COVID-IN-UNI : les universités françaises face au COVID (ANR 2020)

ANR, Agence nationale de la rechercheL'appel « Recherche-Action Covid-19 » lancé par l'ANR, qui vise à soutenir des travaux de recherche à court terme en lien avec la pandémie, a retenu le projet sur les universités françaises dirigé par Christine Musselin et Stéphanie Mignot-Gérard, Maîtresse de conférences en gestion à l’IAE Gustave Eiffel et à l’Institut de Recherche en Gestion de l’UPEC. Aline Waltzing, post-doctorante, est associée au projet.  

Durée : septembre 2020 à septembre 2021

Partenaire :
Stéphanie Mignot-Gérard est responsable du Master Développement et Management des Universités qui forme des cadres pour les établissements d’enseignement supérieur et de recherche.

Lire le rapport "Les universités françaises face au COVID" Fin 2019- février 2021 (PDF - 4 Mo)

Présentation

Ce projet s’inscrit dans la lignée des travaux qui étudient comment les organisations réussissent ou échouent à anticiper et à gérer les crises. Qu’il s’agisse de l’étude des organisations à risque dans les secteurs à haute technologie, ou de l’analyse des organisations chargées de gérer des crises, toutes soulignent l’efficacité des « systèmes faiblement liés » pour affronter la crise.

Qu’en est-il alors des organisations qui, comme les universités, sont caractérisées par des interdépendances fonctionnelles faibles et des technologies souples ? La quasi absence de recherches sur la gestion des crises au sein des universités, en France et à l’étranger, ne permet pas de répondre à ces questions.

Ce projet entend par conséquent apporter un éclairage inédit en observant les universités françaises face à la pandémie du COVID-19 et explore les questions suivantes.

Question 1 : Les spécificités organisationnelles des universités les rendent-elles fragiles ou au contraire robustes en situation de crise ?

Les travaux mentionnés précédemment montrent que le loose coupling est un facteur indispensable à la réactivité face aux crises. Cela est-il vérifié pour les universités ? Faible interdépendance fonctionnelle et technologies incertaines, faiblesse des lignes hiérarchiques, absence de plans de gestion de crise, etc. les déstabilisent-elles, en compliquant les efforts de coordination, en brouillant la diffusion des informations et en freinant la mise en œuvre harmonisée de procédures ? Ou au contraire ces facteurs accroissent-ils leur résilience en leur permettant d’être sensibles aux signaux faibles et réceptives aux alertes, en permettant l’émergence de solutions diversifiées et adéquates et en renforçant leur capacité d’innovation et d’adaptation ?

Question 2 : La crise conduit-elle à une transformation du mode de gouvernement et des rapports de force

Un événement exogène de la magnitude du COVID constitue un enjeu dont une multitude d’acteurs peuvent chercher à se saisir pour affirmer leur position dans le jeu, en imposant leur définition du problème, en inventant des solutions innovantes, ou encore en démontrant leur contrôle de la situation. On s’intéressera donc aux recompositions des rapports de force et à leurs évolutions au fil des étapes de la crise et à leur pérennité.

Question 3 : Comment les universités arbitrent-elles l’équilibre entre sécurité sanitaire et continuité d’une stratégie d’établissement ?

Les universités sont désormais appelées à définir des stratégies de long terme et à rendre compte de leur performance. Mais, à l’instar d’autres organisations en situation de crise, les universités, face au COVID-19, sont confrontées à l’équilibre délicat entre la pérennité de leurs activités et la nécessité de préserver la sécurité de leurs personnels et de leurs publics. Comment articulent-elles la gestion de crise avec la poursuite de leur stratégie collective ? Comment cette crise accélère ou redéfinit-elle des stratégies préexistantes ? Les singularités des contextes organisationnels locaux dessinent-elles un équilibre et une trajectoire différente ?

Questions transversales

La crise liée au COVID-19, contrairement aux catastrophes naturelles ou aux accidents industriels, est d’une durée imprévisible, ponctuée de rebondissements, et forte en incertitudes sur l’avenir. Il convient donc d’interroger les effets de cette temporalité sur la dynamique de gestion de crise

L’ampleur de cette crise requiert également de mettre œuvre un dispositif permettant de comparer simultanément les réponses apportées dans plusieurs organisations de même type en même temps, ce qui est rarement le cas dans les travaux sur l’analyse organisationnelle des crises.

Un programme de travail en deux volets.

Volet 1 : collecte de données et suivi de crise à l’échelle de la France (mai 2020 à septembre 2021)

Il s’agit de collecter des éléments permettant de dresser un tableau général des problèmes rencontrés par les établissements, de leur évolution, des réponses apportées et de leur variété, et d’appréhender le rôle de la coopération nationale verticale (tutelle) ou horizontale (réseaux et CPU) dans la régulation de la crise.

Nous pourrons ainsi dresser une typologie d’établissements selon leur capacité à anticiper la crise, leur réactivité, leur rôle de leader ou de suiveur dans la mise en place de solutions, leur participation à une réflexion coordonnée ou au contraire leur attitude de cavalier seul dans la recherche de solutions.

Volet 2 : étude approfondie dans quatre établissements (novembre 2020 à septembre 2021)

Nous réaliserons une étude approfondie, monographique et comparative du gouvernement de quatre établissements ayant suivi des trajectoires de gestion de crise différentes. Les établissements seront choisis selon la typologie issue du volet 1 et les entretiens seront réalisés au cours de l’enquête collective que mènent es étudiants de première année du master de sociologie de Sciences Po. Elle donnera lieu à la rédaction de monographies comparatives.

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