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19.11.2025
« Notre stratégie sur l’IA, c’est d’en faire un levier plutôt qu’une béquille. »
Afin d'appréhender les enjeux numériques, et notamment le développement accéléré des outils d'intelligence artificielle générative, Sciences Po se dote d'une doctrine sur l'intelligence artificielle (lien vers l'article) à Sciences Po.
L'intelligence artificielle alliée au savoir-faire de Sciences Po peut-elle devenir pour nos étudiants un démultiplicateur de talent ? Entretien avec Luis Vassy, directeur de Sciences Po.
Pourquoi Sciences Po se dote-t-elle aujourd’hui d’une doctrine sur l’intelligence artificielle ?
Pour l’ensemble de nos sociétés, l’IA est un immense bouleversement. C’est aussi une réalité concrète pour 8 étudiants de Sciences Po sur 10 qui utilisent les outils d’IA au quotidien. En tant qu’institution qui forme des acteurs du monde contemporain, Sciences Po doit accompagner cette transition.
Nous le faisons d’abord en donnant à l’ensemble de notre communauté, aussi bien nos étudiants que nos chercheurs et nos salariés, les moyens de s’emparer de ces outils dans toute leur diversité. Et nous insistons aussi sur leur usage raisonné, leurs limites, ce qu’implique leur emploi sur tous les plans. Notre stratégie sur l’IA, c’est d’en faire un levier plutôt qu’une béquille.
Quels sont les défis propres à l’usage de l’IA par les étudiants ?
Il y a les questions que pose l’outil en tant que tel, qui sont déjà bien connues : les risques d’hallucination, de biais, le coût écologique, etc. Et puis il y a d’autres enjeux qui sont encore plus cruciaux dans un contexte universitaire et j’en repère au moins deux.
D’abord l’intégrité académique : l’utilisation de l’IA doit être transparente et inscrite dans un cadre qui garantisse toutes les conditions éthiques. Ensuite, la transformation en profondeur de notre rapport aux savoirs et aux compétences.
Certaines compétences fondamentales, qui étaient le cœur de métier des formations universitaires, comme les capacités rédactionnelles ou la synthèse, sont désormais accessibles par un simple prompt. En parallèle, l’IA donne une importance nouvelle à d’autres compétences plus transversales, comme la capacité à prendre du recul critique ou à penser hors des clous, avec créativité, ambition et discernement.
C’est précisément le cœur de notre savoir-faire à Sciences Po, à travers une formation pluraliste en sciences humaines et sociales, et nous devons continuer à cultiver cet esprit. L’IA dans les mains d’un étudiant bien formé, ça peut être un démultiplicateur de talent.
Pourquoi est-il nécessaire de former les leaders de demain à l’IA ?
L’ambition de Sciences Po a toujours été de former celles et ceux qui ont vocation à exercer des responsabilités en leur donnant tous les outils intellectuels pour être en capacité précisément d’agir sur le monde, d’avoir un impact positif sur le cours des choses.
Dès lors que l’IA est une rupture majeure de notre temps, avec des conséquences aussi bien sur le plan géopolitique que juridique, social et économique, il est évident que les décideurs de demain ne doivent pas se contenter de connaître et de maîtriser l’outil : ils doivent surtout avoir bien conscience de son impact réel, de ses potentialités, de ses implications.
