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03.12.2021

Coline Renault nous présente les coulisses de son photoreportage primé : À Étretat, la beauté à tâtons

Coline Renault, diplômée de l’École de journalisme de Sciences Po, a gagné le prix du public du concours du photoreportage étudiant de Paris Match pour son photoreportage À Etretat, la beauté à tâtons. Parmi les presque 50 000 participantes et participants, 5 seulement ont été primés en 2021.

Dans l’interview qui suit, elle donne plus de détails sur la prise de vue, son regard sur la photographie et le journalisme, sans oublier de donner quelques conseils aux journalistes en herbe. À découvrir ici :

1. Qu’est-ce qui vous a fait vous intéresser à la photographie ? Vous rappelez-vous de votre premier projet photo ?

J'ai commencé à prendre beaucoup de photos lors de ma 3ème année à l'étranger, à Montréal. On m'avait offert un appareil photo pour mon départ et j'ai commencé à mitrailler, de façon assez instinctive d'abord, puis en m'intéressant peu à peu à la composition et aux techniques. Lors de cette année, je me suis rendue à l'investiture de Donald Trump, en janvier 2017, et j'ai photographié les militants pro-Trump qui faisaient face aux femmes de la Women's march, qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes à Washington le 21 janvier 2017. Par la suite, j'ai embarqué à bord d'un chalutier de l'île d'Yeu pour un reportage photographique sur les derniers pêcheurs de l'île, mon premier vrai photoreportage.

2. Quel rôle a joué Sciences Po dans votre parcours ?

Je suis rentrée à Sciences Po dans l'optique de devenir journaliste. J'ai pu effectuer mes premiers stages dès le collège universitaire, tenter mes premiers reportages lors de ma troisième année à l'étranger - où j'ai d'ailleurs travaillé pour une radio québécoise -, avant de rentrer à l'Ecole de journalisme de Sciences Po où nous sommes, dès le premier jour, considérés comme des journalistes à part entière. En master, j'ai pu effectuer de nombreux stages, dont un dans la société de production de documentaire Babel Press à New Delhi, et deux autres au Figaro, où je travaille aujourd'hui. En permettant toutes ces opportunités, Sciences Po ouvre la voie pour devenir journaliste !

3. Votre photoreportage sur Christophe Leboucher intitulé “À Etretat, la beauté à tâtons” a récemment gagné le prix du public du concours de photoreportage étudiant de Paris Match. Comment avez-vous choisi ce sujet ?

Depuis quelque temps, j'essaie de me concentrer sur des sujets liés au monde maritime et je suis à la recherche de figures fortes de ce milieu. Il y avait dans ce sujet quelque chose d'évidement esthétique, lié au cadre d'Etretat, mais aussi un aspect sensitif, sur la rencontre sensorielle d'un pêcheur aveugle avec la nature, qui me semblait très poétique et très intéressante à raconter en image.

4. Comment avez-vous rencontré Christophe Leboucher ? Quelle a été votre première impression en le rencontrant ?

J'ai contacté Christophe en appelant plusieurs associations d'Etretat afin d'obtenir son numéro. Il m'a accueillie chez lui avant notre première partie de pêche. J'ai découvert quelqu'un d'extrêmement humain et chaleureux, prêt à partager sa passion et ses falaises avec quiconque est prêt à se mouiller (au sens propre !)

5. Quel rapport entretenez-vous avec le documentaire “La saison des Tourteaux” dont vous parlez dans votre reportage ? A-t-il influencé votre manière de traiter le sujet ?

J'ai visualisé le documentaire très longtemps avant de réaliser mon reportage, et j'ai fait le choix de ne pas le revoir afin de ne pas influencer mon approche du sujet. En revanche, j'ai rencontré le réalisateur, Martin Benoist, avec qui nous avons longtemps échangé sur son travail, sur Christophe, et sur les façons de traiter le sujet de façon respectueuse sans lui "voler" son travail. J'ai ainsi cité le film et inclut des citations de Martin dans la description texte de mon photoreportage.

6. Vos photos, sont-elles réfléchies d’avance ou découlent-elles de l’instinct dans le moment ?

A l'avance, je réfléchis aux séquences : par exemple, je sais qu'il me faut des images de lui chez lui, en train de se préparer, sur le chemin de la plage, avec des amis, pendant la pêche... Mais je n'ai pas d'idée précise de ce à quoi l'image va ressembler. Cela se décide sur l'instinct du moment, en fonction de la lumière, de la composition...

7. Quelles sont les particularités du médium du photoreportage qui ont fait que vous l’avez choisi pour aborder ce sujet?

La photo permet de suspendre l'instant. Cela tombe bien, comme les pêches à la tâte de Christophe ont quelque chose d'extraordinairement hors du temps. Mais j'ai également produit une version écrite de ce reportage, qui se raconte très bien avec les mots.

8. Le prix du public comporte une récompense de 1 000 €, que comptez-vous faire de cette somme ?

Je me suis achetée un nouvel objectif d'appareil photo, un grand angle pour les paysages. Et avec le reste, je vais partir en vacances !

9. Vous êtes aujourd’hui journaliste au Figaro où vous écrivez au pôle actualités. Quels conseils auriez-vous pour des journalistes en devenir ?

Produire, produire, produire : des reportages, écrits, photos, radios, vidéos. On devient journaliste en apprenant à raconter des histoires, et il faut multiplier les productions dès que possible, au cours d'un stage ou pour un projet personnel. Tout sera utile au moment de chercher du travail !

L'équipe éditoriale de Sciences Po

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Légende de l'image de couverture : @ColineRenault