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14.01.2022

Vers une Union européenne de la santé ?

Mercredi 12 janvier, la Chaire Santé, les Alumni et l'École d’affaires publiques de Sciences Po, ont organisé au Ministère des Solidarités et de la Santé, un débat dédié aux objectifs de santé européens actuels et futurs. Cet événement multiforme et multiplateformes a réuni des représentants des instances européennes, des parlementaires et des experts, européens et français, pour analyser les initiatives européennes en cours, discuter de la stratégie collective de l'UE face à la pandémie de Covid-19 et envisager collectivement les défis à venir liés à la santé.

Investir dans la santé à l’échelle mondiale

La commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakidesa, a partagé des paroles encourageantes quant aux efforts déployés par l'UE depuis le début de la pandémie. Elle a notamment évoqué les trois milliards d'euros versés au COVAX (le dispositif mondial de partage de vaccins), la stratégie pharmaceutique et le plan de prévention du cancer de l'UE, mais a aussi rappelé l’investissement de cinq milliards d'euros injectés dans le projet EU4Health visant à élaborer des systèmes de santé plus solides. Ces déclarations ont mis en exergue le constat selon lequel  l'UE a investi non seulement dans l'intérêt de ses États membres, mais également dans celui du monde dans son ensemble.

« Solidarité et santé : la pandémie de Covid-19 nous a démontré qu'elles vont de pair », a-t-elle poursuivi, introduisant l’idée, qui allait rester comme un fil rouge tout au long de la discussion, selon laquelle la solidarité européenne prend souvent la forme d'une coopération inter-nations. En effet, comme évoqué par Chrysoula Zacharopoulou, membre du Parlement européen et représentante de la Commission européenne, « la pandémie de 2019 nous a rappelé notre interconnexion ».

Préparer l'avenir

La question de la préparation aux crises futures a suscité beaucoup d’intérêt parmi les panélistes. Comme précisé par Marietta Karamanli, députée française et co-auteure du Rapport d'information sur la coordination par l’Union européenne des mesures nationales de gestion de la crise sanitaire, « en 2021, nous avons mis l’accent sur l'importance de nous préparer aux crises futures ». Nous faisons face à une véritable nécessité de renforcer davantage le système de santé européen et d'assurer la solidité de la souveraineté européenne qui « nous protège plus que la souveraineté nationale », a-t-elle insisté.

Les membres du panel se sont en effet accordés sur le rôle essentiel joué par le projet européen dans la réalisation de progrès concrets pour chaque État-nation et pour la collectivité dans son ensemble. Chrysoula Zacharopoulou a souligné les difficultés que la Grèce aurait rencontrées si elle avait eu à négocier seule avec les entreprises pharmaceutiques dans le contexte de la crise économique du pays. Elle a également insisté sur la rapidité du déploiement du vaccin en Europe que l’on peut attribuer à la force de l'Union européenne.

« Gestion, accès, solidarité »... et « appartenance »

Comment éviter les écueils lorsqu'il s'agit de mettre en œuvre une politique ? Mariette Karamanli a cité trois « bonnes pratiques » - « gestion, accès, solidarité » - qui peuvent contribuer à éviter une crise de confiance au sein de l'Union européenne. Comme elle l'a noté, le problème de l'inégal accès aux soins entre les pays de l'UE s'est avéré un sujet sensible tout au long de la campagne vaccinale. Néanmoins, l'action collective de l'Union européenne a été largement considérée comme le meilleur moyen de fournir des soins rapides et fiables aux patientes et patients à travers l'Europe. Les panélistes ont affiché leur envie que cette tendance se poursuive et s'amplifie dans les mois à venir avec la présidence française du Conseil de l'UE.

Comme l'a noté Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargé de l'Enfance et des Familles, dans le triptyque choisi par le gouvernement français pour la présidence française de l'Union européenne : « Relance, puissance et appartenance », l'accès universel aux soins de santé s'inscrit dans cette idée d'« appartenance ». Il a ensuite souligné la nécessité d'une solidarité continue entre les États membres, notant qu'une réponse telle que celle observée lors de la pandémie de Covid-19 montre que l'UE peut rester forte en temps de crise.

De nouveaux canaux de réflexion 

En fin de compte, la présidence française de l'UE a fourni à la France - et au reste des États membres de l'UE - l'occasion de se poser des questions plus vastes et avec des enjeux plus importants sur le système de santé européen et les projets de l'UE à l’avenir. Les intervenantes et intervenants se sont accordés à dire que si la pandémie de Covid-19 a soulevé des défis intimidants au sein de l'Union européenne, elle a également ouvert de nouvelles voies de réflexion pour la coopération intereuropéenne sur des questions clés et permettra aux États membres d'être mieux préparés à l'avenir.

Alors que l'on s'interroge sur la gestion de la pandémie de Covid-19 au sein de l'Union européenne et au-delà, il peut être utile de garder à l'esprit les mots de Marietta Karamanli sur l'identité dans un contexte mondial : « On est tous Grecs, on est tous Français, parce qu’on est tous Européens. » En effet, trouver de nouvelles façons de coopérer pour atteindre des objectifs communs au-delà des frontières peut s'avérer une façon d'avancer en temps difficiles. En attendant, tout ce que nous pouvons faire, c'est nous préparer du mieux que nous pouvons, par la discussion, la recherche et l'échange d'idées.

L'équipe éditoriale de Sciences Po

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