Diversité et représentation dans les opérations de maintien de la paix. Interview with Fanny Badache

For the next two years (September 2025-August 2027), researcher Fanny Badache from the University of Geneva is joining CERI as a Marie Sklodowska-Curie Fellow. Her research lies at the intersection of international relations and public administration, with a focus on UN staff working at headquarters (New York and Geneva) and in the field. Her current project examines the diversity of civilian personnel in UN peacekeeping operations. She answers our questions in this short interview.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Fanny Badache : J’ai réalisé toutes mes études universitaires en Suisse : un bachelor en relations internationales et un master en management public à l’Université de Genève. J’ai une formation initiale multidisciplinaire puisque le bachelor proposait des cours dans quatre disciplines : histoire, économie, science politique et droit. De même, le master était un parcours interdisciplinaire pour comprendre les enjeux liés secteur public, aux administrations publiques et aux politiques publiques. J’ai ensuite réalisé une thèse en science politique à l’Université de Lausanne puis j’ai été engagée comme post-doctorante pour travailler sur un projet à l’Institut des hautes études internationales de Genève (2021-2024). Enfin, j’ai obtenu un poste de maître-assistante au département de science politique et relations internationales à l’université de Genève, poste que je retrouverai après mes deux années au CERI. J’ai aussi réalisé deux séjours de recherche : pendant ma thèse à la City University de New York et pendant mon post-doctorat à l’Institut universitaire européen de Florence.
Vous avez soutenu votre thèse de doctorat en 2021. Quel en était le titre ? Pouvez-vous nous parler de votre travail et de vos recherches actuelles ?
Fanny Badache : Ma thèse s’intitule Geographic Diversity within the United Nations Secretariat: Performance and Legitimacy in an International Bureaucracy et reflète mon parcours multidisciplinaire. En effet, dans mon travail de thèse, j’ai appliqué des théories et recherche issues de l’administration publique et du management public à l’étude des organisations internationales et de leurs bureaucraties. A l’époque (j’ai débuté ce travail en 2015), l’étude des bureaucraties internationales était en plein développement et j’y ai contribué en proposant d’étudier la composition du personnel de ces bureaucraties et notamment leur origine nationale. J’ai donc développé un agenda de recherche sur les questions de diversité et de représentation au sein de la fonction publique internationale.
Vous êtes boursière Marie Curie au CERI pour les deux années à venir, quels sont vos projets de travail ? Pouvez-vous nous parler de la manière dont ils s’inscrivent en effet dans les recherches menées au CERI?
Fanny Badache : Le projet que je développe dans le cadre de ma bourse Marie Curie s’intéresse à la diversité du personnel civil des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Il fait le pont entre mon travail de thèse et mes connaissances acquises pendant mon post-doctorat dans lequel j’ai étudié les opérations de maintien de la paix. Dans le cadre de projet, je vais étudier la provenance géographique du personnel sur le terrain et son impact sur le travail des opérations de maintien de la paix. Ma méthodologie sera qualitative et se basera sur l’étude de cas de deux opérations en cours. En fonction des conditions de sécurité et des possibilités d’accès, l’idée est d’aller observer le travail du personnel civil sur place et de réaliser des entretiens.
La professeure Chiara Ruffa a soutenu ma demande de bourse et sera ma personne référente au CERI. Ma recherche s’inscrit dans les projets en cours au CERI sur le multilatéralisme et la sécurité internationale, notamment dans les thèmes du Groupe de recherche sur l’action multilatérale (GRAM).
Vous avez co-édité International Organizations and Research Methods: An Introduction (University of Michigan Press, 2023). Vous portez donc un intérêt particulier à la méthodologie...
Fanny Badache : Oui, en effet, depuis le début de mon parcours doctoral je me suis posé la question de l’application des méthodes de recherche pour l’étude des organisations internationales. Devons-nous adapter nos méthodes en sciences sociales ? Quels sont les avantages et inconvénients de telle ou telle méthode ? Assez rapidement, dans mon parcours, j’ai voulu être réflexive sur mes pratiques méthodologiques. J’ai noté que je ne trouvais pas de réponses dans les publications disponibles. C’est pourquoi avec mes trois collègues et amies Leah Kimber, Lucile Maertens et Emilie Dairon, nous avons décidé de nous lancer dans l’organisation d’une conférence sur ce sujet qui a débouché sur la publication de cet ouvrage. Nous avons réalisé un podcast pour l’Observatoire multilatéralisme et organisations internationales qui a fait une présentation de l’ouvrage et du processus de publication (disponible ici).
Dans quels projets collectifs êtes-vous engagée, au CERI et ailleurs ?
Fanny Badache : Je contribue à un ouvrage collectif co-édité par Chiara Ruffa et Vanessa Newby intitulé The Oxford Hanbook on Interpreting Peacekeeping. Avec mes collègues de l’IHEID Sara Hellmüller et Bilal Salayme, nous sommes encore en train de travailler sur des publications liées au projet sur l’impact des changements dans le système international sur les opérations de paix de l’ONU. Enfin, je co-édite un ouvrage collectif avec Joël Oestreich (Drexel University) intitulé A Research Agenda for International Organizations qui paraîtra à l’été 2026. Ce livre rassemble douze contributions sur différents thèmes et concepts qui soulèvent les futures questions que les chercheurs et chercheuses devraient se poser.
Interview by Corinne Deloy