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28.11.2022

“Comment permettre à chacun de mieux s’informer” ? la consultation DE FACTO enquête

DE FACTO : Comment permettre à chacun de mieux s'informer ?
(crédits : @ Sciences Po)

Dans le cadre de DE FACTO  - partenariat réunissant des acteurs majeurs de l’information et des laboratoires de recherche de Sciences Po - une consultation de grande ampleur a été conduite auprès des citoyens pour mieux comprendre leurs désirs d’évolution des médias. Présentation des résultats par Sylvain Parasie, chercheur au médialab.

Pourquoi avoir lancé cette consultation citoyenne sur le thème "Comment permettre à chacun de mieux s'informer" ? 

Sylvain Parasie : Le projet DE FACTO est une alliance inédite de chercheurs, journalistes et professionnels de l’éducation aux médias et à l’information qui a vu le jour en janvier 2022. 

Constatant que la transformation numérique de l’espace public a permis de nouveaux moyens d’expression prometteurs, mais a aussi été accompagnée de nouveaux désordres tels que la désinformation, Sciences Po (le médialab, l’École de journalisme et le Laboratoire d’évaluation des politiques publiques - LIEPP) s’est associé à l’Agence France Presse (AFP), au Centre d’éducation aux médias et à l’information (CLEMI)  et à XWiki (développeur de la plateforme collaborative).

Pour faire face à la désinformation, les lignes de front étaient jusqu’à présent relativement cloisonnées, ce n’est plus le cas. Pour ce projet - dénommé DE FACTO -, se sont mobilisés des médias et des acteurs du  fact-checking, des acteurs de l’éducation aux médias et à l’information et enfin, des laboratoires de recherche travaillent-  entre autres - sur l’écosystème des médias numériques. L’ambition de DE FACTO est de croiser les regards entre ces trois expertises, nécessaires pour mieux comprendre, mieux informer et mieux éduquer le public. L’idée est de donner des clés pour mieux naviguer dans le nouveau monde de l’information. Or, pour atteindre ces objectifs, il faut impliquer  la société civile sans quoi nous ne pourrions.  Nous voulions donc commencer par donner la possibilité aux citoyens de prendre la parole sur ces enjeux qui les concernent  directement, d’où l’idée de lancer une consultation citoyenne. Nous avons choisi de nous associer à Make.org, acteur de la civi tech expérimenté dans l’organisation de grandes consultations de cet ordre. 

Parce qu’elle était délibérément large, la question posée « Comment permettre à chacun de mieux s’informer ? » a permis de saisir la diversité des thèmes que les citoyens estiment importants en la matière. 

Cette consultation, massivement investie par nos concitoyens, nous permet de disposer aujourd’hui d’un panel de thématiques qui importent aux  citoyens, de déceler celles qui sont consensuelles, celles qui sont controversées, et d’élaborer  un ordre de priorité.

On recense plus de 110 000 participants ayant déposé 2023 propositions et plus de 500 000 votes : comment expliquer cette mobilisation citoyenne ? 

S.P : Alors même que nous n’avons pas utilisé les réseaux sociaux pour conduire cette consultation, nous avons constaté une mobilisation massive des citoyens, qui ont pris le temps de partager leurs réponses et leurs propositions et de voter pour ou contre les autres propositions. 

Les rédactions de médias français de référence telles que 20 Minutes, France télévisions, les titres du Groupe EBRA et Radio France, ont rejoint l’initiative pour relayer la consultation sur leurs sites respectifs et toucher de nombreux internautes. 

Cette mobilisation démontre un attachement profond à l’accès à une information plurielle et de qualité. Nous notons d’ailleurs que les répondants ont placé cet accès au cœur de l’exercice démocratique. 

Quels sont les grands enseignements à retirer de cet exercice ? 

S. P : Via cette consultation, les citoyens ont formulé plusieurs exigences démocratiques, envers les acteurs incarnés par le système éducatif, les médias, les pouvoirs publics ou encore les plateformes numériques.

Ces résultats ne relèvent pas tant des opinions que des valeurs auxquelles ils sont fondamentalement attachés.

L’un des principaux enseignements est l’importance portée par les citoyens aux enjeux d’éducation aux médias et à l’information. Les propositions consensuelles appellent à davantage sensibiliser les élèves dans le cadre des écoles, mais également l’ensemble de la population, au décryptage de l’information. 

Un autre axe porté à notre attention est lié aux questions de régulation des plateformes numériques. Les citoyens s’accordent à demander une régulation plus efficace des réseaux sociaux et pour contrer la diffusion de fake news qu’ils portent. 

Une troisième orientation  est celle  de la diversité de l’information et des pratiques journalistiques. La société civile exige une information plus diversifiée, un fact-checking renforcé et la mise en avant des sources. Le sentiment de surinformation, bien que non consensuel dans cette consultation, apparaît aussi comme une préoccupation.

Enfin, les citoyens s’accordent à exiger de meilleures gouvernance et transparence sur le financement des médias, avec en premier lieu la volonté d’être assuré de l’indépendance éditoriale et celle de lutter contre leur concentration. 

Les conclusions de cette consultation - consultables sur la plateforme DE FACTO. -  sont assez conformes aux perceptions des préoccupations des citoyens que nous avions avant de la lancer. Il nous incombe de les prendre en compte dans l’étude de l’écosystème des médias numériques.  

Quelle suite allez-vous donner à cette consultation ? 

S. P : Cette consultation a été menée dans un contexte d’actualité riche en problématiques relatives à  l’information et aux médias numériques. D’importants règlements sont en cours de mise en œuvre au niveau européen, notamment le Digital Services Act (DSA). Ce dernier tend à harmoniser les législations nationales pour obliger les plateformes à être  plus transparentes, à lutter efficacement contre les contenus illicites et à mieux protéger utilisateurs. La Commission européenne a également adopté en septembre 2022 une législation sur la liberté des médias, visant à protéger le pluralisme et l’indépendance des médias. 

Dans ce contexte, les partenaires de DE FACTO vont élaborer un plan d’action pour porter les exigences citoyennes auprès des pouvoirs publics, aux niveaux national comme européen. 

À cet effet, nous allons accompagner les propositions citoyennes par des éclairages d’experts participants à  DE FACTO : chercheurs, journalistes et éducateurs aux médias et à l’information. 

En savoir plus : 

-Découvrez DE FACTO un outil inédit au service d’une information de qualité

-Consultez les résultats de la consultation sur la plateforme DE FACTO

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