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14.06.2019

Les coulisses du Grand Oral

Du discours de politique générale devant l'Assemblée nationale aux émissions de télévision, le “grand oral” a la cote et sera bientôt partie intégrante du nouveau Bac. Né à Sciences Po, le “Grand O” a, tout comme l’institution, profondément évolué au cours des dernières années. Qu’attend-on des étudiants en 2019 ? Loin du concours d’éloquence et des effets de manche, reportage dans les coulisses de ce rite de passage.

À Sciences Po, le “Grand O” existe de toute éternité. Principal oral de sortie de l’École libre des Sciences Politiques, il perdure comme passage obligé avant le diplôme lors de la création de l’Institut d’Études Politiques de Paris en 1945*. Mais s’il a traversé les quasi 150 d’existence de Sciences Po, le Grand Oral de 2019 n’a probablement plus grand-chose à voir avec celui des premiers diplômés de 1874.

Faire le lien entre l’expérience et les enseignements

“Le tirage au sort du sujet a disparu depuis les années 2000 et la mise en place des Écoles de second cycle, plus professionnelles et plus spécialisées”, rappelle Myriam Dubois-Monkachi, directrice de la scolarité. Nous avons voulu que le Grand Oral soit davantage adossé à la spécialité choisie”. Depuis la dernière réforme de 2016, le Grand Oral s’appuie ainsi sur l’expérience hors-les-murs que tous les étudiants effectuent en master : un stage, un mémoire de recherche, un séjour d’étude à l’international, ou l’apprentissage. L’objectif est d’évaluer la capacité de l’étudiant à faire le lien entre les enseignements fondamentaux reçus à Sciences Po et cette expérience. “Cette alliance permet d’assister à des histoires extraordinaires, raconte Myriam Dubois-Monkachi. Mais au-delà de l’immense diversité des expériences, l’exercice met en jeu la capacité à argumenter, à poser une problématique et à y répondre. C’est une compétence qui distingue nos diplômés dans leur vie professionnelle, et c’est cela qui se joue lors du Grand O.” 

Une épreuve “d’engagement intellectuel”

Bien loin de l’exercice de style ou du cliché sur l’art de “pouvoir parler un peu sur tous les sujets”, le Grand Oral d’aujourd’hui se présente comme une épreuve “d’engagement intellectuel” de la part du futur diplômé. “Avec ce nouveau Grand oral, les jurys ne sont plus dans une approche “sanction”, mais adoptent une posture à la fois exigeante et bienveillante”, témoigne un membre du jury. C’est un moment passionnant qui permet de mettre en lumière un parcours éthique et intellectuel”. Pour Myriam Dubois-Monkachi, la solennité du moment, partagé par l’ensemble d’une promotion, aux mêmes moments et au même endroit, apporte aussi “une dose de commun” à des étudiants qui ont entamé des trajectoires très diverses lors de leur master. Un “point d’aboutissement”, qui clôture la boucle ouverte lors de l’entrée à Sciences Po, où tout commence aussi...par un oral.

*D'après Odon Vallet dans Grand Oral (Masson, 1989) - À l’ENA et dans les concours administratifs, le terme désigne plutôt une étape redoutée de la sélection à l’entrée.

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Légende de l'image de couverture : Sciences Po