exploration et de création, il espère susciter chez eux une passion durable pour le cinéma, ainsi qu'une appréciation plus profonde de son langage et de son potentiel narratif.