Critique internationale - Sommaire

Editorial
5-6

 

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Thema
Thema - Le quotidien économique dans un Proche-Orient en guerre
Sous la responsabilité de Thierry Boissière et Laura Ruiz de Elvira

Dans un Proche-Orient depuis longtemps traversé par de fortes tensions et où la guerre est plus que jamais présente, populations civiles, institutions et gouvernants doivent s’adapter à un quotidien fait en partie de violence et d’incertitude. Ce dossier se propose d’aborder la question du « quotidien économique » dans ce contexte régional particulier à travers quatre contributions portant sur le Liban, la Syrie et la bande de Gaza. La problématique de l’économie dans la guerre s’articule ici avec le débat relatif aux possibilités d’adaptation, de normalisation et de routinisation dans les situations de conflit. Plus précisément, les auteurs interrogent la transformation, la résilience et l’autonomisation de sociétés vivant de graves crises politiques, et analysent la façon dont leurs pratiques économiques quotidiennes sont affectées directement ou indirectement par la guerre.

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Thema
Entre violence, incertitude et routinisation : réinventer les pratiques économiques quotidiennes en situations de guerre
Thierry Boissière, Laura Ruiz de Elvira
9-22

 

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Thema
L’expérience économique du gouvernement Hamas sous blocus dans la bande de Gaza
Taher Labadi
23-43

Le blocus de la bande de Gaza ainsi que les guerres successives menées par Israël au cours de la dernière décennie ont provoqué une grave crise économique et humanitaire sur cette portion du territoire palestinien. S’ajoute à cela un contexte de fracture politique interne entre le Hamas qui gouverne la bande de Gaza et l’Autorité palestinienne établie en Cisjordanie. J’examine certaines pratiques et politiques inédites du gouvernement de Gaza sous blocus qui nous renseignent sur le caractère à la fois éminemment conflictuel et nécessairement précaire des tentatives d’adaptation, d’autonomisation et de régulation de l’activité économique en temps de guerre. Trois expériences en particulier sont étudiées : l’entreprise du ministère de l’Agriculture pour développer une production en situation d’autarcie ; le recours aux réseaux de contrebande et l’exploitation des tunnels à la frontière avec l’Égypte ; l’effort pour fonder un système administratif et financier parallèle dans un contexte de souveraineté partagée.

Thema
Produire, consommer, vivre : les pratiques économiques du quotidien dans la Syrie en guerre (2011-2018)
Leïla Vignal
45-65

À partir de l’exemple de la Syrie des années 2010, cet article vise à saisir les modalités de transformation de l’économie dans la guerre. À distance des études consacrées aux économies de guerre, il explore ce que devient, en temps de guerre, le quotidien économique – produire, consommer, vivre –, y compris dans le chaos des destructions, de l’effondrement du cadre collectif et des logiques partisanes, militaires ou miliciennes. Pour comprendre la reproduction du quotidien économique dans la guerre, nous identifions les innovations mais aussi les continuités de pratiques économiques (prédation et auto-organisation) qui étaient en cours dans l’État autoritaire de l’avant-guerre. Nous procédons en analysant tout d’abord la contraction des échelles de l’économie syrienne à partir de l’exemple de l’activité industrielle. Ensuite, nous montrons le déploiement d’une « économie du passage », c'est-à-dire d’un système de production de valeurs mis en place par de multiples acteurs et qui exploite la fragmentation de l’espace et des mobilités. Enfin, nous explorons le quotidien économique de la population, qui s’articule depuis l’échelle locale jusqu’aux échelles internationales.

Thema
La région libanaise de Wadi Khaled à la frontière avec la Syrie : quelles transformations économiques en temps de paix et de guerre ?
Jamil Mouawad
67-88

Cet article propose une lecture historique des principales transformations de la vie économique – en temps de paix comme en temps de guerre – dans la région libanaise de Wadi Khaled, à la frontière nord avec la Syrie. Nous examinons ces transformations en considérant les fluctuations incessantes des processus de frontiérisation et de refrontiérisation, et montrons que les moyens de subsistance des habitants de la région reposent sur la différence des systèmes économiques libanais et syriens et sur la porosité de la frontière, notamment, pour le commerce et la contrebande. L’irruption de la guerre en Syrie à la fin de l’année 2011 a progressivement refermé la frontière. Devenue à la fois plus rigide et imperméable, elle n’a plus permis aux habitants de Wadi Khaled de maintenir leur source de revenus principale. Une dépendance à la présence des réfugiés syriens s’est installée et une nouvelle frontière s’est trouvée en partage : celle entre une communauté d’accueil et des réfugiés. Nous montrons ainsi comment la région est passée d’une dépendance économique à la Syrie à une dépendance économique aux Syriens venus trouver refuge dans cette région limitrophe, et comment, finalement, cette zone est inextricablement liée à la Syrie, que la frontière soit poreuse ou pas.

Thema
Une économie de la survie au plus près de la guerre. Stratégies quotidiennes des réfugiés syriens à Nabaa
Thierry Boissière, Annie Tohmé Tabet
89-109

À la jonction de l’anthropologie urbaine et économique, de la sociologie des migrations et d’une ethnographie des pratiques du quotidien, cette étude présente les premiers résultats d’un travail de terrain en cours. Elle analyse la façon dont les réfugiés syriens prennent place dans Nabaa, un quartier populaire de la banlieue est de Beyrouth, et les types de dispositifs, notamment résidentiels et économiques, sur lesquels ils s’appuient au quotidien. Notre analyse prend en compte leurs trajectoires depuis la Syrie jusqu’à leur installation dans le quartier, ainsi que le développement d’activités économiques et de survie. Elle pose enfin la question des conditions de la construction d’un quotidien dans l’exil, notamment à travers la mise en place de formes de routines dans un contexte d’incertitude et de grande précarité matérielle, sociale, politique et statutaire.

De vive voix
L’abolition de l’esclavage, matrice des mouvements sociaux aux États-Unis
Entretien avec Manisha Sinha réalisé par Nicolas Martin-Breteau
113-132

 

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Varia
Les convertis évangéliques face à l’islam d’État en Algérie
Fatiha Kaouès
135-154

En Algérie, l’islam, religion d’État au titre de l’article 2 de la Constitution, est mobilisé comme source essentielle de légitimité politique. Dans ce contexte, le phénomène croissant depuis quinze ans des conversions au protestantisme évangélique se heurte à de sérieuses crispations de la part des autorités. Ces dernières ont en effet adopté en 2006 une loi qui réglemente très strictement les cultes autres que l’islam et interdit le prosélytisme. Cet article s’attache à démontrer que les nouveaux chrétiens ont su jouer de cette configuration apparemment défavorable pour améliorer leur statut en Algérie. Ils mettent notamment à profit les critères de véridiction de l’État, en jouant d’un patriotisme affirmé et en recourant à une diplomatie religieuse transnationale. L’analyse distingue deux périodes : celle d’une confrontation marquée par une médiatisation à tonalité polémique de 2004 à 2010 ; puis, à partir de 2011, celle d’une reconnaissance officielle du culte protestant algérien qui semble annoncer un début de normalisation de la présence chrétienne dans le pays.

Varia
Parrainages régionaux et polarisations belligènes : la rivalité entre l’Iran et l’Arabie saoudite au Liban
Aurélie Daher
155-177

Au Moyen-Orient, les années 2010 sont marquées par une montée des tensions entre sunnisme et chiisme. La rivalité qui oppose en particulier l’Arabie saoudite et l’Iran se transpose dans plusieurs pays de la région, au risque d’en déstabiliser dangereusement les équilibres politiques et sécuritaires. Cette étude analyse le double patronage régional, saoudien, d’une part, iranien, de l’autre, au Liban, et ses répercussions au sein de la classe politique comme de la société de ce pays. Elle pose tout d’abord que, loin d’être le résultat d’un clientélisme imposé, les protections saoudienne et iranienne sont mises en place à la demande à la fois des intéressés libanais et des puissances occidentales. Durant les années 1980, 1990 et 2000, les relations entretenues par l’Arabie et l’Iran avec leurs protégés libanais restent contrariées par le veto syrien. Le jeu interlibanais, les relations entre les acteurs libanais et leurs parrains régionaux, mais aussi le positionnement des mentors les uns par rapport aux autres produisent des systèmes d’action aux effets polarisateurs, sur l’échiquier libanais, mais aussi régional. Si les relations de clientélisme transnationales ainsi à l’œuvre importent depuis le régional vers le national des rationalités belliqueuses à forte capacité déstabilisatrice, elles exportent aussi des logiques et des limites plus locales vers les parrains étrangers, modifiant en sens inverse la structuration du jeu au niveau des scènes régionale et internationale.

Lectures
État de littérature La « normalité de l’anormal » : recomposer le quotidien en situation de guerre civile
181-190

 

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Lectures
Lectures
Verónica Calvo Valenzuela
191-194

Gabriela Zamorano Villarreal, Indigenous Media and Political Imaginaries in Contemporary Bolivia, Lincoln, University of Nebraska Press, 2017, 336 pages.

Lectures
Lectures
Sélim Smaoui
195-199

Anne-Marie Losonczy, Valérie Robin Azevedo (dir.), Retour des corps, parcours des âmes. Exhumations et deuils collectifs dans le monde hispanophone, Paris, Éditions Petra, 2016, 216 pages.

Lectures
Lectures
Brian Chauvel
201-205

Jean-François Pérouse, Istanbul planète. La ville-monde du XXIe siècle, Paris, La Découverte, 2017, 220 pages.

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