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26.05.2025

Disparition du photographe brésilien Sebastião Salgado

Le photographe et grand artiste Sebastião Salgado dont l’œuvre, dans ses reportages comme dans ses clichés naturalistes, a irradié d’encre et de lumière la beauté et les horreurs du monde, nous a quittés ce vendredi 23 mai.

Il y a huit ans, le lundi 29 mai 2017, dans le "petit hall" du 27 rue Saint-Guillaume, nous inaugurions l’accrochage de deux tirages photographiques monumentaux, que Sebastião Salgado venait d’offrir à Sciences Po. Il était présent avec nous ce jour-là, en compagnie de son épouse Lélia Deluiz Wanick.

L’une de ces deux œuvres, prise en 1986 à Serra Pelada au Brésil, représente une mine d’or à ciel ouvert et ses milliers de mineurs plongés dans la boue. Elle est issue de l'une de ses séries les plus connues, La Main de l’homme, projet mené de 1986 à 1992, consacré au travail et à la production dans le monde (Salgado avait d’abord été économiste). La seconde photographie était un travail plus récent, datant de 2016, une vue panoramique de la forêt amazonienne.

Par ce double don, Sebastião Salgado souhaitait sensibiliser les étudiants et tous les visiteurs de Sciences Po à la nature et sa préservation. “La capacité de destruction de l’homme est immense”, avait-il souligné lors de l’inauguration de l’accrochage. “Pourtant, ajoutait-il, on pourrait exploiter économiquement l’Amazonie sans détruire sa ressource principale que sont les arbres. J’espère que ces deux photographies aideront les étudiants à avoir une réflexion sur cet écosystème.”

Photographe humaniste, travaillant exclusivement en argentique noir et blanc, Sebastião Salgado a consacré de nombreux reportages aux femmes et hommes en souffrance, migrants, victimes de guerre, travailleurs pauvres… 

Artiste engagé, notamment en faveur de la prise en compte des enjeux environnementaux, il avait créé en 1998 avec sa femme, l’Instituto Terra, ONG qui a trouvé des financements pour planter et cultiver, à l'est de l'État du Minas Gerais, près de quatre millions d'arbres afin de reconstituer une partie de la forêt atlantique brésilienne disparue en raison de son exploitation et de l’érosion.

Nul d’entre nous, si nombreux, huit ans après, n’a pu et ne pourra traverser le petit hall de Sciences Po sans être saisi par la sombre splendeur des deux photographies de Sebastião Salgado.je 

Légende de l'image de couverture : Étudiants dans le petit hall, sous les photos de Sebastião Salgado, en 2022. (crédits : Didier Pazery / Sciences Po)