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21.11.2023

Décryptage : des maires engagés mais empêchés, l'enquête du CEVIPOF

Le 20 novembre 2023 a débuté le 105e Congrès des maires français, l'occasion de révéler les résultats de l'enquête 2023 réalisée par Centre de recherches politiques (CEVIPOF) de Sciences Po et l'association des maires de France et des présidents d'intercommunalité (AMF). Martial Foucault, directeur du CEVIPOF, a tiré de cette longue enquête annuelle une synthèse intitulée “Des maires engagés mais empêchés”.

Chacun garde à l’esprit les violences exercées à l’encontre du maire de L’Haÿ-les-Roses dont le domicile fut attaqué lors des émeutes de cet été. On se souvient aussi de la démission du maire de Saint-Brevin suite à l’incendie criminel de son domicile. Au-delà de ces phénomènes frappants, on constate un accroissement significatif des incivilités envers les élus municipaux. Parmi les 8 000 maires ayant répondu à l'enquête, 69 % ont déclaré cette année avoir été victimes d'incivilités, soit 16 points de plus qu’en 2020 et 27 % ont déclaré avoir été attaqués sur les réseaux sociaux, soit 7 points de plus qu’il y a 3 ans.

Dans le même temps, le répertoire national des élus (RNE) établi en juillet 2023 permet d’estimer le nombre de démissions à environ 1 300 sur les 3 dernières années, soit un rythme de 450 démissions dans l’année contre 350 par an au cours de la précédente mandature. Par ailleurs, on constate que ce mouvement de démissions touche également des milliers de conseillers municipaux.

Ces deux constats sont-ils liés ? Oui et non. Les violences sont plutôt un facteur aggravant d’autres difficultés et enclenchent parmi les maires un sentiment d’insécurité (15 %), mais ce taux d’anxiété est à peine plus élevé que celui ressenti par la population générale (11 %). En réalité, lorsque l’on interroge les maires sur les raisons de leur démission, quatre facteurs se révèlent plus importants : les relations avec des citoyens de plus en plus exigeants (13,6 %), les relations de plus en plus complexes avec les services de l’État (12,3 %), la difficile conciliation du mandat avec une vie personnelle (11,7 %) et / ou une vie professionnelle (10,1 %) et la montée des violences (10,8 %). 

Enfin, depuis que le CEVIPOF mesure le niveau de confiance envers les représentants élus, les maires restent toujours en tête des élus en qui les Français ont le plus confiance, même si ces dernières années, ce niveau a légèrement fléchi (65 % de taux de confiance). Et pourtant, c’est au niveau local que la revitalisation de la démocratie semble la plus prometteuse et la plus inclusive.

(crédits : shocky / Shutterstock)