13.06.2016
Yann Schreiber, étudiant à l’École de journalisme de Sciences Po, a reçu trois prix de la prestigieuse Society of Professional Journalists (SPJ), la plus ancienne organisation de journalistes aux États-Unis, pour deux reportages produits pendant son année d’échange universitaire à la Ohio State University.
Deux jours après les attentats mes amis d’Ohio State University m’ont dit qu’ils étaient en train de préparer une série de travaux sur le sujet et m’ont proposé de réaliser une vidéo, sans m’imposer de format ou d’angle particulier. Habitant à proximité de la Place de la République, j’ai simplement pris mon appareil photo et suis sorti filmer. Je n’avais rien préparé à l’avance, ni séquence ni interviews. Je suis juste allé Place de la République, où j’ai rencontré des passants qui acceptaient de me parler spontanément. J’ai ensuite enregistré mon commentaire audio sur ces images pour produire la vidéo en question.
En fait, j’avais été envoyé par Mark, le responsable du pôle photo de The Lantern [le journal étudiant de l’Ohio State University], pour trois raisons. La première était que ce match était une “watch party” : les étudiants regardaient le match tous ensemble sur écran géant dans un gymnase. Je devais écrire un article illustré avec quelques photos sur l’atmosphère de la soirée. Mark m’avait aussi dit que si jamais notre université gagnait le match, je devrais en profiter pour aller prendre en photo la fête étudiante devant le bâtiment principal. Je me souviens même qu’il avait dit “si on gagne, ça va être la foire sur High Street” Mais ce soir là, rien ne s’est passé comme prévu : pour des raisons qui restent floues, la police a commencé à violemment repousser les supporters. À cause de cet événement totalement imprévu, j’ai aussi écrit un article pour le journal. Ce soir là, je me suis couché à trois heures du matin, mais je trouvais ça important de raconter ce qui s’était passé.
Je ne pense pas que mes photos de la confrontation entre étudiants et policiers soient les meilleures que j’ai prises dans ma vie. En revanche, elles donnent une idée précise de qui se passait vraiment. Réussir à prendre des photos nettes était déjà en soi une réussite, étant donné le contexte. Je suppose que c’est ce que le jury à retenu : ce qu’il m’a coûté de les obtenir et le fait que j’ai couvert l’évènement sans que personne ne m’y ait envoyé.
J’aime bien rendre compte de ce qui se passe autour de moi, et ça m’est égal que ça soit lié à Sciences Po ou à la géopolitique mondiale. Et puis, quoi qu’on fasse c’est toujours une expérience de plus. Je ne pense pas qu’il y ait de “bonne” ou de “mauvaise” expérience pour construire un portfolio professionnel. Je couvre beaucoup de sujets qui ne sont pas liées à la vie étudiante mais je ne pense pas que ça doit une raison pour ne pas rapporter ce qui se passe sous votre nez.
Le double Master permet deux choses : l'École de Journalisme permet d’acquérir beaucoup d’expérience pratique et l'École des Affaires internationales de Sciences Po nous apporte des connaissances théoriques sur les affaires internationales. Je pense que la partie pratique que j’apprends à l’École de journalisme est essentielle : vous devez connaître les lois qui encadrent le journalisme en France, savoir comment réaliser une vidéo, comment écrire un article, comment faire un reportage radio. Mais le double master me permet d’élargir mes perspectives et me sera très utile dans ma future vie professionnelle. Je l’ai déjà remarqué quand j’ai fait des stages - à l’Agence de Presse Autrichienne (APA) ou ARTE par exemple.
J’aimerais me spécialiser soit en audiovisuel, soit en agence de presse. J’aime l’audiovisuel qu’on peut faire passer beaucoup de choses au travers de l’image, du son et du commentaire. Mais en agence de presse, on a accès à l’actualité “brute” : on est presque toujours les premiers sur une information. Pour m’aider à choisir entre les deux, je vais faire deux stages cet été : un à Strasbourg au journal d’ARTE et un au bureau de l’Agence France-Presse à Berlin.
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