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17.09.2025
Parcours civique : enseigner le français à des jeunes ukrainiens

Dans la nouvelle saison de cette série de portraits dédiée au Parcours civique, des étudiantes et étudiants de bachelor sur le campus de Poitiers nous racontent leurs expériences de terrain, leur engagement, leur évolution personnelle et professionnelle.
Siloé Halliez a effectué ses deux expériences auprès d'enfants puis de lycéens ukrainiens, ce qui l'a menée à se rendre deux fois en Ukraine, avec « pour objectif de mieux comprendre la réalité du quotidien des Ukrainiens en temps de guerre ».
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Siloé Halliez, je viens de terminer ma deuxième année sur le campus de Dijon. J’y ai choisi la majeure Politique et gouvernement, avec une spécialisation portée sur le droit. L’année prochaine, je pars à Ottawa et j’aimerais ensuite poursuivre par un master au sein de l’École d'affaires publiques.
Quel thème avez-vous choisi pour votre parcours civique et pourquoi ?
Pour mon parcours civique, j’ai choisi de m’orienter sur l’Ukraine. C’est un sujet qui résonne en moi depuis le début de l’invasion à grande échelle, alors que j’étais lycéenne. Frappée par l’actualité, touchée par les témoignages et curieuse de découvrir ce pays, j’ai commencé à lire sur son histoire, sa culture et son actualité tragique. Soutenir l’Ukraine dans mes engagements est donc venu très naturellement.
Je prends ce combat très à cœur car, pour moi, soutenir l’Ukraine c’est aussi défendre la liberté et les droits de l’homme face à l’autoritarisme et l’arbitraire, la démocratie face à la dictature et le continent européen face à la guerre qui nous menace directement.
S’engager pour l’Ukraine, c’est aussi aller à la rencontre de celles et ceux qui vivent cette guerre au quotidien, c’est donner un visage, une voix, une histoire aux chiffres des médias.
Quelles missions avez-vous endossées, au sein de quels organismes et qui ont été les publics bénéficiaires de vos actions ?
Mon engagement s’est déployé à la fois en France et en Ukraine. Il a commencé en juin 2024, dans le cadre de mon parcours civique de première année, avec un projet d’accueil à Dijon d’une trentaine d’enfants ukrainiens originaires de Vinnytsia, dont les pères étaient tombés au front. Ce séjour a été organisé par Sciences Po, l’association Aidons l’Ukraine Dijon et la Ville de Dijon. Aux côtés d’étudiants, d’enseignantes ukrainiennes et de partenaires locaux, j’ai contribué à la préparation et à l’animation d’un programme de trois semaines mêlant ateliers culturels, cours de langues, activités sportives et sorties éducatives. L’objectif était de leur offrir un temps de répit, loin du quotidien de la guerre. Je me souviens que plusieurs enfants, en arrivant, ont été frappés par le calme qui régnait en France, en l’absence d’alertes aériennes.
En deuxième année, j’ai poursuivi cet engagement en participant à un club de discussion en français entre Sciences Po et une école de Vinnytsia. Ce programme de visioconférences hebdomadaires a permis à une dizaine de lycéens ukrainiens d’échanger avec des étudiants français sur nos sociétés, nos cultures, nos langues, avec l’envie de progresser dans la langue. Leur niveau est d’ailleurs très impressionnant, et plusieurs d’entre eux aspirent à poursuivre leurs études en France. En parallèle, j’ai co-présidé l’association ukrainienne “UART” sur le campus de Dijon, qui a organisé plusieurs événements de sensibilisation sur la guerre en Ukraine.
Dans le prolongement de mon parcours civique, je me suis rendue à deux reprises en Ukraine. En juillet 2024, je m’y suis rendue avec pour objectif de mieux comprendre la réalité du quotidien des Ukrainiens en temps de guerre. J’ai d’abord retrouvé à Vinnytsia certains des enfants que nous avions accueillis à Dijon, puis j’ai rejoint le réalisateur Maxime Vivien, engagé dans un projet de documentaire et d’exposition sur la situation des enfants sur place. Nous avons parcouru Kyiv, Boutcha et Borodyanka, où j’ai pu constater les effets directs de l’invasion. Sur place, j’ai échangé avec des enseignants, des responsables associatifs, des personnels soignants, dont les témoignages m’ont permis de saisir, de manière très concrète, ce que signifie vivre en temps de guerre. À mon retour, j’ai rédigé un rapport, publié sur le journal du campus, à partir de mes observations et des échanges menés sur place. J’ai aussi organisé la projection du documentaire de Maxime Vivien à Dijon, en sa présence, pour partager cette expérience avec un plus large public.
En mai 2025, je suis retournée à Vinnytsia, dans l’école avec laquelle nous avions mené le club de discussion. Après un an d’échanges à distance, il me paraissait important de rencontrer les élèves en personne et de redonner du sens à l’apprentissage du français, d’autant plus que les échanges avec des volontaires français sont interrompus depuis 2022. Pendant une semaine, j’ai été accueillie dans l’établissement et j’ai eu l’occasion de rencontrer un grand nombre des 400 élèves qui y apprennent le français. Ces échanges directs, dans les classes, ont été d’une grande richesse.
Quels apprentissages tirez-vous de ces expériences d’engagement citoyen ?
Ce que je retiens avant tout, ce sont des apprentissages humains très forts, notamment sur la résilience des Ukrainiens, à la fois en tant qu’individus et en tant que nation.
À titre personnel, j’ai été impressionnée par leur capacité à continuer de vivre malgré les alertes aériennes quotidiennes, les longues coupures d’électricité, la perte de proches, la peur et la violence… Dans l’école à Vinnytsia, beaucoup d’enfants avaient perdu un proche. Malgré cela, ils parviennent à garder le sourire, venir étudier et s’adapter aux circonstances. C’est une force intérieure que j’admire.
Ce qui m’a aussi marquée, c’est la force collective du peuple ukrainien. Cette capacité à s’unir, à agir ensemble, même dans les petites choses. Je me souviens, à la sortie du mémorial de Borodyanka, avoir vu des femmes tisser des filets de camouflage pour les soldats, sur leur temps libre. C’est ce genre de gestes simples qui m’ont marquée.
Cette résilience, individuelle et collective, m’impacte directement. Elle m’aide à remettre en perspective plein de choses dans ma vie, à mieux évaluer ce qui est important ou non. C’est aussi devenu pour moi une vraie source d’inspiration et d’espoir.
Un fait marquant que vous retenez de votre parcours civique ?
Je suis devenue complètement fan des « varenykys » ukrainiens, des sortes de gros raviolis faits maison que l’on peut garnir de fromage, de pomme de terre ou bien de cerises. J’en ai mangé à quatre reprises durant ma semaine à Vinnytsia et j’en refais régulièrement en France pour tenter de convertir toute ma famille – avec un certain succès !
Le Parcours civique est un exercice de citoyenneté qui permet aux étudiantes et aux étudiants d’assumer pleinement leur responsabilité sociale et civique. Il constitue un pilier fondamental dans la formation du Collège universitaire : sa validation est indispensable à l’obtention du diplôme de bachelor. En tissant des liens entre les enseignements théoriques suivis et les expériences d’engagement réalisées sur le terrain, chaque étudiant construit son projet personnel.
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