RULNAT - Judiciariser la nature. Animaux et environnement au tribunal (2020-2024)
Coordination : Daniela Berti, CNRS-CEH
Partenaires scientifiques : Vanessa Manceron (CNRS-LESC), Sandrine Revet (CNRS-CERI) et Vincent Chapaux (Université libre de Bruxelles).
L’équipe est composée d’anthropologues (Daniela Berti, Vanessa Manceron, Sandrine Revet, Chiara Letizia, Stéphane Gros, Mara Benadusi, Giovanni Gugg, Isacco Turina, Anthony Good, Carolina Angel Botero, Claire Duboscq), de juristes (Vincent Chapaux, Pierre Brunet), d’une géographe (Joëlle Smadja) et d’un avocat (Ritwick Dutta).
L’objectif de ce projet est d’étudier comment les questions liées à la protection des animaux et de l’environnement sont portées devant les tribunaux dans différents pays ; comment elles sont traitées par les avocats, les activistes et l’État ; comment elles sont concrètement mises en œuvre dans les litiges.
Le projet s’insère dans un contexte où les débats sur la protection des animaux et de l’environnement ont pris une ampleur considérable dans le monde et où un nombre croissant de cas est porté devant les tribunaux. La façon dont ces questions y sont envisagées évolue, et les « intérêts propres » de la nature ou des animaux sont de plus en plus mis en avant.
Légalement, les animaux – et a fortiori les éléments de la nature – sont des biens dont on peut être propriétaire ; tout en bénéficiant de certaines protections, ce ne sont pas des personnes en droit. Récemment, la question a été soulevée de leur donner un statut juridique différent (et non le seul « droit » à être protégé). Certains législateurs ou tribunaux dans différents pays ont ainsi commencé à accorder un statut de personne juridique à des éléments de la nature (arbres, rivières, montagnes, glaciers) et une démarche similaire se développe en faveur des animaux, remettant en cause les frontières avec les humains. Cependant, une telle proposition, qui prend souvent des significations et des implications différentes, n'est pas sans susciter des critiques dans les milieux juridiques.
S’il y a en effet consensus sur la nécessité de mieux protéger l’environnement et les animaux, il n’y en a aucun sur les outils juridiques à employer dans ce but, pas plus qu’il n’existe de vision partagée des relations des humains à la nature. Dans les faits, la plupart des litiges impliquant actuellement la nature ou des animaux sont décidés en appliquant des lois relevant du droit civil ou criminel tel qu’il existe.
Notre approche se fonde sur l’étude des affaires judiciaires, dans leurs multiples dimensions, afin d’analyser comment les relations entre les humains et les animaux ou l’environnement sont modelées — ou non — par l’action juridique, et ce, dans une dimension comparative. En effet, les jugements circulent et sont cités dans d'autres affaires sur différents continents. Cette circulation d'idées et d'arguments juridiques demande à ce que soient mis en lumière les appropriations réciproques et les malentendus possibles.
Cinq grandes questions structurent le projet :
- Protections légale des animaux et de l’environnement
- Attribution d’une personnalité juridique aux animaux et à l’environnement
- Conflits entre humains et animaux
- Rôle des experts dans les dossiers judiciaires
- Circulation des précédents et débat international
Le travail sur le terrain sera principalement mené dans huit pays (Inde, Colombie, Italie, États-Unis, Royaume-Uni, Népal, Sri Lanka, Chine).
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Ruling on Nature. Animals and the Environment before the Court (2020-2024)
PROGRAMME 2024
Jeudi 4 avril 2024
14h-16h
MSH Mondes, 21 allée de l’université (campus de l’université de Paris Ouest. RER université de Nanterre), salle 308F. 3e étage.
Jérôme Michalon (Triangle, CNRS), Fabien Carrié (IEP Fontainebleau, LIPHA), Antoine Doré (AGIR, INRAE)
Qui porte la parole des animaux ? Une sociologie historique de la cause animale
Depuis quelques années, la question animale fait débat : la légitimité des mobilisations pro-animaux, autant que la forme qu’elles empruntent, suscitent une attention publique particulière. Si les sciences humaines et sociales commencent à analyser ces mouvements, le lectorat francophone ne disposait pas encore de synthèse distanciée, faisant le point sur leurs propriétés sociales, politiques et morales. Le livre dont il sera question dans cette présentation entend combler ce manque en présentant l’état des connaissances disponibles sur l’histoire et la structuration contemporaine de la cause animale. Remontant au XIXème siècle, ses évolutions sociologiques et idéologiques sont présentées, dont l’émergence d’une critique systémique des rapports aux animaux dans les années 1970. Cartographié dans l’ouvrage, le paysage actuel porte les traces de cette histoire, avec des associations établies œuvrant à la « protection » des animaux et des collectifs revendiquant plutôt leur « libération ». Leur point commun : porter la parole des animaux et défendre leurs intérêts. Les raisons de cet engagement et la variété de ces formes sont analysées, de même que les liens de ce mouvement avec d’autres mondes sociaux (les politiques publiques, les marchés, le monde académique). Cet ouvrage vise ainsi à fournir des clés de compréhension sociologique sur la manière dont le développement et l’institutionnalisation de la défense des animaux transforment nos sociétés. A ce titre, le place du droit dans l’histoire de la cause ainsi que ses rapports à l’Etat seront particulièrement discutés.
Fabien Carrié est maître de conférences en science politique à l’IEP de Fontainebleau et membre du Laboratoire interdisciplinaire d’étude du politique - Hannah Arendt (LIPHA, EA7373). Il est spécialiste des relations entre idées et mobilisations et a notamment publié avec Laurent Bonelli, La fabrique de la radicalité. Une sociologie des jeunes djihadistes français (Seuil, 2018) et a codirigé avec Christophe Traïni l’ouvrage S’engager pour animaux (PUF, 2019).
Antoine Doré est chargé de recherche INRAE en sociologie et membre du laboratoire AGIR (UMR 1248). Spécialiste de l’étude des sciences et des techniques (STS), il étudie les transformations des rapports aux vivants dans les domaines de l’agriculture et de l’environnement. Il conduit notamment des enquêtes de terrain sur les controverses relatives à l’écologisation et à la moralisation des activités d’élevage d’animaux de rente.
Jérôme Michalon est chargé de recherche au CNRS et membre du laboratoire TRIANGLE (UMR 5206). Sociologue, spécialiste des relations humains-animaux, il cherche à penser l’évolution des rôles attribués aux animaux. Il a notamment publié Panser avec les animaux. Sociologie du soin par le contact animalier (Presses des Mines, 2014). Il travaille actuellement sur le militantisme pro-animaux, le bien-être animal et la profession vétérinaire.
Mercredi 13 mars 2024
10h-12h
CERI, 28 rue des Saints Pères 75007 Paris, Salle S1, 1er étage
Gilles Favarel-Garrigues (CERI, Sciences Po-CNRS), Laurent Gayer (CERI, Sciences Po-CNRS) et Paul Grassin (docteur en science politique, chercheur postdoctorant à la FNRS et à l’université de Mons en Belgique)
Les justiciers de la cause animale. Jalons pour une recherche comparative
Cette séance exploratoire vise à apprécier la pertinence des travaux sur le vigilantisme pour l’analyse de mobilisations violentes dédiées à la défense de l’environnement et de la cause animale. Alors que l’auto-justice est historiquement vouée à la protection de la propriété, de la famille et des intérêts dominants, elle est aujourd’hui associée dans les médias à des groupes ou des individus qui se mobilisent pour défendre les animaux ou la nature sans exclure de recourir à l’action directe. Que sait-on exactement de ces mobilisations ? Alors qu’elles s’inspirent de courants politiques divers, doivent-elles être qualifiées de progressistes ou de réactionnaires ? Nous chercherons dans ce séminaire à identifier les phénomènes sociaux qui depuis les années 1990 relèvent de l’« écotage » ou de la défense radicale des animaux ; à comprendre le lien établi entre désobéissance civile et justification d’actions violente ; à esquisser les contours d’un corpus de sources permettant de développer des recherches sur le sujet ; enfin à saisir comment, depuis les années 1970, la culture populaire s’imprègne du thème de la défense radicale de l’environnement.
Jeudi 1er février 2024
14h-16h
CERI, 28 rue des Saints Pères 75007 Paris, Salle G009
Gustav Kalm (Postdoc Fondation Bruno Latour à Sciences Po, Ecole de droit de Sciences Po)
Combien vaut Simandou ? Le jeu d’échelle des techniques juridiques dans la transformation des projets pour la plus grande mine de fer en Afrique en un actif commercialisable.
Copyright Gustav Kalm
SEMINAIRES 2023
Vendredi 5 mai 2023
10h-12h
CERI, 28 rue des Saints-Pères, 75007 Paris, Salle S1, 2e étage
Depuis 2016, vingt-trois entités naturelles se sont vu reconnaître une personnalité juridique en Colombie. Cette présentation reviendra sur une recherche doctorale qui étudie ce phénomène en s'intéressant à la "fabrique" de cette jurisprudence et aux relations de pouvoir (générées ou préexistantes) qu'elle met en scène. Cette démarche invite à s'attarder sur les enjeux économiques, territoriaux et écologiques soulevés par cette jurisprudence : en prêtant attention aux interactions qui meuvent une multiplicité et une diversité d'acteurs, il s'agit de considérer le droit comme un processus performatif. Quelles modifications de la gestion, du partage et de la qualité des ressources et espaces naturels émergent d'une judiciarisation de la nature ? Quelles représentations de la nature sont charriées, et par quels types acteurs ? Comment interroger la performativité des droits de la nature ? À l'appui d'un matériau ethnographique et juridique, cette présentation envisagera cet objet singulier au prisme d'une écologie politique sensible aux échelles d'analyse et aux rapports de domination qui structurent les luttes entre régimes d'interactions humains/nature.
Crédit photo : Claire Duboscq
Intervenante : Claire Duboscq, Doctorante Rulnat, CERI, Sciences Po
Discutant : Jean Foyer, anthropologue CREDA, Chargé de recherche au CNRS
Jeudi 13 avril 2023
10h30–12h30
Campus Condorcet, EHESS
2 cours des Humanités, Aubervilliers, Bât. EHESS, CESAH, salle A202 (2e étage)
Pia Bailleul, post-doctorante ANR RULNAT, CESAH, Identifier et délimiter la radioactivité en contexte minier au Groenland : les contours juridiques, politiques et sociaux d’un phénomène contesté
Discussant: Anthony Good (Emeritus Professor of Social Anthropology, University of Edinburgh)
Crédit photo : Pia Bailleul
Cette présentation porte sur la façon dont les explorations de métaux rares et les politiques qui les accompagnent interrogent l’identification de la radioactivité au Groenland. Alors que les conflits sociaux suscités par les projets d’uranium de Kuannersuit et de terres rares de Killavaat Alannguat dans le sud du pays soulignent une instabilité dans sa délimitation, les annonces politiques et les textes juridiques développés pour parer aux risques environnementaux ainsi dénoncés questionnent l’établissement d’une définition dominante de ce phénomène.
28 février 2023
14h -17h
CERI, 28 rue des Saints-Pères, 75007 Paris, Salle S1
Rights of nature and naturalist ontology: do we need indigenous people to defend the rights of nature?
While the increasing number of cases of natural entities being granted legal personality that have been taking effect for more than a decade can be seen as a global movement, it is essential to locate the focus within non-European nations and territories.Whether it be constitutional (Ecuador, Panama), jurisprudential (Ganges and Yamuna rivers in India, Atrato in Colombia) or legislative (Bolivia, Whanganui river in New Zealand) recognition, the emergence of pioneering initiatives in terms of rights of nature is part of post-colonial socio-historical contexts, marked by the coexistence of plural naturalist ontologies. These recognitions draw their technical and philosophical tools from local legal epistemologies.As a result of normative hybridisations (Geslin, 2020), these emerging solutions constitute an innovative toolbox, on which many proposals are now based in Europe: the Rhône, Loire, Tavignanu and Têt rivers in France, the Wadden Sea and the Maas River in the Netherlands, the Minor Sea in Spain (not to mention other political initiatives underway in the United Kingdom, Ireland and Italy).Beyond the transposition issues, the emergence of this European wave raises questions about the applicability of the rights of nature in the absence of local legal pluralism. What happens to key figures such as the guardian, the community, the indigenous person, the riparian? From which epistemological repertoires are the solutions drawn? Do we need indigenous people to defend the rights of nature?This session will explore the circulation of legal innovations linked to the rights of nature movement, and will propose a dialogue based on two concrete European experiences: the Loire Parliament and the Popular Legislation Initiative (ILP), which obtained recognition by the Spanish Congress of the Minor Sea as a subject of law in 2022.
Crédit photo : Paule Pastré
Panelists
Paule Pastré (Phd student, anthropology - Institute of Social Anthropology- Bern University)
"I am the Loire, the Loire is me"
When promoting the Loire as a legal person means becoming indigenous
Since autumn 2019, the Loire Parliament (Parlement de Loire) project has been looking into the feasibility of giving the Loire a legal personality and ensuring the defense of the river's interests through cross-species representation. Although this question could have been of a purely technical legal matter, following the lead given a few decades earlier by Christopher Stone, the Loire Parliament adopts a "cultural approach" to the rights of nature. It aims to improve and strengthen the links and attachments to the river, to the point of working towards the emergence of a "Loire river culture", or even a "Loire people"; a preliminary step deemed necessary for the recognition of the river as a legal person. As the Loire Parliament takes inspiration from the cases of the Whanganui in New Zealand as well as the Atrato in Colombia, it questions the circulation of concepts and ideas that cross this growing field of the rights of nature, as well as their reinterpretation in a European context. Starting from the way in which the project seeks to bring about the emergence of a "Loire people", this presentation will attempt to shed light on the links that seem to bring together the rights of nature and indigeneity today.
Paule Pastré is a doctoral student in Anthropology at the University of Bern, and part of the project « Arbitraging Extraction (Arbitrex): Arbitral Reasoning in the Legal Topographies of Global Extraction ». She graduated in Anthropology from the EHESS (Paris) where she studied various cases relating to the movement for the rights of nature, with a particular focus on issues intersecting law, human-non human relations, identity and cultural dynamics, and colonial history. Before that she got a Bachelor’s degree in Art History and a Maitrise’s degree in Law.
Teresa Vicente Gimenez (professor of philosophy of law and director of the chair of human rights and rights of Nature at the University of Murcia)
Ecological justice and the rights of Nature.
About the process of the ILP (popular legislative initiative) that has led to the recognition of the Mar Menor and its basin as the first ecosystem in Europe, subject to rights.
Teresa Vicente Gimenez : Her teaching and research profile as a professor of Philosophy of Law is Theory of Justice and Human Rights. In this area she has specifically researched the new paradigm of Ecological Justice and the rights of Nature, social justice and social rights, children’s rights and legal feminism. In this context, she has participated in international and national congresses, conferences and seminars, and has been invited to international meetings and is the author of numerous publications. Since 2019 she has been the promoter of the Popular Legislative Initiative (ILP) in Murcia that seeks to give legal personality to the Mar Menor lagoon and its basin.
Discussant
Sophie Gosselin. Doctor of philosophy. Teaches in the Master of Environmental Studies at the EHESS (Paris). Her research work addresses the philosophical consequences of the ecological crisis and of the ontological turn in anthropology. Member of the editorial board of the journal online Terrestres.org. She has published many articles in different journals addressing an ecological perspective the modifications in our sensitive relation to the world, the reconfigurations of art practices and of political institutions. In the book published in 2019 entitled Le toucher du monde, techniques du naturer (Dehors editions), co-written with David gé Bartoli, they approach the issue of technique in a non anthropocentric perspective and propose a new philosophy of nature. In the book published in October 2022, entitled La condition terrestre, habiter la Terre en communs (Seuil editions), co-written with David gé Bartoli, they approach the cosmopolitical turn at stake in different current political situations throughout the world and the transformations of political institutions in relation to the ecological crisis.
27 janvier 2023,
10h30 -12h30
Campus Condorcet (Métro: Front Populaire, ligne 12)
2 Cours des Humanités, Aubervilliers,
Salle A202, 2e étage
Encounters along the Jungly Border:
Authority and Negotiated Livelihoods around Panna Tiger Reserve in Central India
Adam Runacres (Department of Anthropology, University College London)
Discussant: Anthony Good, Emeritus Professor of Social Anthropology, University of Edinburgh
For those living along the borders of Panna Tiger Reserve, daily life involves interactions and encounters with conservation officials and officers, sometimes as neighbours, even as friends, but often via conflict relating to the curtailment and prohibition of traditionally forest-dependent livelihoods. This presentation will draw on 17 months of ethnographic research between 2016 and 2018 living on the reserve border to explore the negotiation of livelihoods and the assertion of forest department authority in a context of ever-increasing state attempts to eradicate village life from a landscape set aside for conservation. It will analyse what this means for the future lives of the village people and their animals as well as the conservation people and their animals as a fast-approaching river-linking project seeks to drastically alter the landscape upon which all depend.
June 30 - July 2 2022
Campus Condorcet, 5 cours des Humanités, Aubervilliers (Métro line 12, station: Front Populaire)
Bâtiment de Recherche Sud, room 0.033 (ground floor)
General Schedule
Thursday, June 30
9.30 am: Coffee and welcome
10am-12.30 pm: Monitoring and Punishing
Vanessa Manceron (CNRS, LESC) & Giovanni Gugg (Rulnat, LAPCOS): The Vigilantes of the Dawn. Ethnography of Bird Protection Activism in the Naples area, Italy
Gaëlle Ronsin (ENS, CAK) & Jérôme Michalon (CNRS, Triangle): Exceptional or Routinized Judiciarization? Registers of Expertise and Mobilization about the Judgment of Mistreatments on Seals
Discussant: Véronique Bouillier (CNRS, CEIAS)
12.30pm – 2pm : pause
2pm- 5pm: The Rights of Nature
Mihnea Tanasescu (University of Bruxelles): Understanding the Rights of Nature: A Critical Introducti
Claire Duboscq (Rulnat, CERI): Judicializing Colombia’s Nature: Making a Nation through Law?
Pierre Brunet (University La Sorbonne): Rights of Nature: A Multilevel Tool Box
Discussant: Isacco Turina (University of Bologna
Friday, July 1
10am-12.30pm: Scientific Expertise and the Court
Daniela Berti (CNRS,CEH): Connecting Ters : Scientific Reports and Wildlife Politics in India
Sandrine Revet (CERI, SciencesPo): Equipping One’s Claim. Expertise and Protection of the Rights of Nature and of Local Communities in the Atrato Region of Colombia
Discussant: Carolina Angel Botero (University of Los Andes, Bogota)
12.30pm – 2pm: pause
2pm-5pm: Of Categories and Definitions
Ritwick Dutta (National Green Tribunal, LIFE): India’s Three Pest Campaign: Implications of Categorising Animals as Vermins
Mara Benadusi (University of Catania): Running Amok. Wildness, Domestication and Captivity in Legal Struggles over Proboscideans in Sri Lanka
Anthony Good (University of Edinburgh): Wildcats or Wind Farms? Competing Environmental Priorities in Rural Scotland
Discussant: Joëlle Smadja (CNRS, CEH)
Saturday, July 2
10am-12.30 pm: Activism and the Use of Law
Pia Bailleul (Rulnat, CEH): Radioactive Minerals in Greenland: Geological, Legal and Political Fluctuations of Nuclearity (1950-2022)
Karine Peschard (Geneva Academy of IHLH): Seed Activism: Challenging Biotech Patents in the Courts in Brazil and India
Discussant: Chiara Letizia (University of Montréal)
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Vendredi 10 juin 2022
14h-16h
Campus Condorcet : Place du Front Populaire, Aubervilliers
Bâtiment Centre des colloques, salle 3.11
La judiciarisation des atteintes au vivant sous l'œil de la « criminologie verte »
Grégory Salle, CNRS, Université de Lille, Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques
Depuis une trentaine d'années se développe un courant de recherche anglophone généralement désigné par l'appellation green criminology, sans exclure des conceptions et dénominations rivales. De manière générale, ce courant présente l'intérêt de prendre ses distances tant avec l'anthropocentrisme qu'avec le juridisme. D'une part, contre le rétrécissement criminologique n'envisageant le crime ou la délinquance que sous l'angle des violences interpersonnelles ou des atteintes à la propriété, les travaux menés dans cette perspective déplacent l'attention vers les dommages environnementaux, voire s'évertuent à saisir le vivant dans son ensemble, sans séparer les êtres humains de leur environnement. D'autre part, contre l'entérinement irréfléchi des découpages légaux en vigueur, ces travaux incluent dans l'objet d'étude la production des normes et/ou s'appuient sur un critère de définition extérieur, comme celui de la gravité d'un dégât causé, même s'il n'est pas officiellement qualifié comme une infraction. Ils ont ainsi donné lieu à des études diverses, allant de l'étude statistique de l'activité judiciaire en la matière jusqu'à l'ethnographie de pratiques situées (braconnage, contrebande, déforestation, etc.). Dans quelle mesure ce courant de recherche peut-il nourrir - théoriquement, empiriquement, méthodologiquement - la réflexion relative à la « judiciarisation de la nature » ? Pour en discuter, cette présentation s'attardera sur plusieurs aspects traités au sein du programme « Ruling on Nature » (construction et application des règles légales, attribution d'une personnalité juridique à des entités non humaines, rôle des experts dans les procédures judiciaires, etc.), en s'attardant sur l'influence pratique et symbolique exercée par les organisations et agences internationales.
Vendredi 13 mai 2022
10h-12h
Campus Condorcet, 5, cours des Humanités, Aubervilliers
Bâtiment de Recherche Sud, salle 0.019 (rez-de-chaussée)
Barbara Berardi-Tadi, anthropologue, membre associée du CEH, responsable du pôle pesticides, Association POLLINIS
Droits de la nature et pesticides : « Justice pour le vivant », un recours contre l’État français pour inaction face à l’effondrement de la biodiversité
« Justice pour le vivant » est la première action en justice en carence fautive au monde contre un État, la France, pour son inaction face à l’effondrement de la biodiversité. Porté par cinq associations de la société civile qui représentent les intérêts de différents secteurs de l’environnement, le recours est axé sur le rôle des pesticides dans l’effondrement de la biodiversité et l’incapacité de l’État à préserver les écosystèmes de l’impact toxique de ces substances.
J’essaie en particulier de montrer que cette action en justice s’articule à partir de trois décalages : d’abord, celui entre les obligations et les engagements étatiques et institutionnels en faveur de la biodiversité et le déclin actuel de cette dernière. Ensuite, celui entre la réglementation régissant l’homologation des pesticides et sa mise en œuvre à travers la science réglementaire (l’ensemble de tests et procédures utilisé pour l’évaluation du risque lié aux pesticides). Enfin, le décalage, de plus en plus dénoncé, entre la science réglementaire et la science tout court, car ce recours mobilise massivement les données scientifiques disponibles pour montrer la non-prise en compte, dans le cadre réglementaire, d’effets pourtant bien connus et établis par la recherche scientifique. De ce fait, le recours peut être aussi conçu comme une qualification juridique de l’état de la science en matière de pesticides. Cela soulève aussi, outre des questions proprement juridiques, des questions épistémologiques sur le rôle de la science (quelle « science » ?) dans la prise de décision et l’application des lois, ainsi que dans les actions (légales ou autres) de la société civile sur des sujets complexes comme les pesticides ou la crise climatique.
Pour suivre le séminaire en visio, cliquez ICI
Vendredi 4 février 2022
11h-13h
Christophe Traïni, Sciences Po Aix, MESOPOLHIS (UMR 7064)
La judiciarisation des causes environnementales. Mobilisation des émotions et dispositifs experts
La manière dont le recours au droit s’insère au sein du large répertoire d’action aujourd’hui à la disposition des entrepreneurs de cause constitue une question cruciale pour les spécialistes de l’étude des mobilisations collectives et des engagements militants. Dans cette optique, une perspective pragmatique attentive aussi bien aux carrières militantes et professionnelles des acteurs qu’aux dispositifs matériels qu’ils mettent en œuvre s’avère indispensable. Couplée à une comparaison de cas contrastés, elle permet, en effet, de comprendre dans quelle mesure la forme procès peut constituer le centre de gravité de mobilisations collectives impliquant aussi bien des juristes que des profanes du droit. Plus précisément encore, l’analyse gagne considérablement à expliciter ce que la force mobilisatrice du procès doit à sa capacité à recouvrir, alternativement ou simultanément, deux modes de coordination de l’action collective obéissant à des logiques bien distinctes : d’une part la mise à l’épreuve des émotions, d’autre part la formalisation d’expertises (notamment, mais pas exclusivement, d’ordre juridique). Ce propos s’appuie sur plusieurs étapes d’un parcours de recherche qui, après avoir été centré sur les militants de la cause animale, s’est réorienté sur les protagonistes de contentieux climatiques tels « l’Affaire du Siècle ».
Mardi 25 janvier 2022
15h-17h
Maria Sapignoli, Assistant Professor of Anthropology, University of Milan
Seeking Justice in (and beyond) the Court: Indigenous Peoples and Conservation, the Case of the Central Kalahari
Over the last few decades, more and more indigenous political disputes have ended up in court. Current literature on the experience of indigenous peoples in state courts tends to emphasize the concept and processes of litigation, and focus is on the claims-making process and/or the specific legal contest in which the struggles take place—in courts, international meetings, and mediation processes. This has left relatively little space for understanding what this process of juridification (increased use of the law) has created and what happens to peoples' understanding and activation of their rights. In this presentation I will go beyond this focus on legal process by considering its aftermath in the longer term. What have been the consequences for peoples’ everyday lives of some of the classic judgments that have shaped state and international law on indigenous peoples? In particular, I will look at the case of the San and Bakgalagadi peoples in the Central Kalahari Game Reserve in Botswana and the effects of different conservation and land use polices. I will also explore indigenous peoples’ land rights and activism in the context of “digital conservation,” particularly the use of drones, digital technologies, machine learning, and algorithmic models for environmental conservation, for the “war on poaching,” as well as community-based activism.
Maria Sapignoli interviendra en vidéo-conférence
Merci de prendre contact avec nous pour obtenir le lien
Jeudi 2 décembre 2021
10h-13h
Campus Condorcet (Métro ligne 12 Front populaire, sortie 2)
14 cours des Humanités, Aubervilliers
Bâtiment de recherche Nord
Salle 0.010 (rez-de-chaussée)
Daniela Berti, CNRS, CEH
A tale of two battles: Arguing Legal Personhood to Animals in the USA and India
In this paper, I focus on how the issue of considering animals as legal persons has been argued in court by the Non-Human Rights Project led by Steven Wise in the United States and how this project was recently adopted and reinterpreted by an animal rights organization in India in preparation for their own court battle. I will also show how, in turn, Indian cases raising the question of the legal personhood of animals and rivers have been used by Wise as precedents to argue his case in court. The comparison will thus raise the question of how legal ideas and strategies regarding so-called "rights of nature" travel around the world, giving rise to reciprocal appropriations and possible idealizations.
Carolina Angel-Botero, University of Los Andes, Bogota
The making of a Species in the Judicial Context: the Case of “Chucho” the Bear (Colombia)
In this presentation I draw a parallel between specimen collection techniques in biological sciences, with the ways judges address animals in the courtroom. I focus on the case of the bear “Chucho” handled by the Constitutional Court of Colombia, to reflect on the conditions in which this animal is allowed to “speak”. For this analysis I use the Court's decision, my observations during the public hearing convened in 2019 in which different experts took part, as well as the media coverage that was given to the case. In my discussion, I raise the importance of paying attention to the ways in which subjects are produced, since the way it is done nowadays takes us away from a claim towards a multispecies ethic.
Discussion : Vincent Chapaux, MSH/CDI, U. Libre de Bruxelles
Mardi 9 novembre 2021 ATTENTION SEANCE ANNULEE
10h30-12h30
Campus Condorcet (Métro ligne 12 Front populaire, sortie 2)
2 cours des Humanités, Aubervilliers
Bâtiment EHESS, salle 25 B (rez de chaussée)
Maria Sapignoli, Assistant Professor of Anthropology, University of Milan
Seeking Justice in (and beyond) the Court: Indigenous Peoples and Conservation, the Case of the Central Kalahari
Over the last few decades, more and more indigenous political disputes have ended up in court. Current literature on the experience of indigenous peoples in state courts tends to emphasize the concept and processes of litigation, and focus is on the claims-making process and/or the specific legal contest in which the struggles take place—in courts, international meetings, and mediation processes. This has left relatively little space for understanding what this process of juridification (increased use of the law) has created and what happens to peoples' understanding and activation of their rights. In this presentation I will go beyond this focus on legal process by considering its aftermath in the longer term. What have been the consequences for peoples’ everyday lives of some of the classic judgments that have shaped state and international law on indigenous peoples? In particular, I will look at the case of the San and Bakgalagadi peoples in the Central Kalahari Game Reserve in Botswana and the effects of different conservation and land use policies. I will also explore indigenous peoples’ land rights and activism in the context of “digital conservation,” particularly the use of drones, digital technologies, machine learning, and algorithmic models for environmental conservation, for the “war on poaching,” as well as community-based activism.
Pour suivre le séminaire à distance merci de nous contacter à l’adresse suivante: rulnat.anr@gmail.com