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18.11.2022

Dans les coulisses du Paris Peace Forum 2022 : une expérience étudiante

Faridoddin Pesteh lors de l'édition 2022 du Paris Peace Forum (crédits : Clément Gibon)

Faridoddin Pesteh  étudiant en master à l’École des affaires internationales (PSIA) de Sciences Po s’est porté volontaire pour suivre l’édition 2022 du Paris Peace Forum (PPF), dont Sciences Po est l’un des membres fondateurs. Il partage son expérience de deux jours, riche en découvertes et rencontres surprenantes.

Curiosité, courage et engagement

J’ai eu l’opportunité le week-end dernier de participer à la 5e édition du Forum de Paris sur la Paix (PPF), les 11 et 12 novembre 2022, au Palais Brongniart. Depuis 2018, le PPF réunit des leaders internationaux afin d’encourager la coopération et l’action collective dans la résolution des défis mondiaux. Le thème de l’édition de cette année, “Surmonter la multicrise”, mettait l’accent sur l’importance d’apporter des solutions multilatérales aux défis complexes et critiques auxquels l’humanité fait face. L’événement a rassemblé près de 5 000 participants, pour 80 conférences et tables rondes et près de 70 projets présentés.

En participant aux différentes sessions et conférences en tant qu’étudiant de PSIA, les trois mots mis en lumière à la rentrée de septembre par la doyenne Arancha Gonzalez me revenaient sans cesse à l’esprit : “curiosité, courage et engagement”. Ces mots ont trouvé écho en moi lors de ma première semaine à PSIA et ils ont à nouveau résonné lors de ce forum.

Arancha González, doyenne de PSIA, au Paris Peace Forum en 2022 (crédits : Clément Gibon)

Cet événement était l’occasion parfaite pour rappeler que les acteurs et dirigeants qui souhaitent affronter les défis contemporains doivent tenir ces trois valeurs à cœur. Nous avons besoin de leaders qui sont ouverts d’esprit et curieux de solutions innovantes et qui agissent avec engagement et courage.

Cet événement était aussi un bon rappel qu’il est possible de cultiver ces valeurs en tant qu’étudiantes et étudiants de PSIA en participant aux différents événements organisés par notre école.

Un pont entre théorie et pratique

En tant qu’immigré né dans une petite ville du centre de l’Iran, j’ai ressenti un immense privilège mais aussi une responsabilité – la responsabilité d’apprendre et d’absorber autant que possible – en assistant aux conférences et en discutant avec les responsables des projets. Cet événement a aussi été l’occasion d’établir des liens, d’abord avec des dirigeants des secteurs public et privé, mais aussi entre ce que l’on apprend en cours et comment appliquer ce savoir sur le terrain. L’importance de faire ce pont entre “le théorique” et “l’appliqué” était un thème récurrent de mes conversations avec différents étudiants de PSIA participant à l’événement.

J’ai eu le plaisir de discuter avec la déléguée de mon master, Yana Ghazi, le dernier jour du forum, et d’apprendre ce qu’elle pensait de l’événement. Elle a souligné l’importance pour les étudiants, et notamment ceux qui ont une expérience professionnelle encore jeune, de participer à des événements comme le PPF pour voir comment se déroulent  les événements “en vrai”. Elle a beaucoup apprécié les discussions guidées autour de sujets d’actualité comme l’importance de préserver les héritages culturels dans la résolution et la médiation post-conflits. Yana m’a aussi indiqué que les thèmes de l’événement correspondaient parfaitement aux cours qu’elle suit pour la partie Paix & Développement de notre programme. En tant que déléguée du programme Sécurité internationale, elle pense que ce type d’événements peut compléter notre éducation et nous préparer au futur en renforçant notre “savoir-être” (comme la communication interculturelle ou construire son réseau), ce qui est plus difficile à enseigner en cours.

Il n’y a pas de petits sujets

J’ai aussi eu la chance de discuter avec Jeanne Chassereau, qui était l’une des coordinatrices des volontaires du PPF. Elle m’a confié avoir été impressionnée par la diversité du programme et des sujets couverts par le forum, un mélange de thèmes pointus et d’autres plus larges. Par exemple, certains projets étaient centrés sur les difficultés de certaines zones géographiques précises comme l’utilisation de l’IA pour améliorer le développement des services publics en Amérique latine (eng), d’autres portaient sur une échelle plus grande comme la réforme globale des systèmes de santé afin d’être mieux préparés aux pandémies mondiales (eng). Nous avons aussi discuté avec Jeanne de la plateforme que représente cet événement de renommée mondiale, qui rassemble nombre de profils de haute volée, pour les sujets de niche mais aussi les organisations sur le terrain, les ONG, les centres de recherche qui souhaitent communiquer sur leur travail. 

L'édition 2022 du Paris Peace Forum a eu lieu au Palais Brongniard. (crédits : Clément Gibon)

Le forum nous a aussi rappelé qu’en tant qu’étudiants nous devons “soutenir les initiatives locales et apprendre des organisations locales pour favoriser la paix et le développement”, comme l’a souligné Jeanne. Par son approche unique, le PPF permet au savoir de s’écouler “du local vers le mondial”, encourageant le dialogue entre les organisations de terrain et les grandes structures internationales.

L’importance du dialogue

J’ai pu rencontrer lors du forum des amis d’autres Masters de PSIA. Une conversation avec Kiti Fodor, qui est étudiante du programme Développement International, m’a remis à l’esprit l’importance du dialogue entre les milieux académiques et professionnels. Plus particulièrement, Kiti a remarqué, au cours des différentes sessions qu’elle a suivies, l’importance des échanges entre les acteurs de la sécurité et ceux du développement, or  nous sommes justement des étudiants en Développement International pour l’un et en Sécurité Internationale pour l’autre ! Il est vrai que les deux domaines poursuivent des ambitions différentes mais fortement interdépendantes et la remarque de Kiti m’a fait à nouveau penser au mot-clé d’Arancha Gonzalez : la curiosité. La PPF a été une formidable opportunité pour les étudiants de PSIA de découvrir des experts d’autres champs de compétence que le leur et d’exercer ainsi leur curiosité.

Je crois qu’être curieux est tout aussi important qu’être savant et je remercie PSIA et le PPF de m’avoir permis de renforcer ces deux qualités le week-end dernier.

Une rencontre précieuse : les communautés indigènes du Cambodge

J’ai fait la rencontre touchante et inspirante d’une cambodgienne brillante, Munny Rochom, qui s’identifie comme indigène et poursuit des études dans le domaine de la cybersécurité. Nous étions voisins lors de la conférence intitulée “Lancer un engagement féministe dans le cadre du dévelopement international”, où nous avons commencé à discuter de l’importance de l’éducation. Elle a partagé avec moi l’incroyable parcours qui l’a mené au PPF en tant que volontaire étudiante du projet Open Development Cambodia (ODC), qui met l’accent sur l’importance de l’accès à l’information et aux données pour soutenir les efforts des communautés indigènes et des minorités ethniques (IEM) dans l’exercice de leurs droits à l’autodétermination et à l’autonomisation. Le projet ODC (intitulé Open Data for Indigenous and Ethnic Minority) était présenté à l’espace des solutions organisé par le PPF, un espace dédié où les organisations, chercheurs et responsables de projet pouvaient interagir directement avec les participants du forum.

Munny a insisté sur l’importance de l’éducation et son désir de développer et protéger sa communauté. Elle m’a appris que le Cambodge abrite 24 communautés indigènes et précise que les sujets mondiaux discutés lors de cet événement, comme le réchauffement climatique, ont un impact direct sur celles-ci. Vêtue d’une magnifique tenue indigène, Munny voulait mettre en lumière sa communauté et ses difficultés. Nous avons aussi abordé les sujets de la culture digitale et des données. Le Cambodge, comme beaucoup de pays en plein développement, est de plus en plus connecté. Cependant, plus d’efforts doivent être faits dans la protection des infrastructures et des centres de données du pays, c’est pourquoi elle souhaite devenir leader dans le domaine de la cybersécurité.”

Merci à Faridoddin Pesteh, Pieter Zijlstra et Clément Gibon.

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