Accueil>Disruption technologique : innovation ou chaos ?
23.01.2019
Disruption technologique : innovation ou chaos ?
Chaque année, le Youth and Leaders Summit réunit des étudiants de l’École des affaires internationales de Sciences Po (PSIA) et des leaders majeurs des relations internationales. Pour sa 4e édition dédiée à Kofi Annan, ils se sont interrogés sur la révolution technologique. Quel est l’impact de la disruption dans un monde globalisé ? Comment mieux la comprendre et l’accompagner ? Retour sur les points de vue des invités.
Hommage à Kofi Annan
Après le discours de Frédéric Mion, directeur de Sciences Po, Lakhdar Brahimi a parlé du travail éminent de Kofi Annan. Gro Harlem Brundtland, ancienne Première ministre de Norvège, a ensuite souligné les liens forts entre changement climatique et technologie.
Le premier panel a évalué les défis que représente la technologie pour la sécurité mondiale. À ce sujet, Maria Chiara Carrozza, professeur de biorobotique à L’école supérieur Sant’Anne de Pise et ancienne ministre italienne de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a démontré pourquoi la biorobotique pouvait améliorer notre quotidien, mais elle a ajouté que les robots pourraient aussi augmenter les inégalités et être potentiellement dangereux s’ils étaient mal contrôlés. Dan Smith, directeur de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Spiri), et Carlos Lopes, ancien secrétaire général de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, ont tous les deux reconnu qu’il fallait aborder le changement climatique de toute urgence. Dan Smith a également constaté que “La technologie verte est la clé de tout [...] freiner le réchauffement climatique est le plus gros enjeu que nous ayons à relever.” Carlos Lopes a signalé que les nations en voie de développement en Afrique, tel le Congo Kinshasa, vont devenir de plus en plus importantes dans la réduction des combustibles fossiles. Le monde occidental vieillit, dans une cinquantaine d’années l’âge moyen en Afrique sera de 18 ans. Il est donc essentiel donc que ces nations se saisissent des avancées technologiques. Houda-Imane Faraoun, ministre algérienne de la poste et des technologies de l’information et de la communication, a aussi mentionné le besoin de stimuler l’industrie des technologies en Afrique : “il faut produire sur les mêmes lieux que l’extraction des minéraux.”
Après ce premier panel, Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, a pris la parole pour détailler les difficultés des entreprises dans la sphère digitale. Elle a souligné que les grandes entreprises digitales ont créé un monopole sur le marché de la data et elle se demande ce qu’il faudrait faire pour garantir un marché juste et compétitif pour tous. “Le marché est là pour servir les consommateurs !”, rappelle-t-elle.
Technologie : Un outil pour améliorer le monde ?
Lakhdar Brahimi a ensuite animé la discussion avec Richard Branson, fondateur du groupe Virgin, par vidéoconférence.
Richard Branson a choisi de parler des entrepreneurs dans la société, et pense que ceux-ci ont un avantage énorme par rapport aux politiques “parce qu’ils n’ont pas autant besoin d’être populaires [...], ils voient les problèmes selon une autre perspective que les gouvernements ou encore le secteur social. Ils doivent utiliser leurs compétences entrepreneuriales pour tenter de résoudre les problèmes du monde.”
Contrairement à de nombreux commentaires faits dans les panels précédents, Richard Branson a souligné que, selon lui, la technologie apporte des changements positifs. L’exploration spatiale, par exemple, pourrait bénéficier à tous. Les satellites pourraient surveiller les océans et empêcher la pêche illégale. Il a aussi évoqué un projet dans lequel il est est investi et qui prouve, selon lui, que les apports du digital peuvent être positifs : en Afrique et en Asie, des personnes situées dans des petits villages isolés sans accès aux soins sont formées à utiliser des tablettes pour établir des diagnostics.
Enfin, Richard Branson a parlé des impacts du Brexit pour les entreprises. “C’est la pire chose jamais arrivée au pays”, a-t-il reconnu. Les étudiants de l’École des affaires internationales (PSIA) ont ensuite posé des questions qui ont mené à un débat sur la compatibilité entre extrême gauche et commerce et impôts sur les entreprises. Richard Branson a dit être en faveur d’impôts ‘justes’. Il s’est dit par ailleurs tout à fait contre la nationalisation de l’industrie sous un gouvernement futur, comme le propose Jeremy Corbyn, chef de l’opposition travailliste en Grande-Bretagne.
Le dernier panel a abordé les questions de morale et de gouvernance à l’époque digitale. Annika Silva-Leander, directrice de l’évaluation publique et de l’analyse politique à IDEA international, a souligné que les réseaux sociaux doivent permettre de “générer le débat, mais aussi de prendre position [...] et de voter sur les enjeux spécifiques.” Enrico Letta, doyen de l’école des affaires internationales de Sciences Po (PSIA) et ancien Premier ministre italien, a terminé le sommet en recommandant aux étudiants et futurs leaders de demain “d’utiliser les technologies pour le bien du monde.”
En savoir plus
- Revoir le débat
- L'École des affaires internationales de Sciences Po (PSIA)
- Les précédentes éditions du Youth and Leaders Summit