Le discours néo-impérialiste et néostalinien des « conservateurs » russes autour des « révolutions » ukrainienne et géorgienne
Les « révolutions de couleur » qui ont eu lieu en 2004 en Ukraine et en Géorgie, puis celle de l’Euromaïdan en 2013-2014, peuvent être vues comme la poursuite d’une vague qui a commencé avec le renversement de Milošević, en Serbie, en 2000, voire, selon certains observateurs, avec ces « révolutions chantantes » à l’issue desquelles les Pays baltes ont retrouvé leur indépendance, ou avec ces « révolutions » qui n’ont pas toutes été « de velours » et ont permis à l’Europe centrale et orientale de sortir du bloc soviétique. S’inscrivant donc dans un espace géopolitique amplement bouleversé et reconstitué depuis 1989, elles ont suscité, en Russie, des réactions et des discours très divers qui ont reflété, une fois de plus, la rupture entre les « libéraux » – ceux qui veulent plus de droits et de démocratie – et ceux qui revendiquent aujourd’hui l’appellation de « conservateurs » – le politologue bulgare Ivan Krastev parlait de « néoconservateurs » dès 2005 –, mais qui étaient jadis appelés plutôt des « étatistes » (gosurdarstvenniki), des « partisans de la grande-puissance » (deržavniki) ou des « nationalistes », et sont très différents d’autres conservateurs européens. Cette bipolarisation – éloignée de celle qui a pu exister, au XIXe siècle entre les « occidentalistes » et les « slavophiles » – a vu le jour dans l’URSS des années 1940 et n’a pratiquement jamais cessé depuis de structurer le débat intellectuel et politique en Russie... lire la suite
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