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04.06.2024
Marie-Alice Moreau, promotion 2015
Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ?
J’ai intégr é Sciences Po dès le Collège universitaire où j’ai eu l’opportunité de pouvoir suivre un double cursus avec l’université Pierre et Marie Curie en Sciences du Vivant. J’avais à cœur de poursuivre l’étude des sciences et plus particulièrement des sciences du vivant et de l’écologie afin de mieux comprendre les discours d’experts notamment en matière de changement climatique. J’ai ensuite continué mon parcours universitaire, après une année d’échange à la National University of Singapore, en suivant le double master avec HEC, Corporate and Public Management.
Au cours de mes deux stages de césure en master, l’un à EDF en financement de projet de centrales nucléaires pour des clients internationaux et l’autre en conseil en secteur public et institutions européennes à Luxembourg chez PwC, j’ai eu l’occasion d’affiner mon projet professionnel pour finalement m’orienter vers des métiers du contrôle. Après un stage de fin d’étude à l’Inspection générale de la Banque de France, j’ai finalement rejoint cette institution via le concours d’entrée de cadre de direction. Au cours de mes huit années et demi d’expérience professionnelle, j’ai passé le concours interne d’Inspecteur de la Banque de France, ce qui me donne la possibilité d’être chef de missions de contrôle bancaire sur place d’établissements de crédit et de missions d’audit interne de la Banque de France. J’ai également passé deux années en détachement à la Banque Centrale Européenne et suis actuellement en détachement à Singapour auprès du bureau de représentation de la Banque de France. Je suis plus particulièrement spécialisée dans les risques bancaires prudentiels de crédit et les risques climatiques et environnementaux.
Quelles ont été les étapes majeures de la construction de votre projet professionnel ?
J’ai exploré diverses options, ayant une curiosité naturelle qui me fait m’intéresser à tout.
Pour autant, je dirais qu’un projet professionnel se construit d’abord avec des rencontres, au fil des discussions que vous aurez avec vos pairs et les membres du Réseau des Alumni. C’est pourquoi il faut le cultiver le plus tôt possible. J’ai vite compris à leur contact que j’étais davantage faite, du fait de mes appétences et compétences, pour les métiers de contrôle. J’ai donc naturellement envisagé d’intégrer l’inspection générale d’une banque commerciale, ce type de poste offrant une formation professionnelle continue et permettant d’acquérir une vision transversale.
Je pense en outre qu’un projet professionnel se construit aussi par le biais des stages de césure en ce qu’ils permettent de savoir ce que l’on souhaite faire et ne pas faire. Pour moi, mes deux stages à EDF et à PwC m’ont montré que je ne m'épanouirai ni dans le monde de l’entreprise privée, fusse-t-elle dirigée majoritairement par l’Etat comme EDF, ni dans celui du conseil.
À l’inverse, lors de mon stage à la Banque de France, j’ai pleinement adhéré à sa culture d’entreprise qui reflétait mes valeurs. J’avais à la fois la possibilité de donner du sens à mon travail, tout en réalisant un métier de contrôle prudentiel auprès des établissements de crédit. Enfin la perspective de pouvoir réaliser des détachements dans des institutions européennes et internationales me permettait d’être continuellement intellectuellement stimulée par des environnements différents et des challenges nouveaux.
Quelles sont les principales caractéristiques de votre poste aujourd'hui ?
En tant qu’Inspecteur de la Banque de France, je suis amenée à réaliser des missions de contrôle sur place au sein d’établissements de crédit. Il s’agit d’un métier prenant, où il faut à chaque mission repartir de zéro dans un milieu parfois hostile à votre venue. Il demande à la fois de l’endurance, un grand sens du relationnel, une volonté forte de travailler dans des équipes resserrées en mode projet dans des délais contraints, une technicité appuyée mais surtout une très grande humilité et une hauteur de vue nécessaire pour s’assurer de la couverture des risques prudentiels par les banques.
Parenthèse dans mon travail d’Inspecteur, je suis détachée pour six mois au bureau de représentation de la Banque de France à Singapour où mon travail est orienté autour de l’intelligence économique et des actions de coopération avec les banques centrales de la zone Asie Pacifique.
Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'affaires publiques, et plus particulièrement dans le double diplôme Corporate and Public Management avec HEC, envers la fonction que vous occupez aujourd'hui ?
Les formations dispensées par Sciences Po en affaires publiques et par HEC sont très complémentaires et ce, à plusieurs titres. Elles donnent des outils pratiques, un socle de base de connaissances théoriques, mais aussi des repères et une logique d’analyse qui permettent de naviguer sans peine dans différents milieux. Ce sont en effet deux écoles qui ont chacune une identité forte mais distincte. Cela peut sembler évident, mais notre milieu académique structure notre façon d’appréhender notre rapport au travail et notre raisonnement. Ce qui est moins évident c’est que notre cursus académique façonne aussi notre rapport aux autres. Ainsi, plus vous serez familier avec une diversité de profils ou de situations, plus vous serez adaptable, ce qui est une qualité toujours recherchée dans le monde professionnel.
Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur jeune diplômé(e) ?
De rester curieux, ouvert aux opportunités même si elles n’apparaissent pas évidentes en première approche, et de ne pas ménager ses efforts pour parvenir à ses fins car comme le dit l’adage financier, there is no free lunch.