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30.11.2021

Cybersexisme : pour une sensibilisation et une mobilisation collective

En ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes et dans la continuité du nouveau dispositif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) initié à la rentrée dernière, Sciences Po a lancé un cycle de trois conférences pour aller plus loin dans la lutte contre les VSS. Pour cette première rencontre une grande ambition : comprendre le cybersexisme pour mieux le prévenir.

Le temps de l’action...

Mathias Vicherat, nouveau directeur de Sciences Po, a entamé les échanges en insistant sur l’importance de prendre la parole sur ce sujet, cette thématique qu’il place “au coeur de son projet et de son mandat”. Si Sciences Po, avec le rapport Hervieu Léger, a déjà procédé à de nombreuses avancées en peu de temps, (externalisation de l’écoute auprès de France Victime, unification de la procédure, maillage territorial, approche systémique du sujet), Mathias Vicherat souhaite adopter “la plus grande sévérité à l’égard de tels agissements”.

Agnès Saal, haute fonctionnaire à la responsabilité sociale des organisations au Ministère de la Culture a abondé dans son sens en déclarant qu’une “politique d’égalité passait nécessairement par la déconstruction d’obstacles”. Elle a ainsi expliqué que le Ministère conditionne l’octroi d’aides publiques à des garanties de lutte contre les VSS. Des dispositifs de formation à destination des équipes administratives, des enseignants, des élèves contre tous types de harcèlement sont dispensés, une charte égalité a été mise en place et un kit à destination des étudiantes et étudiants informant de quelle attitude tenir en tant que témoin ou victime a été lancé en septembre dernier. Enfin, elle a évoqué une enquête de perception du harcèlement à l’école en 2020 ; plus de 10 000 réponses ont été recueillies, témoignant ainsi de la généralisation de ces agissements.

“Aujourd’hui le constat est clair, le nombre de violences s'accroît, personne n’est à l’abri mais fort heureusement le déclic de la confiance a opéré” explique Agnès Saal.

… face à une situation bien réelle et préoccupante

Sylvie Pierre-Brossolette, membre de la Fondation des Femmes a présenté le rapport publié sur les 200 vidéos les plus vues en 2019 et 2020. Sans surprise, ces supports véhiculent des stéréotypes “catastrophiques pour l’éducation d’une société”, le numérique, étant, selon elle, “le lieu de tous les dangers pour les femmes”.

Pour l’illustrer, Pauline Stumpf, étudiante de l’École d’affaires publiques de Sciences Po, contributrice à l’étude : « Numérique, le sexisme en liberté » réalisée en partenariat avec la Fondation des femmes a partagé quelques données parlantes.

Dans les clips de rap, on retrouve 70% de contenus présentant des stéréoptypes de genre, une sous représentation des femmes (16%) qui pour 20% sont sexualisées et perçues comme vénales, naives, séductrices. Les hommes disposent à l’inverse d'attributs valorisants : bravoure, courage, puissance, 99% de la violence leur est attribuée sans aucune mise en garde ou avertissement.

Partant du constat que ce type de vidéos a augmenté pendant le confinement, Rachel-Flore Pardo, avocate à la Cour, a expliqué avoir cofondé une association Stop Fisha, qui sensibilise au cybersexisme et accompagne psychologiquement et juridiquement les victimes. Expliquant que les violences sexistes en ligne constituent une circonstance aggravante, elle a précisé que la problématique réside actuellement dans la mise en application des lois.

Cette difficulté réside dans la honte à déposer plainte, et le manque de formation des représentants de l’ordre qui connaissent peu le sujet et se trouvent face à des plateformes qui coopèrent encore trop faiblement.

Anne Kupiec, la représentante Egalité de l’Alliance Sorbonne-Paris-Cité (ASPC) a présenté le dispositif de lutte contre les VSS : des actions de sensibilisation, des quizz et des bandes dessinées ont été lancées. Par ailleurs, le partenariat avec Women Safe a été, depuis 2015, à l’origine de nombreuses initiatives.

Moteur !

La sensibilisation entre et par les pairs étant à privilégier, Anne Kupiec a présenté le défi qui a été lancé aux étudiants de l’ASPC : proposer une vidéo de sensibilisation/prévention au cybersexisme.

Seize capsules vidéo ont été reçues et le jury, composé de représentantes du Défenseur des droits, de Women Safe, des directions de la communication des établissements de l’Alliance, d’enseignantes de cinéma, et d’étudiantes et étudiants élus, a sélectionné trois capsules.

Zoom sur les trois vidéos lauréates :

Une vidéo qui représente au sens propre l’impact des violences verbales.

  • Six touches de ​​Clément Devilliers, Madeleine Iselin et Marius Valero

“Nous avons voulu sortir du dramatique pour ne pas desservir le propos” explique Madeleine Iselin.

“Nous souhaitions toucher un public large, le message va au-delà de notre génération” déclare les auteurs.

Une vidéo sur les mécanismes qui peuvent mener au pire.

“J’ai souhaité donner une vision de l’intérieur de l’ordinateur, en laissant la place à un homme sur le sujet. J’espère contribuer à changer les mentalités, les comportements, il est important de dire STOP” déclare Victor Ferré.

En savoir plus : 

 

Légende de l'image de couverture : @Sciences Po