louise.beaumais
Louise Beaumais
louise.beaumais@sciencespo.frMon parcours de recherche s’est caractérisé, ces dernières années, par une approche plurielle, à la croisée de trois disciplines et sous-disciplines : les relations internationales ; la sociologie de la quantification ; et la sociologie des sciences et des techniques.
Ce tropisme s’est développé pour ma thèse, dans le cadre d’un programme ANR, Datawar, porté par trois institutions françaises – Sciences Po Lille, Sciences Po Paris, et l’École Polytechnique – qui interroge la quantification des conflits comme forme de savoir. Ma thèse s'est concentrée plus spécifiquement sur l’utilisation des chiffres en politique étrangère. Mon double cas d'étude de la politique Arctique en France et au Royaume-Uni m'a permis d'observer la manière dont les organisations engagées en politique étrangère (ministères de la Défense et ministères des Affaires étrangères) mobilisent les chiffres pour ce qu'ils évoquent, dans ce cas: la crédibilité, la cohérence et les imaginaires. Ces utilisations, qui ne sont pas des utilisations directes des chiffres pour ce qu'ils disent, ont néanmoins des effets structurants sur les représentations que j'appelle "datafictions".
Plus généralement, cette trajectoire m’a permis de développer une forte familiarité avec un objet transversal en science politique : la construction sociale du savoir – quantitatif comme qualitatif, et plus particulièrement ses usages politiques et son pouvoir structurant sur les représentations du monde. Je l’ai interrogé à partir de plusieurs cas : la mise en chiffres de la guerre à travers les systèmes d’alerte précoce (France, Royaume-Uni, Allemagne, Union européenne) ; les effets du décompte des morts sur la perception des conflits (par exemple, Gaza) ; ou encore, via l’utilisation des données chiffrées dans les politiques arctiques françaises et britanniques.
Enfin, mes recherches m’ont conduite à m’interroger sur les formes de savoir tournées vers l’anticipation. Qu’il s’agisse des systèmes d’alerte précoce ou des pratiques de prospective dans les organisations en charge de la politique étrangère (Ministère des Affaires étrangères et Ministère de la Défense), j’ai analysé les outils et scénarios pour prédire le futur en contexte de politique étrangère en contexte européen. Ce travail m’a permis de souligner combien ces productions d’anticipation relèvent moins d’une volonté de prédiction que d’une construction située de futurs désirables ou redoutés, inscrite dans des cadres organisationnels spécifiques. Cette attention aux régimes d’anticipation constitue aujourd’hui l’un des axes structurants de mes recherches.
Mes travaux conjuguent des approches qualitatives (entretiens, analyse de discours, process-tracing) et comparatives, avec une attention constante portée à la circulation des savoirs entre les sphères académiques et bureaucratiques.
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Teaching
Mission d’enseignement (Sciences Po, Paris)
2021 : Cours d’Espace mondial sur le campus de Dijon (48h)
2022 : Cours d’Espace mondial sur le campus de Reims (24h), en anglais. Teaching Asssistant (Sciences Po, Paris)
2021, 2023 : Renseigner sur les démocraties, renseigner en démocratie (Philippe Hayez et Benjamin de Maillard.)
2022, 2023 : Violences extrêmes et génocides (Jacques Sémelin).
2022 : Fabriquer les futurs. De la prospective à la fiction spéculative (Virginie Tournay) -
Languages
French, English, Spanish
OUVRAGES
Beaumais, L., Lambert, I., Lindemann, T., Makki, S. Ramel, F., & Sangar, E. (2025 - forthcoming). Quantifying international conflicts: data on war or data for war. London: Palgrave Macmillan.
CHAPITRES D’OUVRAGE
Beaumais, L. (2025 - forthcoming). Navigating the Landscape of Early Warning Systems: From Managerial Optimism to Bureaucratic Realities. In: L. Beaumais, I. Lambert, T. Lindemann, S. Makki, F. Ramel & E. Sangar. (Éds). Quantifying international conflicts: data on war or data for war. London: Palgrave Macmillan.
Beaumais, L. (2025). Percevoir la « menace » chinoise en Arctique sous le prisme quantitatif: imaginaires et biais de confirmation. In: S. Dini, E. Jourdain, & T. Lindemann. (Éds). Anticiper les conflits. Paris : Classiques Garnier.
Beaumais, L. & Lambert, I. (2025 - forthcoming). Different jobs, similar problems: exploring the mutual effects of the (mis)use of quantitative data on armed conflict by humanitarian workers and journalists. In: L. Beaumais, I. Lambert, T. Lindemann, S. Makki, F. Ramel & E. Sangar. (Éds). Quantifying international conflicts: data on war or data for war. London: Palgrave Macmillan.
ARTICLES (REVUES À COMITÉ DE LECTURE)
Beaumais, L. (2023). Do Humanitarian Workers Really Trust Numbers? An Assessment of the Use of Quantitative Data in the Humanitarian Field. Journal of Humanitarian Affairs, 5(1), 24-36.
Beaumais, L. (2023). Les systèmes d’alerte précoce ou l’illusion de l’objectivation. Cités, (3), 83-96.
Beaumais, L., & Ramel, F. (2023). Diplomats, Soldiers, and Armed Conflict Databases: Another French Exception? Global Studies Quarterly, 3(2), ksad027.
AUTRES
Beaumais, L. (2024). Le décompte des morts à Gaza : des chiffres qui parlent d’eux-mêmes ? Les dossiers du CERI, « Après le 7 octobre 2023 ».
Datawar (2022). Bons chiffres, fausses prédictions ? Pourquoi la guerre en Ukraine a pris l’Europe par surprise. La vie des idées.
Anderson, G., Beaumais, L., Carnapete, L., Lambert, I., Makki, S., Ramel, F., & Sangar, E. (2023). Considering Practices of Conflict Data Production, Analysis, Dissemination, and Practitioner Reception: Findings, best practices and recommendations. CERI/Sciences Po.