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07.03.2016

Khadija Janati, femme libre & serial entrepreneure

Khadija Janati Idrissi, cheffe d'entreprise marocaine membre de l'Association des femmes entrepreneurs du Maroc, fait partie des diplômées de la 1ère promotion du programme “Femmes d’Avenir en Méditerranée”. Un programme de formation unique en son genre élaboré par Sciences Po, à l’attention de jeunes femmes issues de la rive sud de la Méditerranée. A l’heure où la 2ème édition se prépare pour mai 2016, elle nous raconte en quoi il l’a aidée dans son engagement pour l’égalité.

Comment avez-vous entendu parler du programme Femmes d’avenir en Méditerranée (FAM) ? 

Khadija Janati : J’ai découvert l’existence de cette formation à travers l’Association des Femmes Entrepreneures du Maroc. Mon réseau personnel, qui connaît ma passion pour le développement des femmes et mon intérêt pour les questions de genre, m’a aussi informée de l’appel à candidatures.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de candidater ?  

K. J. : J’étais motivée pour plusieurs raisons à la fois. D’abord, la formation aborde différents aspects de l’égalité femmes-hommes : théoriques, juridiques, politiques. Ensuite, j’ai été attiré par la qualité des modules dispensés, ainsi que l’expertise des chercheur.e.s du programme Presage (Programme de recherche et d’enseignement des Savoirs sur le Genre). Le programme FAM était ainsi pour moi l’occasion de bénéficier de l’excellence et du prestige de Sciences Po...sans oublier Paris et mon amour inconditionnel pour la Ville des lumières. Enfin la formation présentait un caractère régional, permettant aux lauréates de rencontrer et échanger avec d’autres femmes issues de pays différents, tout en partageant au quotidien les mêmes défis.

Quel était votre parcours avant de participer au programme FAM ?

K. J. : Avant de participer à la formation, j’étais engagée en faveur de la cause des femmes à travers les entreprises que j’ai créées. Passionnée par l’entreprenariat, j’ai lancé ma première entreprise en 2009. À la tête de plusieurs groupes opérant dans le domaine des médias et de la communication j’étais déjà Directrice générale de KMK Parteners, une agence de communication, et KMK Advertising, une agence média et relations publiques créée en 2013. J’étais également associée à trois autres start-ups au Maroc, REGIE-21, Digital Crea et AD Sport, que j’ai lancées et gérées lors de leur création. L’une de mes plus grandes fiertés est d’être l’unique femme marocaine et arabe directrice d’une publication sportive, Al Mawiid Arriadi, un hebdomadaire de sport gratuit que j’ai créé en 2010.

Étiez-vous particulièrement engagée en faveur de l'égalité ? 

K. J. : J’ai toujours été une défenseure des droits des femmes. Je suis révoltée de voir des femmes violentées, des femmes analphabètes, des femmes mal rémunérées, des femmes abusées sexuellement, et des femmes à qui on nie le droit à l’ascension sociale, à l’accès aux postes de décision politique et économique, et cela, pour l’unique raison qu’elles sont des femmes.

J’ai commencé, très jeune, à en parler autour de moi et à essayer de changer les choses dans mon cercle de connaissances. Par la suite, j’ai choisi de me focaliser sur l’autonomisation économique des femmes à travers l’entreprenariat, étant convaincue qu’une femme libre doit d’abord être financièrement indépendante. Dans cette perspective, j’ai contribué à fonder le Réseau de Femmes pour le Mentoring et le Networking (RFMN), une organisation pour les femmes entrepreneures, tout en m’impliquant activement dans l’association AFEM (Association des Femmes Entrepreneures du Maroc) où je préside le "Comité mentoring".

Qu'avez-vous retenu de votre participation à Femmes d’Avenir en Méditerranée? 

K. J. : Le programme Femmes d’Avenir en Méditerranée a été pour moi bien plus qu’une simple formation : ce fut une formidable expérience humaine. Se retrouver étudiante à Paris, avec dix-huit autres femmes de mon âge, venues de plusieurs pays de la Méditerranée, avec des parcours différents et des cultures différentes, mais partageant notre combat pour les droits des femmes, a représenté une expérience unique. Suivre des cours délivrés par des experts de l’égalité femmes-hommes comme Marie Mercat-Bruns ou Réjane Sénac n’est pas, non plus, une occasion qui se présente tous les jours. Et puis l’apprentissage, les idées et la qualité des échanges avec les formateurs et les participantes furent extrêmement enrichissants.

Ces échanges se sont-ils poursuivis après la fin du programme ?  ?

K. J. : Au terme du programme, nous avons décidé de créer un réseau, baptisé GEMED, car nous sommes convaincues que le combat pour les droits des femmes commence par l’accès à l’information. Avec les autres fondatrices, nous travaillons activement sur le lancement d’une plateforme web qui regroupera une riche documentation sur la condition de la femme dans les pays de la Méditerranée, avec des textes juridiques, des statistiques ou de publications scientifiques. La plateforme permettra aussi de relayer des opportunités en termes d’éducation, de formation et  d’entreprenariat. Elle aidera les femmes à prendre conscience de leurs droits, mais surtout à accéder à des opportunités dont elles ignoraient l’existence. Enfin, GEMED sera un espace de débat et de plaidoyer en faveur de l’égalité femmes-hommes.

En quoi la formation FAM a-t-elle changé votre vie professionnelle et/ou personnelle aujourd'hui? 

K. J. : Aujourd’hui, plus que jamais, je pense avoir une part de responsabilité dans mon pays, pour faire évoluer les mentalités et diffuser une culture d’égalité homme-femme. Les questions relatives au genre sont présentes dans tout ce que j’entreprends : recrutement de collaborateurs, choix de prestataires, constitution de bureaux d’associations… La parité est au cœur de mon engagement. Ce concept a remplacé le quota dans mes discours et mes interventions média, ce qui, à terme, je l’espère, élèvera le débat au Maroc sur les droits des femmes. Il faut élargir la perspective, et au-delà de l’intégration des femmes dans la vie politique et économique, réfléchir à la parité dans l’ensemble des instances décisionnelles du pays.

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