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23.02.2024
Parcours civique : Emma s'engage contre l'autocensure
Dans cette série de portraits dédiée au Parcours civique, quatre étudiantes et étudiants en bachelor au Collège universitaire nous racontent leurs expériences de terrain, leur engagement, leur évolution personnelle et professionnelle.
Emma Engelvin consacre son parcours à combattre l'autocensure dans les lycées, afin que d'autres élèves suivent ses traces et osent placer une grande école dans leurs vœux Parcoursup. Interview.
Qui êtes-vous et pourquoi avez-vous choisi Sciences Po ?
Je m’appelle Emma Engelvin, actuellement en 2e année sur le campus de Poitiers, mineure Amérique latine - Caraïbes. J’ai grandi en Ardèche, ce qui a, vous le verrez, une importance pour la suite.
Si je me suis dirigée vers Sciences Po, c’est que je suis devenue très jeune une fan de la politique française et de ses enjeux, bras de fer, et rouages complexes. J’avais besoin d’en savoir plus et le savant mélange entre la pluridisciplinarité, l’international et l’engagement civique et politique m’a séduite.
Quel thème d’engagement avez-vous choisi dans le cadre de votre Parcours civique et pour quelles raisons vous tient-il à cœur ?
J’ai décidé de m’engager contre l’autocensure scolaire. Ce thème me tient particulièrement à cœur car j’ai connu ce sentiment quelques jours avant la fin de Parcoursup, où j’ai failli supprimer mon vœu “Sciences Po” et passer à côté des études de mes rêves.
Étant issue d’un milieu rural, où Sciences Po n’est pas toujours connu, je trouvais insupportable cette différence entre les grands lycées parisiens et mon lycée de campagne, où les limites de l’ambition se trouvaient au niveau du programme de licence de la grande ville d’à côté. Dans ma classe de terminale, sur 35 élèves, nous étions 3 à nous envoler au-delà des frontières de notre belle Auvergne Rhône-Alpes. Depuis la création de mon lycée, il y a plus de 33 ans, j’ai été la seule admise à Sciences Po.
Loin, selon moi, d’une performance unique et miraculeuse, elle est le fruit d’une mise à l’écart, d’une autocensure certaine de nos élèves, même les plus brillants. Si le système a tendance à les écarter, nous devons donner une chance à ces élèves qui ne croient pas en eux, et qui sont capables des meilleures choses.
Dans quels organismes avez-vous effectué vos expériences de 1e et 2e année et pourquoi ?
J’ai effectué mon premier stage simplement au sein de mon ancien lycée : le lycée Philibert Delorme. Je connaissais mes anciens professeurs qui me font confiance. Si le cadre était loin d’être exotique, je m’assurais un mois dans un environnement que je connais bien et qui est extrêmement touché par l’autocensure. Pendant plus d’un mois, j’ai pu être au contact quotidien des lycéens, et notamment beaucoup échanger avec eux sur cette thématique et surtout sur celle de l’ambition scolaire.
Cette expérience m'a tellement plu que j’ai décidé de renouveler l’expérience en deuxième année. J’ai donc signé ma convention avec le lycée Victor Hugo, en plein centre de Poitiers. Si des questions de logistique se sont immiscées dans mes choix, m’empêchant d’intervenir dans un lycée plus rural de la Vienne, cela m’a permis de découvrir d’autres formes d’autocensure, qui surviennent même dans les lycées les plus prestigieux. J'y mène le Club Sciences Po et je suis aussi coordinatrice de toutes les actions lycéennes avec le campus de Poitiers : visites d'élèves via leurs lycées ou de lycéens seuls via Cap’Sup et Pass en Sup. Cela demande beaucoup de réactivité et de communication entre les différents actrices et acteurs.
Ces réalités de terrain ont-elles changé votre vision de votre thème d’engagement ?
En effet, les réalités du terrain ont beaucoup perturbé ma vision initiale de l’autocensure. J’ai compris que c’était un phénomène beaucoup plus large que le simple spectre “rural”. Ainsi, j’ai voulu recentrer mon action, comprendre tous les mécanismes d’un problème, qui m’apparaît maintenant comme structurel. Ces expériences m’ont aussi permis de voir quelles actions marchaient et de ne pas donner des solutions miracles complètement détachées de la réalité.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants de 1e année dans le choix de leur thème et de leur organisme d’accueil ?
Mon meilleur conseil serait certainement d’être le plus sincère possible. Le Parcours civique est une expérience unique proposée par Sciences Po pour s'investir dans une cause qui nous est chère. Ces heures, loin d’être de simples moments ajoutés à notre emploi du temps, sont l’occasion de s’engager. Le Parcours civique, c’est aussi une réflexion qui nous suit jusqu’en troisième année et que l’on construit tout du long.
La sincérité, c’est s’assurer d'une régularité dans votre engagement et dans votre envie de vous rendre, chaque semaine, à vos stages. Faire son Parcours civique avec le cœur, c’est aussi s’épanouir à Sciences Po.
Votre Parcours Civique en un mot ?
Je dirais “authentique”, car à Sciences Po le Parcours civique est le meilleur moyen pour renouer avec ses valeurs.
Le Parcours civique est un exercice de citoyenneté qui permet aux étudiantes et aux étudiants d’assumer pleinement leur responsabilité sociale et civique. Il constitue un pilier fondamental dans la formation du Collège universitaire : sa validation est indispensable à l’obtention du diplôme de Bachelor. En tissant des liens entre les enseignements théoriques suivis et les expériences d’engagement réalisées sur le terrain, chaque étudiant construit son projet personnel.