Les lynchages aux États-Unis de 1877 au début des années 1950
Intervenant :
Daniel Sabbagh, Directeur de recherche Sciences Po-CERI/CNRS
De 1877 – date de la fin de la « Reconstruction » et du départ des troupes nordistes des États du Sud – au début des années 1950, 4 000 Noirs environ ont été victimes de lynchages aux États-Unis. On désigne communément par ce terme la mise à mort d’individus suspects – sans le plus souvent avoir été jugés coupables au terme d’une procédure juridique régulière – de crimes et délits variés, voire de simples violations de l’« étiquette » raciale en vigueur, par une foule blanche hétérogène en matière d’âge et de genre et dépourvue d’autorité formelle, mais dont les agissements, de fait, étaient largement tolérés par les pouvoirs publics. Quel sens donner à ce « théâtre de la cruauté », le meurtre de la victime étant fréquemment précédé de tortures en tous genres ? Qui étaient typiquement les protagonistes de ces séquences d’effervescence collective macabre ? Quelles étaient les conditions de possibilité (culturelles et institutionnelles) de ce qui peut apparaître comme un déchaînement de pulsions sadiques dans un contexte au moins partiellement démocratique ? Dans quelle mesure la dimension sexuelle de ces atrocités – manifeste tant dans la nature des infractions censées les justifier (comme le viol allégué d’une femme blanche) que dans celle des mutilations infligées à l’individu pris pour cible – était-elle centrale ? Telles sont quelques-uns des points que l’on s’efforcera d’éclairer dans cette communication.
Responsables scientifiques : François Bafoil, Sciences Po-CERI/CNRS (UMR 7050) et Paul Zawadzki, Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL/UMR 8582).