Accueil>“La puissance de la culture et la force de l’imaginaire” par Rima Abdul Malak

14.09.2022

“La puissance de la culture et la force de l’imaginaire” par Rima Abdul Malak

Rima Abdul Malak, ministre de la culture (crédits : Thomas Arrivé)

Après un retour par le directeur de Sciences Po et le doyen de l’École d'affaires publiques sur les fondamentaux de cette formation, ses ambitions et ses évolutions, Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, a partagé avec les étudiants son parcours et la manière dont celui-ci a nourri ses aspirations.

Profondeur et transversalité

S’il est un terme qui s’est fait écho lors de la rentrée des étudiants de l’École d’affaires publiques (EAP), c’est bien la transversalité. Évoquant la complexité de notre société, Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po, a expliqué l’intérêt de “mêler toutes les sciences humaines et sociales dans une perspective internationale”. Philippe Martin, doyen de l’École d'affaires publiques et professeur des universités en économie a présenté les nouveautés du cursus comme le renforcement des enseignements sur la transition environnementale, les enjeux européens et la généralisation de l’évaluation des politiques publiques. Il a également rappelé ses attentes : “Allez en profondeur, soyez techniques, nous attendons de la réflexion, de l’action et que vous mettiez  en résonance les différentes dimensions des politiques publiques : politique, sociale, juridique, économique etc.” 

Avec 50% d’étudiants internationaux, une ouverture internationale rare dans les universités, Sciences Po encourage une approche comparatiste. Mathias Vicherat a aussi énuméré les autres piliers qui fondent l’EAP : l’alliance des savoirs universitaires et de la pratique, des méthodes d’apprentissage renouvelées, tout ceci pour former “des professionnels éclairés et engagés au service d’une société plus durable et plus juste”.

Plaçant la culture comme “une colonne vertébrale dans un monde en proie à la division”, le directeur de Sciences Po a insisté sur le fait que “les sciences humaines et sociales ont besoin de se nourrir des arts ; l’expérience du sensible éclaire la construction de la pensée, de l’action et de l’engagement”. Il a rappelé qu’il y a 5 ans, Bruno Latour créait à Sciences Po un programme d'expérimentation en arts et politique (SPEAP). Il a ensuite annoncé le lancement prochain de la Maison des arts et de la création et partagé son espoir de créer un statut d’artiste confirmé pour celles et ceux  souhaitant conjuguer études et pratique artistique à haut niveau.

Place à l’audace !

Présentant son parcours, la ministre a exprimé sa profonde conviction dans la force transformatrice de la culture. Après avoir connu la guerre au Liban, son pays d'origine dont elle sera exilée, elle explique “c’est ma rencontre avec le théâtre qui m’a sauvé la vie, qui a dénoué mes blocages, qui m’a libérée de mes assignations identitaires”. Et d’ajouter, “ma liberté s’est forgée par la culture”. Plus qu’une femme politique, c’est une ambassadrice “habitée” qui fait face à l’audience attentive. Elle déclare, “la culture donne de l’ampleur à nos vies, nous relie à nos passés sans nous y enfermer. L’imagination est quant à elle une arme qui rend invincible !"
Diplômée de l’IEP de Lyon, Rima Abdul Malak a travaillé pour des ONG culturelles souhaitant “changer le monde”. Elle a organisé des représentations inédites dans des pays occupés, dans des camps de réfugiés et découvert via ces expériences que “rien n’est impossible”. Elle évoque “ce fil universel de la culture, qui crée une histoire commune, qui laisse des traces par-delà les tragédies”. “Les oeuvres permettent de se projeter vers l’avenir”, explique-t-elle.

Evoquant la dernière étude menée par Luc Rouban, chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), qui met en exergue la défiance caractéristique de la population française, elle partage son sentiment qu’une fois encore la culture pourrait constituer une réponse à cette situation. Face au tiraillement identitaire, la ministre de la culture explique envoyer des artistes dans les diasporas pour créer les conditions du dialogue. Après avoir énuméré toutes les causes pour lesquelles son ministère s’investit : la lutte contre les inégalités, l’éducation artistique, la diversité des profils au sein de la culture et même l’urgence écologique… Elle a finalement clos son propos en appelant les élèves à faire preuve d’audace, à écouter et suivre leurs aspirations.

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