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08.12.2021

Des faits à l'action : « Le changement climatique et l'UE » attire l'attention sur la marche à suivre pour lutter contre le changement climatique

Une conversation polyphonique sur des questions qui figurent parmi les plus urgentes du 21e siècle : « Pouvons-nous parvenir à la justice climatique et assurer l'équité ? », « Quel rôle l’UE peut-elle jouer sur le plan international ? », « L’UE intègre-t-elle véritablement les questions climatiques dans sa politique étrangère ? », « Quel rôle doit jouer la jeunesse ? »

Ces questions ont fait l’ouverture de la conférence intitulée « Le changement climatique et l’UE : des faits à l’action », inscrite dans le cadre de la série de conférences publiques « Tours d’Europe » de CIVICA, l' Université européenne des sciences sociales, visant à rassembler le monde universitaire et le grand public.  Ces mêmes questions, figurant parmi les plus vitales de notre époque, ont planté le décor de la COP26, la 26e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui s’est tenue à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre dernier.

À l’occasion de cet événement axé sur la crise climatique à l'échelle internationale, Carola Klöck de Sciences Po, Sebastian Levide de la Hertie School, László Pintér de la Central European University (CEU), Swenja Surminski de la London School of Economics (LSE), et  l’animatrice de cette rencontre, la journaliste Dalal Mawad, ont abordé le thème de la collaboration internationale pour prévenir la catastrophe climatique. Ces experts, issus de différentes universités membres de CIVICA, ont discuté notamment de justice et de politique climatiques, du rôle de la jeunesse, ou encore de celui de l’Union européenne, au cours d’une conversation alimentée alternativement par les points de vue des chercheurs et des étudiants.

Sur l'impact indéniable du changement climatique

Dalal Mawad a ouvert le sujet du changement climatique et l’UE, en évoquant la COP26, situant ainsi la conversation dans le contexte politique mondial : « Est-ce la dernière chance, pour les nations, d’agir en prévention ? » 

En présentant des témoignages d'étudiants de pays aussi divers que la Roumanie, l’Italie, l’Estonie, l’Inde et le Canada, et en soulignant les changements climatiques qui apparaissent déjà dans chaque pays, la conversation a attiré l’attention sur les enjeux majeurs des problèmes climatiques actuels. Des incendies aux fortes précipitations entraînant des glissements de terrain en Italie, en passant par les vagues de chaleur qui affectent le bétail et les écosystèmes naturels en Estonie et au Canada, tous les participants ont reconnu qu’une action devait être engagée pour contrer la crise climatique.

Le rôle de l’UE et de la communauté internationale

L’un des sujets majeurs de la discussion a porté sur le fait que les populations les plus à risque de subir les conséquences du changement climatique sont souvent celles qui contribuent le moins aux émissions mondiales de carbone, comme cela est le cas pour les États insulaires de faible élévation. Effectivement, selon Swenja Surminski, « la question fondamentale pour la communauté internationale et pour les négociations est de savoir comment gérer ces questions de justice, d’équité et de partage de la charge, sachant que les victimes des dommages et des pertes ne sont pas vraiment les auteurs du problème ». Une grande partie de la conversation a tourné autour des mesures concrètes qui doivent être prises, et par qui, pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris de limiter l’augmentation de la température de la planète à 1,5 degré, dans la mesure où les problèmes climatiques mondiaux et l’accès aux moyens de gérer ces problèmes sont répartis de façon inégale.

Quant à l'objectif d'équité et de partage de la charge dans le contexte de l’Accord de Paris, les intervenants ont convenu que l’Union européenne avait un rôle primordial à jouer. Selon eux, l’UE dispose d'une influence à la fois concrète et symbolique. Comme l’a souligné Carola Klöck, « l’Union européenne joue un rôle symbolique phénoménal. [...] D’autres pays la considèrent comme un modèle à suivre, un bon exemple. Nous devrions utiliser cette position et donner véritablement l’exemple ». Elle a poursuivi en indiquant qu'il était important de ne pas considérer ce rôle comme un poids (bien qu'il y ait des implications économiques significatives), mais plutôt comme une opportunité d’améliorer les choses et d’investir dans des sources d’énergie plus durables.

Poursuivant sur ces questions de justice mondiale, Sebastian Levi a souligné l’élément suivant : « Certains pays ne peuvent pas poursuivre la décroissance, parce qu’ils doivent se développer économiquement pour répondre à des besoins essentiels ». En raison de la disparité économique qui existe entre les pays du Nord et les pays du Sud, les quatre chercheurs de CIVICA se sont accordés à dire qu'il est essentiel que l’Union européenne tienne ses promesses en aidant financièrement les pays du Sud à aborder la transition écologique. Dans ce cadre, ils ont évoqué les questions de responsabilité et de sanctions en cas de non-conformité, que beaucoup de chercheurs ont indiqué envisager en priorité sous forme de politiques et d’actions concrètes. « Je pense que la bonne approche consiste à donner l’exemple et à montrer concrètement qu'il est possible de dissocier développement et émissions », a précisé Swenja Surminski. 

Le rôle de la jeunesse

La journaliste Dalal Mawad a ensuite orienté la conversation vers l’avenir en soulevant la question du rôle de la jeunesse. Soucieux du fait que les jeunes restent sur la touche dans les discussions concrètes sur l’environnement, les quatre chercheurs ont souligné l’importance de l’implication de la jeunesse. Selon Carola Klöck, « nous ne devrions pas sous-estimer l’influence que les jeunes peuvent avoir et exercent déjà », sentiment qui a été partagé par l’ensemble des participants.

En fait, la plupart des jeunes d’aujourd'hui ont exprimé leurs inquiétudes face aux changements environnementaux dramatiques qui ont été enregistrés dans le monde. Daniel Eid, étudiant à l’Université Bocconi, a confirmé ce sentiment et a affirmé son désir d'œuvrer pour un changement au niveau sociétal : « en tant qu’étudiant en sciences sociales, je pense que c’est mon devoir, que c’est notre devoir, d'améliorer la société et d'agir pour un avenir meilleur ».  Afin d’intégrer la jeunesse plus efficacement dans les discussions concrètes, les chercheurs ont insisté sur le fait qu'il est crucial de faciliter leur participation dans les discussions avec les décisionnaires de l’Union européenne. 

Enfin, pour susciter le changement souhaité à la fois par les étudiants et par les chercheurs, László Pintér a rappelé une composante essentielle : « Pour progresser, il est nécessaire d'établir un climat de confiance ». En effet, c’est uniquement en développant cette confiance que les futurs acteurs du changement seront capables d’engendrer les changements vitaux.

L'équipe éditoriale de Sciences Po

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