Recep Tayyip Erdogan est-il imbattable ?

Analyse du premier tour de la présidentielle et des élections législatives du 14 mai en Turquie, un article de Bayram Balci 

Les Turcs se sont rendus aux urnes dimanche 14 avril pour une double élection. En effet, les votants avaient le choix entre trois candidats pour la fonction de président de la République et entre des listes présentées par plusieurs partis politiques pour désigner les députés. Le taux de participation, très élevé (90%) mais habituel en Turquie, a démontré l’attachement des Turcs au suffrage universel et leur foi dans la légitimité des urnes. Alors que la plupart des analystes prédisaient une défaite du président Erdoğan, qui dirige le pays depuis vingt ans, nous avons vécu le scénario inverse. En effet, aux législatives, la coalition du Adalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la justice et du développement, AKP) est arrivée nettement en tête et a obtenu une majorité au parlement ; à la présidentielle, Recep Tayyip Erdogan a manqué de l’emporter dès le premier tour puisqu’il a recueilli 49 % des voix. Au second tour du scrutin qui aura lieu le 28 mai, il a donc de fortes chances de l’emporter. Comment expliquer la performance d’Erdogan et de ses alliés politiques ?

Dans un contexte économique peu favorable au gouvernement - forte inflation, baisse du pouvoir d’achat des Turcs depuis deux ans, importantes critiques quant à la gestion par le pouvoir des conséquences des séismes, la plupart des sondages et analystes, en Turquie comme à l’étranger, prédisaient une défaite, voire une déroute pour le président Erdogan et son parti. D’aucuns parlaient même d’une victoire de son rival Kemal Kılıçdaroğlu dès le premier tour. 
Cependant, Recep Tayyip Erdogan soutenue par la coalition Cumhur Ittifaki (Alliance populaire) a obtenu 49% des voix. Face à lui, le candidat de l’opposition Kemal Kılıçdaroğlu a recueilli 45% des suffrages. Sinan Oğan, dirigeant dissident du parti nationaliste Milli Hareket Partisi (Parti du mouvement nationaliste) et très peu connu, est arrivé en troisième position avec 5 % des voix. Il est en mesure d’arbitrer le deuxième tour.

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